Le godmiché royal/Texte entier

(p. 3-16).



AVIS DE L’ÉDITEUR.



Fatigué des patrouilles & des factions que j’avois faites, & me trouvant, à trois heures du matin, ſur la terraſſe des tuilleries, ne voyant & n’entendant perſonne, la frayeur s’empara de moi, & je me cachai auſſi bien que je pus dans ma guérite. Le ſommeil vint me tranquilliſer ; mais ce ne fut pas pour long-temps. J’entendis une voix qui me dit bien diſtinctement : Pourquoi portes-tu un habit que ton courage ne te permet pas d’avoir, au lieu de reſter dans ta boutique à faire vivre ta femme & tes enfans ? prends ce manuſcrit : vas l’imprimer, & le diſtribue dans toutes les villes, & penſe que ſi, ſous vingt-quatre heures, le public n’eſt point inſtruit des faits contenus dans ce cahier, et que tu aies encore l’uniforme ſur le corps, tu ſeras pendu : la peur qui m’avoit endormi me fit tomber le nez contre terre ; j’appellai au ſecours, perſonne ne vint ; comme il pleuvoit à verſe, je me relevai pour me mettre à l’abri. Quelle fut ma ſurpriſe de trouver le manuſcrit, que je m’empreſſe de vous faire paſſer, de crainte d’être pendu ! je vous engage, mes chers citoyens, à quitter vos uniformes, ſi vous n’avez pas plus de courage que moi : ſi vous conteſtez la validité de ce manuſcrit je ne pourrai pas vous en donner les preuves ; vous ſavez comme il m’a été remis, je m’en lave les mains.


Amen.




LE
GODMICHÈ ROYAL.



ENTRETIEN

ENTRE JUNON ET HÉBÉE.




Junon ſeule, ſes juppes retrouſſées, ſe patinant
la motte.

Admirable partie d’un con trop mépriſé,
Soutien officieux d’un poil noir & friſé,
Motte autrefois charmante aux yeux de mon parjure,
Hélas ! ſoyez ſenſible à ma derniere injure :
Le bougre porte ailleurs un encens qui m’eſt dû ;
Son vit eſt mou pour moi & bande pour un cul.
O rage ! ô déſeſpoir ! chere motte ma mie,
Du membre de Jupin vous n’êtes plus chérie,
Oiſivement placée au bas de mon nombril,
Vous n’avez pour eſpoir qu’un inſenſible outil.
(Elle tire un godmiché de ſon ſac à ouvrage.)
Ombre foible d’un vit, mais pourtant ſalutaire,

Heureuſe invention qu’on doit au monaſtere,
À mon con enflammé vous plaiſez à bon droit,
Encore valez-vous mieux que le bout de mon doigt.
(Elle ſe branle.)
Mais quoi ! quand Jupiter encule Ganimede,
Junon ſeroit réduite à ce triſte remede !
Quoi ! quand de mon époux les perfides couillons
Dont je jeûne ſouvent, élancent le bouillon
Dans des endroits ſecrets dont rougit la nature,
Je me contenterois de la ſimple figure !
Non ; on verra plutôt un carme repentant,
Aller, le vit baiſſé, prêcher dans un couvent ;
Il eſt temps qu’à la fin je venge cet outrage,
S’il eſt vrai que tout cul de Jupin ſoit le gage.
Tous les vits déſormais pourront foutre Junon,
Et je veux me ſervir de mon illuſtre con.
Chere Hébée, paroiſſez.




JUNON, HÉBÉE.


Hébée.




A vos ordres soumiſe,
Grande reine, excuſez ſi je viens en chemiſe ;
Mais dans votre antichambre, exerçant mon talent,
Hercule me foutoit, Madame, en attendant.

Junon, bas.

A foutre à tout venant elle paſſe la vie ;
Que ſon ſort eſt heureux ! que je lui porte envie !
Ah ! que n’ai-je à préſent le vit d’un bon fouteur !
Qu’avec lui, dans ces lieux, je foutrois de bon cœur !

Hébée.

Où tendent ces regards, ce funeſte ſilence ?
De ces triſtes ſoupirs que faut-il que je penſe ?
Si j’oſe librement m’expliquer en ces lieux,
Vous déchargez, madame, & vous foutez des mieux ;
Mais pourquoi ces poignards ? quelque foutu jocrisse
Vous auroit-il enfin foutu la chaude-pisse ?
Non, pour un tel affront votre con n’eſt pas fait ;
Voyons ces fers.

