Paris : Louis-Michaud (p. 124-126).

SOUPERS FRATERNELS



Chacun, sous peine d’être suspect, sous peine de se déclarer l’ennemi de l’égalité, vint manger en famille à côté de l’homme qu’il détestait ou méprisait. Le riche appauvrit


SOUPER FRATERNEL RUE DE TOURNON
Dessin anonyme (Musée Carnavalet).

tant qu’il le put le luxe de sa table : le pauvre se ruina

pour cacher sa misère ; et tandis qu’il avait consumé par orgueil tout le produit de sa semaine, son modeste repas l’avait fait rougir auprès de celui qui croyait s’être bien sans-culottisé. La jalousie d’un côté, les orgies de l’autre, changèrent en bacchanales ces soupers prétendus fraternels ; le mécontentement était général ; et ceux qui les avaient commandés, dénoncèrent comme agents de Pitt et de Cobourg tous les peureux qui leur avaient obéi[1].

  1. Ces soupers eurent lieu jusqu’en messidor an II, puis furent interdits.