Le grand dictionnaire historique/éd. de 1759/Abissinie


◄  Abisares
Index alphabétique — A
Abissue  ►
Index par tome


ABISSINIE, pays des ABISSINS, ou HAUTE ETHIOPIE, Abassia ou Abissinia, royaume d’Afrique, que quelques-uns nomment encore l’empire du Négus, ou du Prête-Jean. Plusieurs auteurs ont écrit Abassinie, Abissinie ou Habissinie.

Les Abissins ou Ethiopiens prétendent descendre de Habach, arriere-petit-fils de Noé : car Habasc signifie chez eux l’Ethiopie. D’autres soutiennent que ce sont les Egyptiens qui leur ont donné ce nom ; parceque dans leur langue ce mot signifie pays entouré de déserts. Ludolf, dans son histoire d’Ethiopie, veut qu’il vienne du mot arabe habesch qui signifie mêlange ; parcequé l’Ethiopie est habitée par un mélange de diverses nations. Ces peuples ne se donnent pas à eux-mêmes le nom d’Abissins, mais celui d’Ethiopiens.

On n’est pas encore d’accord sur le titre de l’empereur des Abissins, que quelques-uns nomment Prêtre-Jean, Priester-Johan, par abus, & par corruption du mot, Prête-Jean. Mais le véritable Prêtre-Jean n’est autre que le Dalai-Lama, chef de la religion des Tartares, qui a ses états dans le royaume de Tangut, en Asie. Voyez DALAI-LAMA. Pour le grand Negus ou empereur des Abissins, il a le titre de Beyve-Jan ou Belulgian, qui veut dire Jean estimé. D’autres ajoutent que les Chaldéens le nomment Jean-Ancone, c’est-à-dire, précieux & grand ; & qu’à proprement parler, ce titre lui est donné par rapport à un anneau que donna Salomon à la reine de Saba, & qui est héréditaire dans la famille du Negus. L’Abissinie a été autrefois bien plus grande, plus riche & plus coníidérable, qu’elle ne l’est depuis environ deux siécles. Car les Arabes, les Turcs, & principalement les Galois ou Gales, en ont enlevé depuis les meilleurs royaumes. Les Maures y avoient déja usurpé tout ce qui est le long du golfe arabique. On comprenoit autrefois sous le nom d’Abissinie, tous les pays qui s’étendent depuis le lac Niger jusqu’au détroit de Babelmandel, en largeur du couchant au levant ; & ceux qui sont situés depuis les montagnes de la lune jusqu’aux cataractes du Nil en longueur, du midi au septentrion. L’Abissinie avoit au midi le Monomotapa ; au levant le Zanguebar & la mer Rouge ou de la Mecque ; au septentrion l’Egypte & la Nubie ; & vers le couchant le pays des Negres & le royaume de Congo. Aujourd’hui les choses sont entierement changées. Les Abissins n’ont plus de port, & ils ne sauroient aller à la mer sans passer par les terres qui obéissent aux Turcs. Les états qui leur restent sont, Tigré, Dambea, Begamedri, Goyame, Amhar, Narea, Magaza, Ogara, Saiait, Holacit, Semen, Segueda, Salao, Ozeca, Doba, & quelques autres provinces. Ils avoient autrefois Angole, Doare, Adea, Balli, Alemali, Ogge, Gans, Oxello, Botexamora, Curague, Buzama, Bugamo, Marabet, Mantz, Bizamo, Oifate, Gedem, Gambato, Doxa, Aura, Conch, Gumar, Mota, Damut, Holeia, &c ; mais l’an 37 du XVI siécle, les Gales, peuples voisins des Abissins, étant enrtés dans la province de Ballé, se rendirent maîtres d’une partie de l’Abissinie. Le Turc y a Suaquen & Erquico, sur la mer Rouge.

