(p. 5-13).
Entretien entre Junon et Hébé




LE
GODMICHÈ ROYAL.



ENTRETIEN

ENTRE JUNON ET HÉBÉE.




Junon ſeule, ſes juppes retrouſſées, ſe patinant
la motte.

Admirable partie d’un con trop mépriſé,
Soutien officieux d’un poil noir & friſé,
Motte autrefois charmante aux yeux de mon parjure,
Hélas ! ſoyez ſenſible à ma derniere injure :
Le bougre porte ailleurs un encens qui m’eſt dû ;
Son vit eſt mou pour moi & bande pour un cul.
O rage ! ô déſeſpoir ! chere motte ma mie,
Du membre de Jupin vous n’êtes plus chérie,
Oiſivement placée au bas de mon nombril,
Vous n’avez pour eſpoir qu’un inſenſible outil.
(Elle tire un godmiché de ſon ſac à ouvrage.)
Ombre foible d’un vit, mais pourtant ſalutaire,

Heureuſe invention qu’on doit au monaſtere,
À mon con enflammé vous plaiſez à bon droit,
Encore valez-vous mieux que le bout de mon doigt.
(Elle ſe branle.)
Mais quoi ! quand Jupiter encule Ganimede,
Junon ſeroit réduite à ce triſte remede !
Quoi ! quand de mon époux les perfides couillons
Dont je jeûne ſouvent, élancent le bouillon
Dans des endroits ſecrets dont rougit la nature,
Je me contenterois de la ſimple figure !
Non ; on verra plutôt un carme repentant,
Aller, le vit baiſſé, prêcher dans un couvent ;
Il eſt temps qu’à la fin je venge cet outrage,
S’il eſt vrai que tout cul de Jupin ſoit le gage.
Tous les vits déſormais pourront foutre Junon,
Et je veux me ſervir de mon illuſtre con.
Chere Hébée, paroiſſez.




JUNON, HÉBÉE.


Hébée.




A vos ordres soumiſe,
Grande reine, excuſez ſi je viens en chemiſe ;
Mais dans votre antichambre, exerçant mon talent,
Hercule me foutoit, Madame, en attendant.

Junon, bas.

A foutre à tout venant elle paſſe la vie ;
Que ſon ſort eſt heureux ! que je lui porte envie !
Ah ! que n’ai-je à préſent le vit d’un bon fouteur !
Qu’avec lui, dans ces lieux, je foutrois de bon cœur !

Hébée.

Où tendent ces regards, ce funeſte ſilence ?
De ces triſtes ſoupirs que faut-il que je penſe ?
Si j’oſe librement m’expliquer en ces lieux,
Vous déchargez, madame, & vous foutez des mieux ;
Mais pourquoi ces poignards ? quelque foutu jocrisse
Vous auroit-il enfin foutu la chaude-pisse ?
Non, pour un tel affront votre con n’eſt pas fait ;
Voyons ces fers.

Junon.

Prenez.

Hébée.

Quoi !

Junon, riant.

C’eſt un godmichet.

Hébée.

O Dieux ! quel inſtrument ! ma foi je ſuis ravie
De vous voir pelotter en attendant partie.

(Elles chantent un duo ſur l’air : Votre cœur, aimable bergere.)

Dans la nature tout engaîne,
Dans les eaux foutent les poiſſons,
La chevre s’accouple dans la plaine,
Et dans les airs les moucherons :
Foutons, foutons à perdre haleine,
Tous les vits ſont faits pour les cons,


Junon.

Que ne puis-je, en effet, ſavourer à loiſir
Ce que peut un long vit procurer de plaiſir !
De mon con enflammé les nymphes deſſéchées
Sur le bord du vagin ſont triſtement panchées ;
Hélas ! il faudroit bien que le vit d’un fouteur
Vînt, en les arroſant, leur rendre leur vigueur :
Telle on voit une roſe, au milieu d’un parterre,
S’entr’ouvrir, ſe fermer & tomber ſur la terre,
Ou plutôt telle on voit, ſur un ſable mouvant,
Une huître hors de la mer bailler au premier vent.

