Le premier livre des Sonnets pour Hélène/Amour a tellement
LI
Amour a tellement ses flèches enfermées
En mon ame, et ses coups y sont si bien enclos,
Qu’Helene est tout mon cœur, mon sang et mes propos,
Tant j’ay dedans l’esprit ses beautez imprimées.
Si les François avoient les âmes allumées
D’amour ainsi que moy, nous serions à repos :
Les champs de Montcontour n’eussent pourry nos os,
Ny Dreux, ny Jazeneuf n’eussent veu nos armées.
Venus, va mignarder les moustaches de Mars :
Conjure ton guerrier par tes bénins regars,
Qu’il nous donne la paix, et de tes bras l’enserre.
Pren pitié des François, race de tes Troyens,
A fin que nous facions en paix la mesme guerre
Qu’Anchise te faisoit sur les monts Ideens.