Gervais Clouzier, 1680 (1 / 2, pp. 345-347).
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PRenez trois livres de graines de lin, mettez-les dans une terrine de terre, ensorte que la graine de lin soit épanduë tout autour, & quand le pain sort du four, mettez la terrine dedans & bouchez le four, d’heure en heure remuez cette semence de lin, continuez à la remettre au four à la sortie du pain jusqu’à ce qu’elle soit bien séche & friable, & que l’humidité en soit exhalée : prenez ensuitte deux livres de regalisse rappée, ou plûtost substituez une livre suc de regalisse noir de Lyon : ce qui sera plus commode en ce que la regalisse est fort difficile à piler, & le suc fera assurément plus d’effet parce qu’il est dissoluble, & ne coûte gueres davantage ; demie livre d’anis, des feuilles & fleurs d’hyfope séches demie livre, sauge autant, du fiel de terre, en Latin centaureum minus, fleurs & feüilles quatre onces, chardon-benit quatre onces, feuilles d’aristoloche longue deux onces, veronique & Page:Solleysel - Parfait mareschal - 5è éd., 1680 - tome 1.djvu/360 Chap.
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d’empécher le passage de sang qui doit nourrir & rafraichir le poulmon, qui manquant de secours devient sec & alteré. Par ce raisonnement si on rafraichit simplement le poulmon, on ne va pas à la cause, qui est l’obstruction des vaisseaux, laquelle il faut combatre, & ce ne sera jamais par des remedes rafraichissans : mais par des incisifs & attenuans accompagnez des cordiaux, sans lesquels ils n’auront point d’action ny de vertu, comme l’experience le fera connoistre.

Tout cela estant tres-veritable & connu par experience, pourquoy le foin qui est chaud, nuit-il aux Chevaux poussifs, en sorte qu’ils n’en sçauroient manger sans qu’on s’apperçoive que le flanc s’altère davantage, ou que la toux augmente ? Il faut que le foing par sa chaleur augmente le bouillonnement, & la fermentation des humeurs corrompuës qui accompagnent toujours la pousse : de plus il produit plus de sang que la paille : ce sang n’a pas son passage libre, il se corrompt & augmente la fermentation, & le bouillonnement des humeurs ; outre cela le foin est infiniment plus poudreux : les eaux qui débordent dans les prez, y laissent un limon subtil & acre, presque imperceptible à la veuë, qui desséche le poulmon, & excite la toux : mais de plus le foin est plein de nitre penetrant, lequel est capable d’irriter le poulmon, & le trop dessécher : ce qui n’est pas dans la paille, puis qu’elle est plus séche, elle n’a pas tant de substance, & abonde moins de ce sel nitre, qui se trouve en abondance dans la substance du foing, comme ceux qui en ont fait l’analise, peuvent le témoigner : je vous propose tout ce raisonnement, pour le soûmettre à vostre jugement ; jusqu’à present l’experience ne m’a rien fait connoistre qui le puisse détruire : je demeureray dans ce principe jusqu’à ce qu’on m’aye fait voir le contraire, & concluray que les remedes purement rafraichissans font plus de mal aux Chevaux poussifs, qu’ils ne leur apportent de soulagement, & que ceux qui sont temperez, & mesme plus chauds que froids, sont ceux qu’on doit mettre en usage.