Paris : Louis-Michaud (p. 51).

ÇA IRA



Cette chanson qui n’est pas un modèle de poésie, mais qui a donné un exemple frappant du pouvoir de la musique, présida aux travaux du Champ-de-Mars, et excita un transport universel dans tous les spectacles. Le sang ne coulait pas à cette époque ; l’amour pour la révolution était entier, l’énergie était pure, l’idée du meurtre ne s’y mêlait point ; on répétait ça ira d’un concert unanime.

En vain le libertinage voulut profaner cette expression ; on apprécia à sa juste valeur une plaisanterie d’un mauvais goût, pour ne s’attacher qu’au véritable sens : ça ira ! la liberté s’établira ; malgré les tyrans tout réussira.

Le mot ça ira était d’ailleurs respectable par son origine ; nous l’avions emprunté du célèbre Franklin : c’était son expression favorite dans le plus fort de la révolution d’Amérique.