Le grand dictionnaire historique/éd. de 1759/Abdias


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Sommaire

ABDIAS, prophéte, dont le nom signifie serviteur du Seigneur : c’est le quatriéme de ceux qu’on appelle petits prophétes, selon l’ordre des exemplaires hébreux & de la vulgate ; le cinquiéme dans les exemplaires des septante. S. Jérôme semble croire, avec les Hébreux, qu’il est ce même Abdias intendant de la maison d’Achab, qui cacha les prophétes que Jezabel vouloit faire mourir. III Reg. c. 18, v. 3. L’auteur du livre intitulé de vitis prophetarum, qu’on attribue à S. Epiphane, assure qu’Abdias est ce capitaine auquel Ochozias commanda de se saisir d’Elie, IV Reg. c. 1, v. 9. D’autres soutiennent que cet Abdias avoit été le mari de cette veuve qu’Elisée délivra de la poursuite de ses créanciers, en multipliant le peu d’huile qui lui restoit. IV Reg. c. 4, v 2. Mais si l’on en juge par les expressions mêmes de ce prophéte, il paroît qu’il prophétisoit après la ruine de Jérusalem par les Chaldéens, c’est-à-dire, vers l’an 588 avant l’ere chrétienne vulgaire. Il s’éleve contre les Iduméens, & leur reproche de s’être trouvé au milieu des ennemis de Jérusalem lorsque les étrangers réduisoient son peuple en captivité, entroient en possession de ses villes, & jettoient le sort sur Jérusalem même. Il leur reproche d’avoir alors porté une main violente sur les enfans de Jacob, & leur annonce les vengeances que le Seigneur exercera sur eux. On doit prendre garde de ne pas confondre ce prophéte, comme quelques-uns ont fait, ni avec Abdias pere de Jesmaïas, dont il est parlé dans le premier livre des Paralipomenes, ch. 27, v. 19, ni avec un autre de ce nom qui étoit lévite & intendant du temple. 2. Paralip. c. 34, v. 12. * S. Jérôme, comment, in Abd. le faux Epiphane, dans le traité de la vie des prophétes. Nouv. Calmet, prœf. sur Abdias.

ABDIAS, de Babylone, auteur fabuleux sous le nom duquel on lit une histoire apocryphe, intitulée, historia certaminis apostolici, ou du combat des apôtres. Cet imposteur se vante dans son ouvrage d’avoir vu Jesus-Christ, d’avoir assisté aux actions & à la mort de plusieurs apôtres, & d’avoir suivi en Perse les apôtres S. Simon & S. Jude, par lesquels il prétend avoir été ordonné premier évêque de Babylone. Il ne paroît point qu’Eusebe, S. Jérôme, ni les autres anciens aient eu connoissance de cette histoire supposée. Elle a été déterrée dans ces derniers siécles par Wolfang Lazius, qui en trouva le manuscrit dans une caverne de la Carinthie, & qui le publia à Basle en 1551, in-folio. Le manuscrit annonçoit que l’ouvrage étoit originairement écrit en hébreu, & avoit été traduit en grec par Eutrope, & en latin par Africanus. Lazius en fit tant de cas, qu’il ne feignit point de mettre son autorité en paralléle avec celle de S. Luc même : mais les plus habiles furent frapés des contradictions grossieres qui se rencontrent dans l’histoire d’Abdias. Cet auteur qui se dit contemporain des apôtres, cite néanmoins un passage du V livre des commentaires d’Hegesippe, qui n’a vécu qu’environ 130 ans après l’ascension du Sauveur, du temps de S. Justin & d’Athenagoras. Dailleurs il allegue dans son V livre un disciple des apôtres appellé Crathon, dont l’histoire fut, dit-il, mise en latin par l’Africain l’historiographe. Ce ne peut être que le célébre Jules Africain : or qui ne sait que c’étoit un auteur grec, qui conduisit sa chronique jusqu’à l’an 221 de J.C. On laisse à part les fables dont le livre d’Abdias est semé, & les fautes qu’y a remarquées Jean Hessels. Les critiques les plus éclairés, tant catholiques que protestans, conviennent unanimement de la supposition de cet ouvrage, qui a été rejettée comme apocryphe par le pape Paul IV.

Il y a eu autrefois dans la bibliothéque de M. de Thou, un manuscrit d’Abdias, qui différoit beaucoup de celui de Lazius. Ce manuscrit ne se trouve point dans la bibliothéque du roi, où il auroit dû être apporté avec les autres qui ont appartenu à M. de Thou. Mais les curieux pourront en voir les variantes dans la bibliothéque des Feuillans de Paris, où on les a écrites sur un exemplaire d’Abdias, imprimé à Paris en 1560, in-8º, par les soins de Jacques Lefévre docteur de Sorbonne. Fabricius fait aussi mention d’un manuscrit d’Abdias, qui a appartenu à Claude d’Espence, & qui n’etoit point celui de Lazius. * Bellarmin, de script. eccl. Possevin, apparat. Hessel. cens. de quibusd. sanctor. hist. Molan. l. de sacris picturis, c. 38. Prœfat. ad Martyrol. edit. Lovan. 1568, & l. 1. de fide hœret. serv. c. 6. 6. Vossius, hist. gr. p. 200. Dupin, bibl. des aut. eccl. Bayle, dict. crit. J.A. Fabricius, cod. apocr. N. T. part. 2, p. 389, 393, 395. Rivet, crit. sacr. l. 1, c. 6.


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