Le grand dictionnaire historique/éd. de 1759/Abougehel


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ABOUGEHEL, un des plus grands ennemis de Mahomet & de sa religion. Dans le chapitre de l’Alcoran, intitulé Anaam, Dieu dit, Je ferai revivre celui qui est mort. Les interprétes disent que ce verset fut publié au sujet des deux Arabes idolâtres, dont l’un étoit Abougehel, & l’autre Omar, parcequ’un jour Mahomet les ayant vu ensemble, pria le Seigneur qu’il fît la grâce à l’un des deux d’être musulman. Omar fut celui qui fut éclairé, & Abougehel demeura dans l’infidélité. Joseph fils d’Abdelber, dans son traité intitulé Hegiat-al-megiales, c’est-à-dire, l’entretien des compagnies, rapporte que Mahomet en rêvant se trouva un jour en paradis, & qu’il y vit d’abord une machine fort usitée dans le levant, de laquelle on se sert pour tirer de l’eau d’un puits. Les Latins l’ont appellée Tolleno. Elle est faite en maniere de bascule. Mahomet demanda à qui appartenoit cette machine, & on lui répondit qu’elle appartenoit à Abougehel : Mahomet fut surpris d’entendre ce nom. Qu’est-ce qu’Abougehel a de commun avec le paradis, disoit-il ? il n’y doit jamais entrer. Il arriva cependant quelque temps après ce songe, qu’Acramas, fils d’Abougehel, se fit musulman : Mahomet en eut une très-grande joie, & comprit alors l’explication de ce songe. Car Abougehel avoit été comme la machine de laquelle Dieu s’étoit servi pour tirer son fils du fond du puits de l’incrédulité, pendant que lui-même s’y étoit plongé & enfoncé. Les musulmans, pour témoigner le mépris qu’ils font de ce personnage, appellent la coloquinte, que les Latins nomment cucumis asininus, le melon, ou le concombre d’Abougehel. * D’Herbelot, biblioth. orient.