Gervais Clouzier, 1680 (1 / 2, pp. 157-158).
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LEs Chevaux sont sujets à se casser les os des jambes & des cuisses : & la pluspart croyent que ce mal ne se peut guérir : ils les abandonnent entierement, disant que la mouële de leurs os est liquide, pourtant je puis porter témoignage de l’entiere guérison qui a esté faite à un Mulet & à un Cheval, suivant l’ordre & la methode qu’on observe aux Hommes qui ont les os cassez, le Mulet avoit la cuisse cassée, & chemina au bout de trois mois, & fut en état de rendre service dans quatre, le Cheval avoit l’os du Chap.
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bras cassé, avec une si grande playe que l’os avoir faite, qu’il le falloit débander tous les jours pour panser la playe, d’où il sortit beaucoup d’esquilles, & guerir entierement ; il est vray que le calus qui s’y forma, le rendit difforme, sans pourtant l’empécher de travailler comme auparavant mais il boittoit un peu, j’ay veu le Cheval cent fois. Il est vray que la situation est fort desavantageuse, & donne bien de la peine dans ces rencontres, mais les Chevaux s’appuyent sur trois jambes sans fouler sur la malade, comme firent ceux-cy en paissant l’herbe : je croy avec grande apparence que la cure se feroit mieux, si le Cheval estoit suspendu dans l’écurie. Philippo Scacco Datagliacozzo, dans son Traité Italien di Meschalzia, a fait un Chapitre exprés dans ce Livre, qu’il a intitule Della Rottura dalosso delle gambe, où il enseigne à guerir ces ruptures : le Segnor Carlo Ruini dans son sixiéme Livre, Chapitre ⅩⅤ. enseigne la mesme chose, où l’on peut voir qu’ils croient dans le sentiment, que les os des Chevaux peuvent se rejoindre & remettre : j’en puis rendre un fidelle témoignage comme témoin oculaire ; & je croy de plus qu’on peut croire ces Auteurs celebres d’Italie, plutost qu’un nombre d’ignorans qui débitent effrontément que les os des Chevaux ne se reprennent point : je ne conte pour rien le témoignage que j’en rends, quoy qu’il soit de visu. Celuy qui a fait ces cures, n’estoit ny Mareschal, ny Balieul ; le Mulet & le Cheval en divers temps se casserent l’un la cuisse, l’autre la jambe ; ils furent abandonnez pres de sa maison qui estoit sur un grand chemin, il hazarda de leur mettre des éclisses & un bandage comme il avoir veu mettre aux Hommes, puis les laissa dans un pré, gueris si tu peux ; je vis plusieurs fois le Cheval dans le pré marchant à trois jambes qui finallement guerit, & il le débandoit tous les jours pour panser la playe : il vendit cherement le Mulet apres sa guerison, & comme le Cheval avoit la jambe difforme, & qu’il boittoit un peu,il ne trouva pas à s’en deffaire, mais il luy servit pour aller le pas, pandant plus de six ans, il est venu souvent chez moy monté sur ce Cheval.