Le grand dictionnaire historique/éd. de 1759/Abbé (Louise l’)


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ABBÉ (Louise l’) surnommée la belle Cordiere, étoit de Lyon, & a laissé son surnom à la rue où elle demeuroit. Elle florissoit dans le XVI siécle. Elle avoit épousé un marchand qui négocioit en cables & en cordes ; pour elle, elle cultivoit la poësie, & fréquentoit les beaux esprits de son temps. Il n’y a point de louanges que les auteurs contemporains ne lui aient données. Elle avoit un cabinet rempli de livres curieux, écrits en italien, en françois & eu espagnol, & elle faisoit des vers en ces trois langues. Elle savoit aussi la langue latine. Jacques Peletier, principal du collége du Mans, qui l’avoit connue, en parle dans son ode à la louange de Lyon, & lui donne de grands éloges. Mais si elle en méritoit pour son esprit, on prétend qu’elle s’étoit rendue méprisable par ses mauvaises mœurs. Elle se livroit, dit-on, sans scrupule à la passion des gens d’esprit, sans autre intérêt que celui de les satisfaire & de se contenter avec eux. Ses écrits furent imprimés à Lyon en 1555, par Jean de Tournes, sous ce titre, Les œuvres de Louise l’Abbé, Lyonnoise, &c. On estime particulierement son dialogue en prose, intitulé, Débat de folie & d’amour, dans une querelle qu’ils prirent ensemble en se disputant le pas à la porte du palais de Jupiter, qui avoit invité tous les dieux à un festin. Louise l’Abbé dédia à sa bonne amie Clémence de Bourges cette fiction poétique, qu’on a depuis tournée en tant de manieres, & que divers poëtes ont voulu s’approprier. A la tête du recueil des œuvres de cette femme, on voit quantité de vers françois, italiens, latins & grecs, que divers poëtes firent à son honneur. * Le P. Colonia Jésuite, hist. litt. de Lyon, tome. II.