Le pays d’Abissinie est fertile en quelques endroits, & l’on y trouve grande quantité de grains, & particulierement du millet & des légumes. On dit aussi qu’on y trouve en quelques cantons des vignes qui sont élevées comme des treilles, & qui produisent de bons vins. Cependant la boisson la plus ordinaire des Abissins, dans les pays fertiles, est du cidre fait de pomes sauvages. Quelques relations particulieres disent que dans les provinces fertiles on moissonné trois fois l’année, parcequ’on y seme d’abord après avoir fait la récolte ; c’est principalement dans celles qui ne manquent point d’eau. On y fait une boiíson que les Abissins appellent Tzed ; elle est très-agréable, & c’est proprement de l’hydromel. L’air y est assez tempéré, si ce n’est dans les Vallées où il fait ordinairement chaud. Le pays étant rempli de montagnes, il doit être riche en mines, & surtout en or. On trouve par-ci par-là des grains de ce métal de la grosseur d’un pois, dans le royaume de Damota, & surtout dans celui d’Enaréa. Les Abissins n’ont point d’argent, soit que la nature ne leur en ait point donné, soit qu’ils ne sachent point le tirer de la mine & le séparer. Ils ont de l’aversion pour ce travail, & disent qu’il y auroit de la folie à amasser des richesses, qui porteraient les Turcs avares à leur faire la guerre.

Mœurs et Gouvernement Des Abissins.

Les Abissins en général sont adroits, vigoureux, & ne manquent point d’esprit ; mais ils sont fort paresseux, & l’oisiveté les rend inutiles presque pour toutes choses. Les Portugais les ont un peu animés pour le commerce. Ils sont ou noirs ou basanés, & vivent longtemps. Les guerres qu’ils ont été obligés de soutenir contre leurs voisins, & principalement contre les Gales, les ont rendus moins oisifs, & leur ont inspiré plus d’ardeur pour l’exercice des armes. Leurs forces consistent en cavalerie. Ils ont coutume d’aller au combat armés de morions, de cottes de mailles, de boucliers, & de piques ferrées par les deux bouts. L’infanterie combat avec des fléches & des dards, plusieurs avec des frondes, & d’autres montent des éléphans, d’où ils tirant contre les ennemis. Ils n’ont connu l’artillerie & les armes à feu que par le commerce des Portugais, qui les ont servi utilement dans leurs guerres. Dans l’empire des Abissins on ne voit aucunes forteresses, parceque ces peuples ne mettent point, disent-ils, la force d’un pays dans les pierres & les murailles, mais dans les bras & dans les armes des combattans ; aussi demeurent-ils toujours à la campagne pour être plus aguerris. Il n’y a dans chaque province qu’un logis de pierre, qui sert de douane & d’hôtel de ville, où demeure le gouverneur ; & quand il est ailleurs, ce logis demeure ouvert, & personne n’oseroit y entrer, parcequ’il seroit châtié comme un rebelle. On dit que les Abissins sont naturellement bons, & outre cela religieux jusqu’à la superstition. Ils sont fidéles & soumis à leur prince, & l’aiment avec beaucoup de tendresse & d’attachement. Ils se piquent de cette même fidélité pour les prêtres, ausquels ils portent un très-grand respect, aussi-bien qu’aux églises & aux lieux saints. La langue éthiopienne est fort ancienne & très-belle, c’est la langue savante du pays ; mais la langue vulgaire est différente & partagée en différens dialectes, qui sont ceux d’Amhar, de Tigré, de Dembéa, & de Gonch ou d’Enaréa.

