Le chroniqueur Proché, documents inédits/2

II

Contrat de mariage de J.-N. Proché.



Aujourdhuy neufvième du mois d’octobre mille sept cent quatre vingt un, après midy, dans la ville de Gontaud en Agenois, et maison des heritiers de feu sr Estienne Delmas devant moy notaire royal gradué sous signé, presens sieurs Noel Joseph Proché, maître es arts, habitant de la ville d’Agen rue St-Antoine parroisse St-Hilaire, fils legitime de sieur Jean François Proché et de feue demoiselle Anne Maydieu, procedant comme majeur et maître de ses droits, du consentement de son dit père, habitant de la dite ville d’Agen d’ici absent, mais sieur Clement Germain Proché son fils habitant de cette ville ici present et consentant pour son dit pere en vertu de sa procuration en datte du cinq du present mois receue par Bonnet notaire royal de la ville d’Agen duement controllée audit Agen le six du present mois qui sera annexée à ces presentes après avoir été contresignée par ledit sr procureur constitué pour ne varier[1], et de l’avis de demoiselle Marie Lamothe, sa belle-sœur et autres ses parents et amis d’une part, et demoiselle Françoise Campmas, habitante de cette ville, fille legitime de feu sieur Guilhaume Campmas et de demoiselle Jeanne Desmars, procedante de son propre mouvement comme majeure et après avoir fait trois sommations respectueuses à ladite demoiselle Jeanne Desmars sa mère par le ministère de Batudet huissier royal en datte des vingt-cinq et vingt-neuf septembre dernier et le troisième du present mois duement controllées au Bureau de Tonneins aux fins qu’elle eut à donner son consentement au present mariage et auxquelles ladite demoiselle Desmars mère n’a point deferé, lesquels dits trois actes ladite demoiselle future épouse m’a tout presentement remis pour être annexés aux presentes et expédiées avec icelles[2]. Et procedant encore de l’avis de demoiselle Marguerite Delmas, sa cousine, et autres ses parents et amis, d’autre part, Lesquels ont promis se prendre pour femme et mari et pour entre eux solemniser le Saint-Sacrement de mariage en face de notre mère Sainte Eglise Catholique Apostolique et Romaine à la première requisition qui en sera faite par l’une des parties à l’autre à peine de tous depens, domages et interets. En faveur et contemplation du present mariage et pour aider à en supporter les charges lesdits futurs époux se sont constitués tous et un chacuns leurs biens et droits, sçavoir de ladite demoiselle future épouse la somme de trois mille quatre cens livres à compte de laquelle le dit sr Proché a déclaré de bonne foy en avoir reçu un moment avant ces presentes de ladite demoiselle future epouse celle de deux cens livres dont l’en tient quitte. Et pour le restant de ladite somme de trois mille quatre cens livres ladite demoiselle future epouse se réserve la faculté de se faire payer par sr Jean-Pierre Campmas, son frère, pareille somme de deux cens livres aux fettes (sic) de Paques prochaines et ce conformement à l’accord entre eux passé le vingt sept du mois de septembre dernier reçu par moy, laquelle dite somme de quatre cens livres demeure reconnue sur le mobilier dudit sr futur époux comme il le reconnaît par ces présentes. Et quant aux trois mille livres restantes ledit sr futur époux demeure chargé de s’en faire payer par ledit sr Jean-Pierre Campmas dans trois ans prochains avec l’interet qui pourra courir et de les placer en fonds de terre ou maison, lequel achat demeurera dotal à ladite demoiselle future epouse si elle le juge à propos et ce conformément au susdit accord. Et en même faveur et contemplation que dessus ledit sr Proché s’est constitué en immeubles ou mobilier la somme de quatre cens livres qui est tout ce qu’il a déclaré avoir[3] et moyennant ce tous les droits desdits futurs époux le tout ensemble se sont élevés à la somme de trois mille huit cens livres. Se sont lesdits sr et demoiselle futurs époux associés par moitié en tous les acquets qu’ils feront pendant leur mariage lesquels appartiendront aux enfans qui en proviendront, se reservant d’en avantager un ou plusieurs comme ils jugeront à propos. Et à défaut d’enfans chacun disposera de sa moitié et se sont reservés la faculté de se donner l’un à l’autre l’usufruit et jouissance desdits acquets qu’il y ait enfans ou non. Ainsi les dites parties ont conclu et arreté les accords de leur present mariage et ont promis les executer et entretenir aux peines de droit.

