Gervais Clouzier, 1680 (1 / 2, pp. 504-505).
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LE Capelet est une tumeur ordinairement sans grande douleur, engendrée d’une matiere flegmatique & froide, qui s’endurcit par sa viscosité.

Cette infirmité naist à la teste du jarret, autrement dite la pointe du jarret, & paroist en cet endroit grosse & détachée de l’os, sans beaucoup de douleur ; elle croist par le travail, mais elle ne devient jamais tres-grosse.

Elle vient ensuite des fatigues, ou lors que le Cheval s’est frotté contre quelque chose de dur, ce qui y appelle la fluxion.

Ce mal est curable dans son commencement, mais il est incurable, lors qu’il est vieil, & lors il est douloureux, & en cet estat-là c’est un grand mal, où il y a peu de remedes hors d’y mettre le feu, & encore le feu ne le resoudra-t’il pas entierement, & pourra revenir si le travail est trop violent.

Pour tenter sa guerifon, il faut étuver le Capelet avec les deux tiers d’eau de vie, & un tiers d’huile de noix, ensuite extrémement frotter avec la main, pour faire penetrer l’eau de vie.

On peut ensuite, ayant razé le poil, appliquer dessus le ceroüenne que nous décrirons cy-apres, ou celuy qui suit.

Ceroüenne resolutif.

Prenez Galbanum une once, Ammoniac trois onces, oppoponax une once & demie, faites infuser le tout dans chopine de vinaigre deux jours entiers, le remuant souvent ; puis faites-le Chap.
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cuire jusqu’à ce que le vinaigre soit à moitié consommé, & le passez chaud à travers un linge, remettez-le sur le feu jusqu’à ce qu’il commence à s’épaissir, pour lors ajoûtez-y poix noire & poix resine de chacune quatre onces, therebentine deux onces, mélez le tout, & en faites emplastre, que vous appliquerez sur le mal, qu’il faut renouveller tous les neuf jours, jusqu’à ce que la tumeur soit consommée : L’onguent resolutif du Chapitre CXLVIII. & l’onguent de noix resoudront les Capelets, s’ils sont continuez long-temps.

Si le mal n’est consommé par ces remedes, prenez vinaigre tres fort une chopine, mettez dissoudre dedans aupres du feu sel nitre, sel amoniac, gomme amoniac de chacun une once, le tout fondu ajourez quatre onces de miel, & ôtez du feu, & en bassinez deux fois tous les jours le Capelet, qui ne guerira pas s’il est vieil, gros & endurcy ; mais ce mal choque plus la veuë qu’il ne nuit au Cheval, quoy que quand le Cheval les a supportez long temps, & qu’ils sont envieillis & endurcis, ils luy fassent perdre le corps par la douleur qu’ils causent, & finalement ils le font boiter : & j’en ay veu d’estropiez, mais ce n’est que dans les Maneges où l’on tient sans discretion les Chevaux plus sujets qu’ils ne sont capables de souffrir.

Tous ces remedes n’ayant rien opéré, il faut avoir recours au feu, & faire une étoile avec les coûteaux de feu sur la grosseur ou capelet, ensorte que toute la grosseur en soit bien entourée, les rayes fort pres à pres, puis avec de l’esprit de vitriol passer avec un pinceau au long des rayes pour en bien imbiber les endroits brûlez : laissez sécher cela, ce qui sera bien tost, & ensuite mettez de la poix de noire chaude sur les endroits brûlez, & de la bourre ou tondure de drap sur le tout ; il faut laisser sécher ou imbiber l’esprit de vitriol dans les rayes, car si l’endroit estoit humide la poix ne pourroit s’attacher dessus, laisser tomber l’escarre, puis frotter avec eau de vie tous les jours jusqu’à ce que cela soit sec, le capelet peu à peu se dissipera, que si on continuë à tenir trop le Cheval sur les hanches apres sa guerison, & plus qu’il n’est capable de souffrir, on l’estropiera pour toûjours.

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