Les Abissins comptent une très-grande suite de leurs empereurs, même avant la reine de Saba, qui vint visiter Salomon ; mais ce qu’ils en rapportent est rempli de trop de fables, pour en fatiguer l’esprit du lecteur. Dans le VI siécle, vers l’an 522, & sous l’empire de Justin, un certain Elesban, roi des Abissins, fit la guerre à un prince Juif qui persécutoit les chrétiens, & il le défit. Les princes de ce pays se disent descendus d’un David très-sage & très-puissant. Vers l’art 1265 ou 1270, Jeum Nuamlach se rétablit sur le trône que la famille de David avoit possédé, & qu’on avoit usurpé sur elle depuis quelque temps. David succéda en 1507 à son pere Nahu, & se fit admirer par ses victoires & par sa sagesse. C’est lui qui envoya défi ambassadeurs au pape Clément VII, & à Emanuel, roi de Portugal. Il prenoit ces titres, selon Marmol : David, aimé de Dieu, colonne de la foi, du sang & de la lignée de Juda, fils de David, fils de Salomon, fils de la colonne de Sion, fils de la semence de Jacob, fils de la main de Marie, fils de Nahu par la chair, empereur de la grande & haute Ethiopie, & de tous les royaumes & états qui en dépendent, &c. L’empereur donne ou ôte, quand il lui plaît, le gouvernement des pays de son obéissance. Mais la charge de viceroi de Tigré est héréditaire : le gouvernement du royaume de Dambea demeure toujours dans la famille des Cantibas, qui descendent des princes à qui ce pays appartenoit anciennement ; & il y a encore quelques autres provinces, dont les gouverneurs possedent cette qualité par droit de succession. L’empereur vend ordinairement les gouvernemens ; & les gouverneurs font ensuite d’étranges exactions sur les peuples, qui n’osent s’en plaindre. Autrefois les deux betaudets ou favoris, avoient presque toute l’autorité entre les mains ; mais l’empereur a établi un raz ou premier ministre en leur place, dont le pouvoir s’étend sur tous les vicerois, sur les xumos ou gouverneurs, & sur les azages & les umbares, c’est-à-dire, les conseillers de l’empereur & les juges souverains. Le généralissime même des armées est au-dessous du raz. L’empereur prend pour ses pages des esclaves de différentes nations, comme Agaus, Gongas, Cafres ou Ballous, qu’il éleve ensuite aux plus grandes charges de l’empire, parceque ces gens servent avec plus de fidélité que les nobles du pays. L’empereur donne des terres aux officiers & aux soldats, dont ils jouissent tant qu’ils sont à son service ; c’est la seule solde qu’ils reçoivent. Tous ses sujets portent les armes, à la réserve des artisans & des laboureurs. Leurs principales armes sont des zagayes ou demi lances. Les gentilshommes portent l’épée, mais ils s’en servent peu ; la poignée est ordinairement d’argent, & le fourreau couvert de quelque riche étoffe : ils tiennent leur épée à la main pendant qu’ils parlent à quelqu’un, ou lorsqu’ils se promenent ; mais un de leurs valets la porte sous le bras, quand ils vont par les rues. Les armées que l’empereur d’Abissinie met en campagne sont ordinairement d’environ 35000 hommes de pied, & de 5000 chevaux, dont il y a bien 1500 de la taille & de la force des genets d’Espagne. On fait état dans ces troupes de 1000 mousquetaires entrenus, mais il ne s’en trouve guères que 500 quand l’armée est en marche. Le terrein qu’occupe leur camp est d’une prodigieuse grandeur : car le nombre des vivandiers & des autres gens qui suivent l’armée, est deux fois plus grand que celui des soldats.

L’empereur & l’impératrice vont à la guerre avec toute leur maison. Tous les grands seigneurs & toutes les dames de la cour les accompagnent. Les tentes sont rangées dans un très-bel ordre ; les quatre ou cinq tentes de l’empereur sont dressées au milieu du camp, avec deux autres qui servent d’églises ; plus loin sont celles de l’impératrice & des dames, des grands officiers, des chefs de l’armée, des officiers & des soldats disposés à l’avant-garde, à l’arriere-garde, & sur les aîles. En paix ou en guerre le camp de l’empereur est comme la ville capitale de l’empire ; car il n’y a point dans l’Abissinie de ville où il fasse son séjour. Accum ou Auxum y étoit anciennement célebre,parceque les empereurs y ont autrefois tenu leur cour : on les y couronne encore aujourd’hui. Auxum n’est plus qu’un village d’environ cent feux, situé à trois leues de Fremone, & environ à quarante-cinq de Maçua, sous la hauteur de quatorze degrés trente minutes ; on y voit des ruines d’anciens édifices, & d’une église qui paroît avoir été magnifique, avec des obélisques ou pyramides, qui servoient d’ornement aux sépulcres des princes. L’empereur change presque tous les ans de demeure ; quelquefois pourtant il s’arrête pendant plusieurs années en un meme lieu ; lorsqu’il change de séjour on transporte aussitôt tout ce qui sert à l’église. Quatre prêtres sont employés à porter l’autel sur lequel on dit la messe. Cet autel a la forme de l’arche de l’ancien testament, que les Abissins prétendent être encore aujourd’hui dans l’église d’Auxum. Quoiqu’il n’y ait point de villes dans la haute Ethiopie, il y a néanmoins un si grand nombre de villages dans certaines provinces, qu’il semble que toute la campagne ne soit qu’une ville, tant ils sont bâtis près l’un de l’autre. Les maisons ou cabanes n’ont qu’un étage, & ces peuples regardent comme une merveille les édifices qui en ont deux. Le P. Paëz, Jésuite, fit bâtir un sacala ou palais de pierre, â la maniere des Européens, sur le bord du lac de Dambea, pour servir d’église ; & ce bâtiment ne fut pas seulement admiré en ce temps-là ; mais encore tous les jours, les Ethiopiens le vont voir des extrémités de l’empire, & l’appellent Babet-Laybet, c’est-à-dire, maison sur maison. L’empereur porte une couronne ou toque, couverte d’ornemens d’or ou d’argent, avec quelques perles ; car on ne connoît point là d’autres pierreries. Il tient une petite croix à la main, qui n’est pas un sceptre, comme quelques-uns ont dit, mais une marque de l’ordre de diacre, qu’il prend toujours, afin qu’il lui soit permis de communier avec les prêtres dans le chœur des églises, & non dans la nef comme font les séculiers. Les grands seigneurs même portent aussi certe sorte de croix pour le même sujet. Autrefois l’empereur ne paroissoit point devant ses sujets, & lorsqu’il mangeoit, il y avoit un rideau tiré devant lui, de sorte que personne ne le voyoit, sinon deux ou trois pages qui le servoient à table. A présent le prince se rend visible, principalement à ses troupes.

