Le grand dictionnaire historique/éd. de 1759/Teyssier (Jean)


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TEYSSIER (Jean) né à Tulles en Limosin, étoit un homme habile dans les belles lettres, & dans la jurisprudence civile & canonique. Il a donné plusieurs ouvrages dans le dernier genre qui sont fort estimés. Il florissoit dans le XVI siécle. Ayant été obligé de faire un voyage pour ses propres affaires, on dit que sa femme se remaria pendant son absence. Teyssier irrité de cet mjuste procédé, & s’en prenant à celui qui avoit suborné cette femme, le cita en justice, & le parlement de Bourdeaux, devant qui l’affaire fut portée, la jugea en faveur de Teyssier. Celui-ci pour en perpétuer la mémoire, institua par testament un jeu littéraire qui s’est continué à Tulles, pendant plusieurs années, mais qui s’est aboli peu-à-peu. Le premier dimanche de mai de chaque année, les enfans de Tulles s’assembloient dans la maison d’un des parens de Teyssier, & ensuite devant le juge ordinaire. Là en presence du juge, du doyen de l’église cathédrale, & de quelques autres, ils récitoient des vers, partie en langue du pays, partie en françois, & ensuite on leur distribuoit des prix. A celui qui avoit le mieux récité, on donnoit un bonet quarré noir, & l’on en donnoit de ronds aux deux autres qui avoient le plus approché du premier. On ajoutoit à ces présens trois aunes d’étoffe de soie verte, que l’on partageoit à chacun ; & dont ceux-ci se revêtissoient passant cette piéce d’étoffe depuis l’épaule droite jusque sur la gauche, & la faisant tomber sur les bras. Dans cet équipage ils alloient par la ville en sautant accompagnés d’instrumens de musique, jusqu’à ce qu’ils fuuent arrivés à la maison du parent d’où ils étoient partis. Dans les commencemens cette fête se continuoit pendant trois jours. On l’appeloit l’Eglantine. Le savant Etienne Baluze dit l’avoir célébrée dans son enfance, & il ajoute que Jean Teyssier, son oncle maternel, convertit en œuvres pies les dépenses auxquelles cette fête engageoit. * Baluze, hist. Tutel. l. 3, p. 255, 256.