Junon.

Prenez.

Hébée.

Quoi !

Junon, riant.

C’eſt un godmichet.

Hébée.

O Dieux ! quel inſtrument ! ma foi je ſuis ravie
De vous voir pelotter en attendant partie.

(Elles chantent un duo ſur l’air : Votre cœur, aimable bergere.)

Dans la nature tout engaîne,
Dans les eaux foutent les poiſſons,
La chevre s’accouple dans la plaine,
Et dans les airs les moucherons :
Foutons, foutons à perdre haleine,
Tous les vits ſont faits pour les cons,


Junon.

Que ne puis-je, en effet, ſavourer à loiſir
Ce que peut un long vit procurer de plaiſir !
De mon con enflammé les nymphes deſſéchées
Sur le bord du vagin ſont triſtement panchées ;
Hélas ! il faudroit bien que le vit d’un fouteur
Vînt, en les arroſant, leur rendre leur vigueur :
Telle on voit une roſe, au milieu d’un parterre,
S’entr’ouvrir, ſe fermer & tomber ſur la terre,
Ou plutôt telle on voit, ſur un ſable mouvant,
Une huître hors de la mer bailler au premier vent.

Hébée.

Quel étrange diſcours ! mon ame en eſt émue ;
Quoi ! vous regnez, madame, & n’êtes point foutue !
Je mépriſe le trône & tous ſes vains honneurs ;
Un vit vaut ſeul un ſceptre : au diable les faveurs,
Et tout ce que le ſort aveuglément nous donne,
Deux couillons valent mieux qu’une illuſtre couronne.

Junon.

Hélas ! ma chere Hébée, tel eſt mon ſentiment !
Mais tu ſais que l’on doit quelque choſe à ſon rang ;
Tu ſais qu’une princeſſe, aux malheurs deſtinée,
Ne peut, comme elle veut, régler ſon hymenée ;
Que j’aime tes conſeils, & qu’ils flattent mon cœur !
Le deſſein en eſt pris, foutons avec ardeur.

Hébée.

Enfin, à mes deſirs vous voilà donc rendue,
Dites un mot, madame, & vous voilà foutue,
Ou bien, en un inſtant formez vingt bataillons
De trente mille vits armés de beaux couillons ;
A votre illuſtre con donnez ample carriere ;
Donnez-moi le ſignal d’abord, j’ai votre affaire :
Priape au vit quarré. Pan au vit de Triton,
Silene au vit perçant & plus vif qu’un poiſſon,
Et mille autres engins faits à la cordeliere,
De foutre imbiberont votre illuſtre derriere :
Madame, quel plaiſir dans votre con heureux,
De reſſentir des coups de vits ſi vigoureux !
Secondez de vos coups cette vigueur active ;
Contentez, s’il ſe peut, votre humeur foutative ;
Mais ſi, par un haſard qu’on ne peut ſoupçonner,
Vous vous laſſiez enfin de vous faire enfiler,
Alors, uſant des droits qu’on accorde aux actrices,
Je m’offre à le branler entre les deux couliſſes.

Junon.

Vas, vole, chere Hébée, raſſemble tes amis,

Range autour de mon con un bataillon de vits ;
A foutre tu verras que mon adreſſe excelle ;
Hébée, choiſis bien, & prouve-moi, ton zele ;
Qu’un extérieur flatteur ne frappe point tes ſens,
Souvent un beau dehors cache un mauvais dedans :
Ne m’amenes donc point de ces foutus viédazes
Que la vue d’un con fait reſter en extâſe,
Et qui pouvant à peine, au fort de leurs deſirs,
Effleurer foiblement le centre des plaiſirs,
S’amuſent, comme on dit, toujours à la moutarde :
Garde-toi d’amener cette race bâtarde,
Ces blonds colifichets, ces marquis charlatans,
Qui prennent à ſe mirer la moitié de leur tems,
Ces atômes brillans, qu’on nomme petits-maîtres ;
S’agit-il d’avancer, ce ſont autant de traîtres :
D’abord leurs vits ont l’air d’être forts & vaillans ;
Mais ſitôt le bougre décharge & fout le camp :
Je ne veux point non plus de ces blêmes poëtes ;
Du langage des cieux enflammés interpretes,
Par trop accoutumés au jeu de cinq contre un,
Lorſqu’ils voient un con, leur poignard importun,
Secondant auſſi-tôt leur verve fantaſtique,
Leur donne, en dépit d’eux, l’onction jéſuitique :
Je ne veux point non plus de ces vits bourſourflés.
Sans deſirs, ſans plaiſirs, ſuperbement gonflés ;
Car ils agitent en vain leur priapique enflure,
Et n’ont dans les couillons ni foutre ni luxure :
Mais, pour le dire enfin, & pour parler raiſon,
Autant vaudroit ſe mettre du poiſon dans le con.