Religion Des Abissins.

Ces peuples se vantent d’avoir été instruits en la véritable religion par deux de leurs reines, Macqueda & Candace. La premiere sous le nom de la reine de Saba, leur apprit les mysteres de la loi judaïque, & l’autre ceux de la foi de Jesus-Christ. Jean de Barros, François Alvarez, Ortelius, Vechiet, Malvenda, & quelques autres, ont écrit conformément à la tradition des Abissins, que Macqueda leur reine eut de Salomon un fils, que quelques-uns nomment David, & d’autres Melic ou Menilehec, & que ce prince regna après sa mere. Ils osent dire que c’est de celle-ci dont Salomon a dit dans le cantique des cantiques : Nigra sum, sed formosa, filiæ Jerusalem ; ideò dilexit me rex, &c. & que ce prince la fit accompagner par 12000 Israélites, dont il tira 1000 de chaque tribu. Ils ajoutent qu’étant accouchée de ce fils nommé Menilech, fils du sage, elle l’envoya à Salomon, pour le faire élever dans la religion des Juifs, ce qu’il fit ; & qu’ensuite ce roi l’envoya chargé de présens, sous la conduite de Sadoc, fils d’Azarias, & de divers autres docteurs, qui maintinrent la loi judaïque parmi les Abissins. Ces fables sont soutenues par d’autres aussi ridicules, & c’est avec raison que Pineda blâme Malvenda d’avoir donné dans de semblables contes. En effet, outre que ni Joféphe, ni les autres auteurs anciens ne parlent point de ces avantures extraordinaires, il est certain que les Abissins ont été les peuples du monde les plus superstitieux, & qui ont eu le plus de penchant à l’idolâtrie. Ils adoroient le soleil levant, & ils maudissoient cet astre à son couchant. On dit même que leurs prêtres obligeoient jusqu’à leurs rois de se tuer, en leur faisant croire que Jupiter ne vouloit pas qu’ils vécussent davantage. Diodore de Sicile nous apprend qu’un roi d’Egypte extermina ces misérables prêtres. Quoi qu’il en soit, s’il est vrai qu’ils aient reçu la religion des Juifs, ce n’a pas été pour longtemps. Il est plus probable que l’eunuque de la reine Candace baptisé par le diacre Philippe a été leur apôtre. Divers auteurs le rapportent. Dans la suite des temps ils furent pervertis par des hérétiques, & sur-tout par ceux de la secte d’Eutychès & de Dioscore qui vivoient sous un patriarche Jacobite. On dit qu’ils donnoient la circoncision, même aux femmes ; qu’ils baptisoient les enfans mâles à quarante jours, & les filles à soixante ; que cette cérémonie ne se pouvoit faire que le dimanche ou le samedi, qui étoient les jours ausquels on disoit la messe, & qu’on donnoit l’eucharistie aux petits enfans. Ils ont suivi presque tous la foi orthodoxe, après avoir été instruits par les missionaires qui ont suivi les Portugais dans leurs conquêtes, depuis la fin du XV siécle. On assure qu’ils avoient parmi eux un très-grand nombre de religieux de S. Antoine, avec des églises bien ornées. Vers l’an 1177 les Abissins envoyerent des ambassadeurs au pape Alexandre III. Ils en ont depuis envoyé à Clément V, au concile de Florence, à Clément VII, & à d’autres papes qui ont reçu la soumission qu’ils rendoient à l’église