Le grand dictionnaire historique/éd. de 1759/Abaris


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Index par tome


ABARIS, fils de Seuthus, étoit Hyperboréen de nation : c’est ce qu’assurent Hérodote, Diodore, Jamblique, Apollonius, & plusieurs autres anciens auteurs. Suidas & Eusebe lui donnent le nom de Scythe, parcequ’ils ont confondu le pays des Hyperboréens avec la Scythie. Rien n’est plus fabuleux que la vie de cet Abaris, que Jamblique dit avoir été prêtre d’Apollon l’Hyperboréen. Outre l’esprit de divination, il avoit reçu de ce Dieu une fléche volante, que le même auteur dit avoir été d’or, sur laquelle il traversoit les airs, comme s’il eut été monté sur un Pegasse : ce qui lui donnoit cette facilité merveilleuse avec laquelle il faisoit les longs voyages qu’on lui attribue. Le plus célébre est celui qu’il fit à Athènes en qualité d’ambassadeur de sa nation, dans un temps où tous les peuples de la terre affligés d’une cruelle peste, & d’une famine universelle, reçurent pour répouse de l’oracle, que ces maux ne cesseroient point jusqu’à ce que les Athéniens eussent offert certains sacrifices dont ils s’étoient chargé pour les autres nations. Il paroît qu’Abaris avoit aussi été à Lacédémone, puisque, selon quelques-uns, il étoit fondateur du temple consacré à Proserpine salutaire. Il parloit très-bon grec, & fut un de ces barbares dont la Gréce admira la sagesse & l’équité ; d’ailleurs habile devin, principalement à prédire les tremblemens de terre & les tempêtes, il parcouroit le monde en rendant des oracles. Il avoit composé quelques ouvrages dont on nous a conservé les noms, savoir, l’arrivée d’Apollon chez les Hyperboréens, en vers ; les nôces du fleuve Hebrus ; un livre de la génération des dieux ; un recueil d’oracles, & un autre d’expiations. Quant au temps où a vécu cet homme, il n’est pas aisé d’accorder les auteurs entr’eux ; les uns le font vivre avant la guerre de Troye, & disent que ce fut lui qui fabriqua le palladium, qu’il vendit aux Troyens. Les autres placent le temps de son ambassade à Athènes vers la V olympiade, c’est-à-dire vers l’an du monde 3275, avant J.C. 760 ; d’autres la mettent 64 ans plus bas, vers la XXI olympiade. D’autres enfin, & c’est la plus commune opinion, croient qu’Abaris fut contemporain de Crœsus & de Phalaris ; d’où il faut conclure qu’il auroit vécu sous la LIV olympiade, c’est-à-dire, vers l’an du monde 3471, & 564 ans avant J.C. Si les lettres qui courent sous le nom de Phalaris étoient véritables, on seroit assuré du temps qu’Abaris a vécu ; car suivant ces lettres ce tyran vivoit sous la LII olympiade, mais on ne peut faire aucun fonds sur ces lettres qui sont supposées. Ce qu’il y a de certain, c’est que selon cette opinion le même Abaris est plus ancien que Pythagore, dont néanmoins Jamblique a écrit qu’il fut disciple. * Apollonius, in ad-mir. hist. sect. 4. Proclus, in Timœum Platon, p. 141. Diodor. Sicul. l. 3, c. 11. Pausan. in Laconic. Scholiast. Aristophan. in equit. Philostrat. in vita Apollonii, l. 3. Hymerius, apud Photium, pag. 1136. Clemens Alex. l. 1. Stromat. Jul. Firmic. Maternus, edit. Scalig. l. 3, c. 11. Valesii notæ in notas Maussaci in Harp. p. 33.


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