Fait et passé en presence du sr Antoine Pejouan et de sr Pierre Caussé fils, bourgeois, habitans de cette ville qui ont signé avec lesdits sr et demoiselle futurs époux et leurs parents ci dénommés et moy.

Proché futur époux, Françoise Campmas future épouse, Proché procureur fondé, Caussé, Pejouan, Marthe Armand, Marguerite Desmars, Marguerite Delmas, Lamothe de Proché, Vacqué de Vidal, Therese Pejouan, Vidal notaire royal[4].

    deux petites pièces sont du 14 février 1780. Proché trouva sans doute insuffisante l’augmentation de ses gages, car il était installé à Agen l’année suivante, comme le constate en ces termes M. l’abbé Durengues (Pouillé historique du diocèse d’Agen, article Gontaud, 1894, p. 612, note 1) : « Pendant quelques années, notre annaliste Noël Proché exerça à Gontaud, avec l’approbation de l’Évêque, les fonctions de régent latiniste. Il enseignait le latin, le français et l’arithmétique, avait des élèves internes et externes qu’il conduisait à la messe tous les jours de classe. La communauté lui donnait 200 livres de gage fixe y compris le loyer de l’école. En outre les commençants lui donnaient 8 sols par mois, ceux qui écrivaient, 15 sols, les arithméticiens, 20 sols et les latinistes, 30. En 1781, Proché quitta Gontaud pour aller s’établir à Agen. »

  1. « Par devant le Notaire Royal de la ville d’Agen soussigné et en présence des témoins bas nommés fut présent Me Jean François Proché huissier audiencier en la Cour de l’Election d’Agennais, habitant de ladite ville d’Agen, lequel a volontairement fait et constitué pour son procureur general et special sr Germain Clément Proché, inspecteur au recouvrement, habitant de la ville de Gontaud, auquel ledit sieur constituant donne pouvoir de pour lui et en son nom assister et consentir au contrat de mariage qui doit se passer entre sr Noel Joseph Proché, son fils, maître et arts, avec demoiselle Françoise Campmas, etc. Fait et passé au lieu du Souna paroisse de Cardonnet juridiction de Madaillan le cinq octobre 1781, en présence de Me Pierre Brunel, greffier du siège ordinaire dudit Madaillan, habitant dudit lieu du Souna, et Me Jean Coutarel, procureur au siège ordinaire dudit Madaillan, habitant du lieu et paroisse de Lusignan-Petit, juridiction de Lusignan, témoins qui ont signé avec ledit sieur constituant et nous. — Proché. Brunel. Coutarel. Bonnet, notaire Royal. »
  2. « L’an mil sept cens quatre vingt un et le vingt-cinq du mois de septembre à la requête de demoiselle Delmas, sa tante maternelle, soit signifié et déclaré à ladite demoiselle Desmars avec toute la reverence et le respect qu’une fille doit à sa mère que la ditte demoiselle requerente desireroit s’unir en mariage avec sieur Noel Joseph Proché, fils second de sr Jean François Proché, habitant de la ville d’Agen, et le solemniser en face et suivant le rite de l’église Catholique, Apostolique et Romaine. C’est pourquoy elle prie et par tant que de besoin seroit, elle somme respectueusement ladite demoiselle Desmars, sa mère, de vouloir bien donner son consentement audit mariage et permettre qu’il s’accomplisse suivant les formalités de l’Église avec protestation en cas de refus de tout ce dont elle est en droit de protester de fait et de droit, dont acte. Françoise Campmas. »
  3. L’extrême pauvreté de Proché explique, si elle ne la justifie pas, l’opiniâtre résistance de la veuve Campmas à laquelle le régent pouvait appliquer le mot d’un autre futur gendre : Quoi ? Déjà belle-mère ! Nous verrons un peu plus loin s’améliorer la situation de Proché devenu propriétaire aux environs d’Agen et même s’arrondissant.
  4. Dans ma collection de vieux papiers.