romaine, & leur ont donné des métropolitains. Jean Bermades fut fait parriarche d’Ethiopie, & fut sacré à Rome à la sollicitation des Abissins. Ils feignirent de ne vouloir plus avoir d’autres métropolitains à l’avenir que ceux qui leur seroient envoyés de Rome ; mais aussitôt que leurs affaires furent en meilleur état, ils rejetterent ces patriarches, pour se conformer à leur ancien usage, suivant lequel ils reçoivent leur métropolitain du patriarche d’Alexandrie, résidant au grand Caire, comme il est porté dans le canon arabe faussement attribué au concile de Nicée. Ils comptent cent seize métropolitains reçus des patriarches d’Alexandrie, depuis Frumentius, qui fut envoyé par S. Athanase. Ils suivent la religion des cophtes, ou chrétiens d’Egypte. Ils ont une langue particuliere, qu’ils nomment chaldéenne, bien qu’elle soit fort éloignée du chaldéen : ils s’en servent dans l’office divin, & elle differe de l’ethiopien vulgaire. Alexis Menesès, archevêque de Goa, lequel, en qualité de primat des Indes, prétendit autrefois étendre sa jurisdiction jusqu’en Ethiophie, a accusé les Ethiopiens de judaïser. Cette erreur qui lui est commune avec plusieurs autres savans hommes, est fondée sur ce que ces peuples observent la circoncision ; qu’ils célébrent le samedi aussi-bien que le dimanche, & qu’ils s’abstiennent de manger du sang & des viandes étouffées. Mais ces pratiques ne prouvent pas qu’ils judaïsent ; car la circoncision des Ethiopiens est bien différente de celle des Juifs, qui la regardent comme un précepte, au lieu que les premiers ne la considerent que comme une coutume qui n’appartient point à la religion. Pour ce qui est du samedi, cela n’est point singulier aux Abissins ; toute l’église orientale est dans la même pratique. A l’égard de ce qu’ils ne mangent point de sang ni de viandes étouffées, c’est un reglement du nouveau testament, qui a même été long-temps en usage dans les églises d’occident. D’ailleurs on attribue aux Abissins plusieurs choses qui sont fort éloignées de leur créance. Par exemple, il n’est pas certain qu’ils conviennent avec les Latins, dans la créance que le S. Esprit procéde du Pere & du Fils, & on peut dire qu’en cela ils suivent l’erreur des Grecs.

Auteurs qui parlent de l’Abissinie.

Jean Leon & Marmol, descriptioin d’Afrique. François Alvarez, Baltazar Tellez, Bernard Aldrette, Louis Urretta, Pierre de Mesquitta, Pierre Paëz, Vechiet, Marianus Victor, &c. hist. d’Ethiop. Nicolas Codiho, de rébus Abissin. Damien de Goëz, de moribus Æthiop. Jean-Baptiste Gramaye, Afric. illust. Voyages de Thomas Herbert, de Jean de Barros. Baronius, in annal. Malvenda, de antiq. l. 5. c. 13. Isaac Vossius, de orig. Nili. Ortelius, Sanson, du Val, &c. Geogr. & in tab. géogr. Baudrand, la Martiniere, dict. géogr. Le P. d’Almeïda, Jésuite, hist. de la haute Ethiop. dans le recueil de Thevenot, vol. 4. M. Simon, hist. des religions du Levant. Ludolf. Æthiop. hist. orient, des progrès de l’église catholique en la réduction des chrétiens de saint Thomas. Nicole, perpétuité de la foi.


◄  Abisares
Abissue  ►