Pour calmer, chere Hébée, les ardeurs de mon con,
Ce n’eſt pas ce qu’il faut pour contenter Junon ;
Mais je veux de ces vits, dont la bonne encolure,
Ne connoît en foutant ni repos ni meſure ;
De ces vits amuſans dont le gland chatouilleux
Puiſſe arroſer d’un coup mes fibres amoureux,
Et de ces vits, enfin, qui, fiers à l’eſcalade,
Me contraignent auſſi-tôt de battre la chamade.

Hébée.

Repoſez-vous ſur moi, je ſais bien comme on fout,
Madame, vous ſerez ſervie à votre goût ;
Je fais ici ſerment, quelque ſoit mon envie,
De ne jamais branler, ni foutre de ma vie,
Si le moindre des vits que je veux vous donner
Ne vous fait décharger vingt fois ſans déconner.

Junon.

C’eſt promettre beaucoup.

Hébée.

Des vits de ces lurons
Le plus court porte au moins quinze pouces de long.

Junon.

C’eſt comme je les veux : Et de circonférence ?

Hébée.

Huit pouces pour le moins, ſi j’en crois l’apparence.


Junon, après avoir un peu rêvé.

Quinze pouces de long ! huit de circonférence !
Ah ! mon con en décharge auſſi-tôt que j’y penſe ;
Qu’ils viennent donc ici, qu’ils inondent mon con !
Hébée, tu leur diras que la tendre Junon,
Puiſqu’il faut la nommer, eſt plus chaude que braiſe ;
Que j’ai le cul léger, je ne me ſens pas d’aiſe !
Mais tous ſont-ils, enfin, de robuſtes fouteurs,
Hébée, puis-je t’en croire ? excuſe mes frayeurs ?
Ah ! ſi leurs vits, peu faits à pouſſer la décharge,
En entrant dans mon con, quoique vaſte & fort large,
En ſortoient auſſi-tôt… Non, non, tu t’y connois,
Et ta flamme amoureuſe ne me trompa jamais ;
Qu’ils viennent, c’en eſt fait, je vais foutre ſans bornes,
Je vais à mon époux planter cornes ſur cornes ;
Le jean-foutre aujourd’hui va ſentir à ſon tour
La vengeance qu’inſpire & la rage & l’amour :
Qu’ils paroiſſent ſoudain, ma motte bien lavée,
Ma chemiſe & mes jupes hautement retrouſſées,
Et le foutre coulant de mon con à plein ſceau,
Sera cru des mortels un déluge nouveau.
(Hébée ſort).

Junon, ſeule.

Inutiles frayeurs ! qu’enfantent l’ignorance,
Que nourrit la foibleſſe & ſoutient l’imprudence !
Trop ſcrupuleux remords ! au ſein des doux plaiſirs.

Ne venez pas troubler l’ardeur de mes deſirs ;
Répandez ſur le ſort votre poiſon funeſte,
Mon con parle, il ſuffit, que m’importe le reſte ?
Ces mouvemens laſcifs en mon con excités,
Voilà mon ſeul oracle, il doit être écouté ;
Foutre de la vertu, ce n’eſt qu’une chimere,
Un con bien amoureux peut foutre avec ſon pere :
« Délicieux enfans, veuillez branler Junon,
» Moteurs voluptueux & du vit & du con,
» Vous qui ſavez ſi bien le chatouilleux uſage
» De faire en un clin-d’œil ſauter un pucelage,
» Plaiſirs, fils de Vénus, quittez votre ſéjour,
» Venez pour mon bonheur préſider à ma cour.