Hébée.

Quel étrange diſcours ! mon ame en eſt émue ;
Quoi ! vous regnez, madame, & n’êtes point foutue !
Je mépriſe le trône & tous ſes vains honneurs ;
Un vit vaut ſeul un ſceptre : au diable les faveurs,
Et tout ce que le ſort aveuglément nous donne,
Deux couillons valent mieux qu’une illuſtre couronne.

Junon.

Hélas ! ma chere Hébée, tel eſt mon ſentiment !
Mais tu ſais que l’on doit quelque choſe à ſon rang ;
Tu ſais qu’une princeſſe, aux malheurs deſtinée,
Ne peut, comme elle veut, régler ſon hymenée ;
Que j’aime tes conſeils, & qu’ils flattent mon cœur !
Le deſſein en eſt pris, foutons avec ardeur.

Hébée.

Enfin, à mes deſirs vous voilà donc rendue,
Dites un mot, madame, & vous voilà foutue,
Ou bien, en un inſtant formez vingt bataillons
De trente mille vits armés de beaux couillons ;
A votre illuſtre con donnez ample carriere ;
Donnez-moi le ſignal d’abord, j’ai votre affaire :
Priape au vit quarré. Pan au vit de Triton,
Silene au vit perçant & plus vif qu’un poiſſon,
Et mille autres engins faits à la cordeliere,
De foutre imbiberont votre illuſtre derriere :
Madame, quel plaiſir dans votre con heureux,
De reſſentir des coups de vits ſi vigoureux !
Secondez de vos coups cette vigueur active ;
Contentez, s’il ſe peut, votre humeur foutative ;
Mais ſi, par un haſard qu’on ne peut ſoupçonner,
Vous vous laſſiez enfin de vous faire enfiler,
Alors, uſant des droits qu’on accorde aux actrices,
Je m’offre à le branler entre les deux couliſſes.

Junon.

Vas, vole, chere Hébée, raſſemble tes amis,

Range autour de mon con un bataillon de vits ;
A foutre tu verras que mon adreſſe excelle ;
Hébée, choiſis bien, & prouve-moi, ton zele ;
Qu’un extérieur flatteur ne frappe point tes ſens,
Souvent un beau dehors cache un mauvais dedans :
Ne m’amenes donc point de ces foutus viédazes
Que la vue d’un con fait reſter en extâſe,
Et qui pouvant à peine, au fort de leurs deſirs,
Effleurer foiblement le centre des plaiſirs,
S’amuſent, comme on dit, toujours à la moutarde :
Garde-toi d’amener cette race bâtarde,
Ces blonds colifichets, ces marquis charlatans,
Qui prennent à ſe mirer la moitié de leur tems,
Ces atômes brillans, qu’on nomme petits-maîtres ;
S’agit-il d’avancer, ce ſont autant de traîtres :
D’abord leurs vits ont l’air d’être forts & vaillans ;
Mais ſitôt le bougre décharge & fout le camp :
Je ne veux point non plus de ces blêmes poëtes ;
Du langage des cieux enflammés interpretes,
Par trop accoutumés au jeu de cinq contre un,
Lorſqu’ils voient un con, leur poignard importun,
Secondant auſſi-tôt leur verve fantaſtique,
Leur donne, en dépit d’eux, l’onction jéſuitique :
Je ne veux point non plus de ces vits bourſourflés.
Sans deſirs, ſans plaiſirs, ſuperbement gonflés ;
Car ils agitent en vain leur priapique enflure,
Et n’ont dans les couillons ni foutre ni luxure :
Mais, pour le dire enfin, & pour parler raiſon,
Autant vaudroit ſe mettre du poiſon dans le con.

