Gervais Clouzier, 1680 (1 / 2, pp. 542-546).
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LE titre d’une maladie fait ordinairement concevoir une idée de l’infirmité qui afflige l’animal, mais en celuy-cy l’usage a introduit cette maniere de s’exprimer, qui n’exprime point, & ne fait en aucune maniere concevoir, ce que ce peut estre qu’on appelle étonnement de sabot : puisque le terme est receu & qu’on le nomme de la sorte, je ne m’ingereray point d’en changer le nom, je tâcheray seulement à expliquer le plus nettement qu’il me sera possible, ce qu’on appelle étonnement de sabot, le moyen de le connoistre, ce qui le cause, & les remedes les mieux appropriez pour tâcher à le guerir, & diray de plus qu’on ne le guerit que difficilement, & que tout au moins la cure en est longue.

Premierement il faut sçavoir qu’il y a un os au milieu du sabot qui est à peu pres de la forme du pied, mais beaucoup plus petit, car il est contenu dans iceluy : on l’appelle le petit pied, à cause qu’il ressemble au pied.

On dit qu’un cheval a un étonnement de sabot, lorsque cet os du petit pied se relâche par le bout qui est vis à vis de la pince, & quitte sa place & sa situation naturelle : la chair qui l’entouroit & qui l’unissoit au sabot, se desseche, il reste un creux & un vuide, & comme ce petit pied est relâché par le bout, il s’abaisse, pousse la solle qui le couvroit, & paroist en forme de croissant, comme s’il estoit survenu un autre os sur celuy du petit pied, & qui se produisist au dehors, ce qui n’est pas, mais ce croissant n’est autre chose que l’os du petit-pied qui a quitté sa situation naturelle par le devant, & estant descendu, il excede au dessus de sa place ordinaire & paroist en forme de croissant plus ou moins à proportion, qu’il s’est plus ou moins relâché.

Ce petit pied ne se relâche que difficilement & rarement à l’endroit du talon, parce qu’il est attaché au talon par deux gros nerfs qui le traversent en deux endroits, & qui l’attachent & l’unissent si fortement au pied, que hors de tres-grands accidens, il ne descend jamais que par la pince, & cette pince en demeure vuide, par le dedans il reste un grand espace creux, qui estoit occupé par la chair, qui entouroit le petit-pied, avant qu’il fust relâché, & ne faisoit par maniere de dire qu’un corps du petit-pied & du sabot, parce qu'ils estoient absolument unis, au lieu que Page:Solleysel - Parfait mareschal - 5è éd., 1680 - tome 1.djvu/557 Page:Solleysel - Parfait mareschal - 5è éd., 1680 - tome 1.djvu/558 Page:Solleysel - Parfait mareschal - 5è éd., 1680 - tome 1.djvu/559 Page:Solleysel - Parfait mareschal - 5è éd., 1680 - tome 1.djvu/560

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