(Une troupe de Plaiſirs de différens ſexes,

nuds, entrent ſur la ſcene, & exécutent

une danſe voluptueuſe.)

A voir ces vits ſautans & ces mottes danſantes,
Dont un naiſſant duvet couvre les fleurs naiſſantes,
Je trouve dans mon con l’agréable fureur
Du plaiſir qui m’échauffe & me fout juſqu’au cœur.




LE

MEÂ CULPÂ. R***.




O toi ! dont l’exiſtence étonne l’univers,
Monſtre qu’en leurs fureurs ont vomi les enfers,
Infâme…… odieuſe……
Toi, dont l’avidité, la vie & la baſſeſſe
Déshonorent l’empire & le trône français
Puiſſe ton affreux nom, déteſté déſormais,
Ne vivre à l’avenir aux faſtes de l’hiſtoire
Que pour y retracer ta coupable mémoire :
Puiſſent nos deſcendans, qui ſauront tes ſecrets.
D’un regard indigné contempler tes forfaits,
S’étonner qu’un beau jour t’ait donné la naiſſance,
Et maudire & pleurer les malheurs de la France !
Puiſſent-ils, dès le jour où triomphent les loix,
D’un peuple en liberté reconnoître la voix,
Voir tomber de ton front un honteux diadême,
Et vivre encore aſſez pour t’effrayer toi-même
De l’horrible portrait que l’hiſtoire, en traits ſûrs.
Aux B…… leur préparent pour les ſiecles futurs !
Et toi, pourceau fangeux, tyran puſillanime,
Qu’une vile tribade a ſu conduire au crime ;
Toi qui, d’un maſque beau te parant quelque fois,
Voulus ſouiller le nom du meilleur de nos rois,

Toi, que de ſots flatteurs, dans leur perfide uſage,
Ont nommé bienfaiſant, après t’avoir dit ſage,
Tu n’as jamais été qu’un tyran déguiſé ;
Frémis : ſi contre Henri le fer s’eſt aiguiſé,
Si la coupable main frappa ſon cœur auguſte,
Bientôt, ſans doute, un bras vengeur autant que juſte
Saura nous délivrer du plus lâche Bourbon,
Et laver dans ton ſang la honte de ton nom ;
D’un mépris éternel ſi ton ame eſt jalouſe,
Vas prendre un digne rang auprès de ton épouſe,
Et, Vitruve nouveau, vas d’un nouveau Néron
A la poſtérité conſerver le vil nom ;
Peins-nous de ces tyrans les traits les plus fideles,
Surpaſſe, ſi tu peux, encore tes modeles ;
Tes crimes hâteront l’inſtant de la vengeance,
La gloire du vengeur & l’honneur de la France ;
Vas, le plus vil des rois, vas remplir tes deſtins.
Le jour où tu naquis pour les triſtes humains,
Fut un jour que le ciel marqua dans ſa colere,
Et le jour plus affreux où l’effrayant tonnerre,
Annonçant ton épouſe au François conſterné,
Accompagnant tes pas à l’autel préparé,
Avoit aſſez montré par un ſanglant préſage,
De deux monſtres unis le ſiniſtre aſſemblage ;
Ah ! que n’avez-vous donc, couple impur & hideux,
Dans cette horrible fête expiré tous les deux !
Tu dormois ſur le trône, ô monarque imbécile,
Quand de la nation le ſuprême ſénat
Motivoit à tes pieds ſa réſiſtance utile,
Et de tes propres mains vouloit ſauver l’état !
Quelle ſécurité, tout près du précipice

Tu n’apperçois donc pas ton peuple s’indigner,
Il n’attend que le ſceau de ta vaſte injuſtice,
Pour t’apprendre à grand cris qu’un autre doit régner ;
Tes projets ſont affreux, oſe les reconnoître :
Une femme impudique a ſu les enfanter ;
Mais du trône des Francs tu dois être le maître,
Et comment Antoinette oſa-t-elle y monter ?
Les cris des citoyens armés pour la patrie,
Seront bien différens des cris de tes ſoldats,
Les provinces crieront : Juſtice, Economie,
Et ſous tes étendarts, ſignes d’aſſaſſinats,
L’on n’entendra plus rien que la bourſe ou la vie :
Réfléchis, ou prends place au rang des ſcélérats.