Gervais Clouzier, 1680 (1 / 2, pp. 292-293).
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LEs Chevaux pour avoir eu des maux aux pieds, aux hanches, aux jarrets, aux boulets, au paturon, ou ailleurs dans les jambes, la nourriture ne se distribuë qu’avec peine dans le pied ; ainsi il se desseche, se serre, diminuë de la forme, & avec le temps devient si petit qu’il se rend inutile :

Ce mal est aisé à connoistre, car le pied paroist à l’œil plus petit, quand on frappe dessus, il sonne comme s’il estoit creux, & souvent le Cheval en boitte.

Pour remède, il faut rayer tout le pied, faisant de grandes rayes avec le feu depuis le poil jusqu’au fer de haut en bas, sans aprocher trop pres de la couronne, & aussi tost apres entourer tout le pied, avec la remolade cy apres : Pour faire ces rayes on prend un couteau de feu, comme si on vouloit donner le feu sur une partie du corps, avec ce couteau on fait des rayes au long de la corne, comme si c’estoit avec une renette, & on penetre l’espoisseur d’un êcu blanc.

La raison de cét effet du feu, qui semble devoir alterer davantage le pied au lieu de le soulager, vient de ce que les rayes de feu penetrent & attendrissent la corne, le petit pied qui estoit excessivement resserré par le sabot, ou par un quartier seul, reprend sa place, & par cette corne attendrie il s’élargit dans l’instant, & ne souffre pas tant qu’auparavant ; la remolade, qui est à la fin de ce Chapitre penetre mieux dans la corne, que lors que la renette y a esté appliquée, qui ne fait qu’affoiblir un pied, sans le soulager.

Cataplasme.

Prenez fiente de brebis deux parts, & une part de fiente de poule, mettez les dans un pot avec du vinaigre & du sel : faites cuire le tout jusqu’à ce qu’il soit reduit comme en pâte.

Dans un autre pot faites cuire des mauves avec de l’eau ce qu’il en faut, jusqu’à pourriture, estant bien cuites, mélez de la graine de lin en poudre, & ayant encore un peu cuit, tirez-les du feu, & les pilez dans un motier, avec la huitiéme partie d’ail crud, le tout bien reduit en pâte molle, sera incorporé avec le pot precedent, y adjoutant un peu d’huile de lys. Chap.
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Apres avoir paré le pied, vous appliquerez de cette composition bien chaude dans le pied que vous éclisserez, puis autour du pied vous mettrez la remolade cy-apres seulement tiede, & reïtererez cinq ou six fois de deux jours l’un, faisant rechauffer le vieil cataplasme, & y mélant seulement un peu de nouveau, le tout appliqué bien chaudement ; s’il y a de l’amendement, vous pouvez cesser le cataplasme, sinon il faut continuer davantage.

Souvent il n’y a qu’un côté du pied qui se resserre, & le desséche si fort que toute la nourriture tombe sur l’autre quartier, & c’est toujours prés des talons des pieds de devant, & au quartier de dedans où cela arrive, comme à la partie la plus foible, les Chevaux en boittent tout-bas, parce que le petit pied est trop pressé par ce costé serré.

Donnez sept ou huit rayes de feu sur le quartier qui est serré, depuis la couronne jusqu’au fer, sans toucher le poil, mettez dans le pied le cataplasme cy-devant chaud & l’éclissez, & appliquez sur le quartier une remolade avec demie livre poix de Bourgogne, quatre onces de therebentine commune, deux onces d’huile d’olive, & suffisante quantité de farine fine pour époissir le tout continuez quelques jours cette remolade tiede, le talon ou le quartier s’élargiront, & le Cheval ne boittera plus.

Si tous ces remedes ne font pas assez d’éfet paiticulierement pour le quartier de dedans qui est trop serré, dessolez le Cheval, fendez la fourchette dans le milieu avec un bistory qui penetre jusques dans le paturon, emplissez cette fente avec beaucoup de plumaceaux, frottez avec tarc, miel & therebentine égalles parties mélez & cuits ensemble ; prenant garde qu’il ne faut mettre ces plumaceaux dans la fourchette, que lors que l’apareil est mis sur la sole & les élisses posées, lors il les faut mettre dans la ditte fente par le paturon, & bien emplir la fente pour la tenir large, ce qui fera tout un autre effet que si on l’avoit mis par dedans le pied. Cela élargira le quartier suffisamment, en suitte la solle venant à croistre le fortifiera & le soutiendra si on le ferre comme on doit.