Le parfait secrétaire des grands hommes/Lettre 57

Texte établi par Georges GirardLa cité des livres (p. 87).
NEWTON


I


À Monsieur Pascal.


Ce 12 mars 1661.


J’ay appris, Monsieur, à mon grand déplaisir, que vous estiez toujours souffrant. C’est sans doute là le motif pour lequel puis long temps je n’ay reçu de vos lettres. Me sera-t-il possible d’en recevoir encore ? Ce seroit cependant un grand plaisir pour moi. Si ce n’est la cause de vostre maladie qui vous empesche de m’escrire, serois-ce que vous auriez à vous plaindre de quelque chose à mon vis à vis ? Je ne crois l’avoir mérité en rien. Les services que m’avez rendu sont trop grands pour que j’aye usé d’insivilité envers vous ; ou alors ce seroit par ignorance, mais non par volonté. Je sçay que vous m’avez escrit autrefois que vous aviez abandonné les sciences pour vous livrer à d’autres estudes qui ne sont sans doute plus en rapport avec les miennes. Si c’est là le motif, je le regrette ; mais n’en suis et n’en seray pas moins toute ma vie votre admirateur et votre très humble et très affectionné serviteur.

Isaac Newton.