Pour calmer, chere Hébée, les ardeurs de mon con,
Ce n’eſt pas ce qu’il faut pour contenter Junon ;
Mais je veux de ces vits, dont la bonne encolure,
Ne connoît en foutant ni repos ni meſure ;
De ces vits amuſans dont le gland chatouilleux
Puiſſe arroſer d’un coup mes fibres amoureux,
Et de ces vits, enfin, qui, fiers à l’eſcalade,
Me contraignent auſſi-tôt de battre la chamade.

Hébée.

Repoſez-vous ſur moi, je ſais bien comme on fout,
Madame, vous ſerez ſervie à votre goût ;
Je fais ici ſerment, quelque ſoit mon envie,
De ne jamais branler, ni foutre de ma vie,
Si le moindre des vits que je veux vous donner
Ne vous fait décharger vingt fois ſans déconner.

Junon.

C’eſt promettre beaucoup.

Hébée.

Des vits de ces lurons
Le plus court porte au moins quinze pouces de long.

Junon.

C’eſt comme je les veux : Et de circonférence ?

Hébée.

Huit pouces pour le moins, ſi j’en crois l’apparence.


Junon, après avoir un peu rêvé.

Quinze pouces de long ! huit de circonférence !
Ah ! mon con en décharge auſſi-tôt que j’y penſe ;
Qu’ils viennent donc ici, qu’ils inondent mon con !
Hébée, tu leur diras que la tendre Junon,
Puiſqu’il faut la nommer, eſt plus chaude que braiſe ;
Que j’ai le cul léger, je ne me ſens pas d’aiſe !
Mais tous ſont-ils, enfin, de robuſtes fouteurs,
Hébée, puis-je t’en croire ? excuſe mes frayeurs ?
Ah ! ſi leurs vits, peu faits à pouſſer la décharge,
En entrant dans mon con, quoique vaſte & fort large,
En ſortoient auſſi-tôt… Non, non, tu t’y connois,
Et ta flamme amoureuſe ne me trompa jamais ;
Qu’ils viennent, c’en eſt fait, je vais foutre ſans bornes,
Je vais à mon époux planter cornes ſur cornes ;
Le jean-foutre aujourd’hui va ſentir à ſon tour
La vengeance qu’inſpire & la rage & l’amour :
Qu’ils paroiſſent ſoudain, ma motte bien lavée,
Ma chemiſe & mes jupes hautement retrouſſées,
Et le foutre coulant de mon con à plein ſceau,
Sera cru des mortels un déluge nouveau.
(Hébée ſort).

Junon, ſeule.

Inutiles frayeurs ! qu’enfantent l’ignorance,
Que nourrit la foibleſſe & ſoutient l’imprudence !
Trop ſcrupuleux remords ! au ſein des doux plaiſirs.

Ne venez pas troubler l’ardeur de mes deſirs ;
Répandez ſur le ſort votre poiſon funeſte,
Mon con parle, il ſuffit, que m’importe le reſte ?
Ces mouvemens laſcifs en mon con excités,
Voilà mon ſeul oracle, il doit être écouté ;
Foutre de la vertu, ce n’eſt qu’une chimere,
Un con bien amoureux peut foutre avec ſon pere :
« Délicieux enfans, veuillez branler Junon,
» Moteurs voluptueux & du vit & du con,
» Vous qui ſavez ſi bien le chatouilleux uſage
» De faire en un clin-d’œil ſauter un pucelage,
» Plaiſirs, fils de Vénus, quittez votre ſéjour,
» Venez pour mon bonheur préſider à ma cour.

(Une troupe de Plaiſirs de différens ſexes,

nuds, entrent ſur la ſcene, & exécutent

une danſe voluptueuſe.)

A voir ces vits ſautans & ces mottes danſantes,
Dont un naiſſant duvet couvre les fleurs naiſſantes,
Je trouve dans mon con l’agréable fureur
Du plaiſir qui m’échauffe & me fout juſqu’au cœur.