Le diable est aux vaches/Où Satan se barraude… en vain

XXVI

Où Satan se barraude… en vain


Pour toute réponse à cette flèche du Parthe, évidemment dirigée contre lui aussi, le Sauvage ouvrit le paquet et encloua gravement le mince coton jaune aux cadres des deux grands trous restés ouverts entre les châssis vitrés. Puis, non moins solennellement, il ajouta : « On verra si le curé en sait aussi long que nous autres. »

L’air froid du dehors, plus lourd que l’atmosphère intérieure, exerça aussitôt sur les blancs et gracieux cotons une pression telle que ces derniers se gonflèrent un peu à la manière des voiles de bateaux, ce qui rappela au père Tremblay d’agréables souvenirs et lui fit remarquer : « C’est joyeux icitte-dans !… »

— Ça sent meilleur qu’à matin toujours, ajouta Antoine.

— Oui, mais c’est pas encore assez claire, rétorqua le Sauvage. Il faudrait blanchir les murs à la chaux, mettre tout blanc, pour être sûr que le Méchant ne revienne pas une fois sorti. Mais le soleil l’épeure déjà pas mal ; l’air frais qui arrive par les cotons va le repousser par toute l’étable, où il va se barauder comme un chien fou pour essayer à sortir tout de suite par un côté pour rentrer par l’autre. Mais il sera bien attrapé ; il ne pourra pas sortir ; les cotons et les vitres vont l’empêcher. Une fois découragé il s’en ira tout seul par le tuyau, jusqu’au-dessus de la grange et on en sera débarrassé pour toujours…