Le nouveau Paris/50
FABRE D’ÉGLANTINE
es monstres se dévorent entre eux ; ils se sont armés les
uns contre les autres du fer dont ils frappaient l’innocence ;
ils se sont fait justice. L’humanité et la liberté
n’avaient pas de larmes à répandre sur leur anéantissement.
Fabre d’Églantine est de ce nombre ; il fut le promoteur de l’infâme régime révolutionnaire, il fut son panégiriste : il fut l’ami, le compagnon, le conseiller de ces proconsuls homicides qui ont porté dans toute la France le fer et le feu, la dévastation et la mort.
Pourquoi affecte-t-on aujourd’hui de donner des regrets à des brigands subalternes qui n’eussent mérité que le mépris, si la tyrannie, en les frappant pour ses vues particulières, n’eût éveillé sur eux une espèce d’intérêt.
Cette Montagne, ou plutôt comme je l’appelai dès les premiers jours où je siégeai dans l’enceinte, ce cratère qui a vomi toutes les laves brûlantes de l’ignorance et du crime, avait deux sommets également odieux à tout ami de la patrie et de la liberté publique.
Pour moi, qui n’ai suivi ni les drapeaux de Marius ni ceux de Sylla, également opposé à ces chefs qui ont constamment travaillé pour leur élévation, et jamais pour la République, c’est comme républicain que j’ai détesté leurs principes démagogiques.
Je n’examinerai point si les mains de Fabre-d’Églantine furent souillées de dilapidations ; je sais qu’il fut un promoteur d’assassinats, et je l’en accuse devant la postérité.
Comme poète, il avait du talent. Le Philinte de Molière est une excellente comédie. Il est à remarquer que Rousin faisait aussi des pièces de théâtre, mais mauvaises ; que Dubuisson fut un poète dramatique très obscur ; que Grammont était comédien ; que Collot-d’Herbois, comédien, était auteur aussi dramatique, qu’il avait même fait une pièce en l’honneur du portrait de Monsieur. Plusieurs comédiens, ce qui est à remarquer, furent les fauteurs déterminés de cette hideuse anarchie qui a inondé notre pays de sang, qui a transformé les Français en instruments de forfaits ou en lâches spectateurs des plus affreuses atrocités.