Le Zend-Avesta (trad. Darmesteter)/Volume I/YASNA/Hâ55.

Traduction par James Darmesteter.
Texte établi par Musée Guimet, Ernest Leroux (I. La Liturgie (Yasna et Vispéred) (Annales du Musée Guimet, tome 21)p. 352-354).




HÂ 55 (SP. 54)



Éloge des Gâthas et des Staota yêsnya.

Les Staota yêsnya semblent désigner d’une façon générale la partie du Yasna comprise entre le Hâ XIV et le Hâ LIX 1[1] et d’une façon plus particulière les Gâthas et le Yasna Haptanhâiti, c’est-à-dire la littérature gâthique 2[2].

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Le Zôt.
1. Tout bien et toute personne [qui est à nous], ossements et vie, corps et force, sens, âme et Fravashi : nous donnons tout, nous consacrons tout, — oui, nous le consacrons aux bienfaisantes Gâthas, souveraines sur les Maîtres 1[3] et saintes ;
2 (3). Les Gâthas qui nous entretiennent, qui nous protègent, qui sont notre aliment divin ; qui sont pour notre âme et un aliment et un vêtement 2[4].

Oui, les Gâthas nous entreliennenl et nous protègent, elles sont notre aliment divin  ; elles sont pour notre âme et un aliment et un vêtement.

(Ju’elles nous apportent le beau salaire, le grand salaire, le salaire sacré dans l’autre monde, après que le souffle a quitté le corps  !

3 (9). Qu’elles viennent à nous avec la force, qu’elles viennent avec la victoire ; avec la santé et avec la guérison  ; avec la prospérité et avec l’accroissement ; avec la paix de conscience ^ et le sang-froid^ ; avec la vertu et la béatitude ®  ; avec la libéralité et la générosité

Viennent les Staota yêsnya’, comme les a créés® Ahura Mazda, le très bienfaisant, le victorieux, qui fait prospérer le monde, pour protéger le monde du Bien, pour entretenir le monde du Bien, les bienfaits et les bienfaiteurs et toute la création du Bien.

4 (18). Et dans cette adoration des Maîtres*®, tout saint homme qui s’y rend de lui-même puisses-tu le transporter dans le [Paradis] des Bonnes Pensées, dans celui des Bonnes Paroles, dans celui des Bonnes Actions *^

robes pour les justes dans le ciel »  : cf. Bundahish, XXX, 28, où les Gehàn célestes, probablement les Gàliân ou Gâthas, s’occupent de vêtir les âmes.

3. bavanha, la tranquillité d’âme devant le Pont Cinvat ; v. Yasna XI, note 32 et LUI, note 3.

4. aiwyàvaiiba  ; ahûigih, arnat ravân durust bara yâmatûnlm  : « ahûîgîh, quand nous arrivons Pâme saine »  : ahmgXh semble donc la présence d’esprit, le sang-froid. Le mot est, comme le précédent, un composé d’ahu ; le premier élément alwyàv reste obscur.

5. asbavasta, c’est-à-dire la qualité d’ai/td, de saint qui est sauvé  ; voir p. 22.

6. vidusbê (J-, K’ ; Geldner vîdisbê), harâ dakishnîh  : même traduction que vidusbemnài, Ll, 1 â ; tous deux devî-dù= : vî-dâ « distribuer, donner ».

7. staota yèsnya, stôt ijast, atgh pun danà 5 zak 7 « les slôt yast, c’est-à-dire avec ces cinq-ci, ces sept-là » ; ces cinq-ci sont les Gâthas qui viennent d’être nommées ; ces sept-là ne peuvent être que les sept Hâs du Yasna Haptanhâiti. Plus bas, § 7, le mot est interprété comme désignant les Gâthas.

8. Dans l’esprit où les a créés Ahura, c’est-à-dire « pour protéger la monde du Bien, etc. ».

9. suyamiianàinca saosbyantàiuca « les bienfaits rendus et les bienfaisants ».

10. aya ratufrita, c’est-à-dire dans ce sacrifice [amat îzislin obdûnam), la ralufriti, l’invocation et la glorification des Ratus, étant l’objet même du sacrifice.

11. bvâvayanbem, d nafstid ; mot obscur, formé comme ahvyàvanbein  : bvàvay-aâbetu (bvàvay ( ?) — bva).

12. Les trois Paradis par lesquelles l’âme passe pour arriver au Garôtmân ou Paradis suprême (Yasht XXII, 15).

5 (19). Nous sacrifions à Asha et à Vohu Manô. Nous sacrifions aux bienfaisantes Gâthas, souveraines sur les Maîtres et saintes.

Nous sacrifions aux Staota yêsnya, créés au début du monde 13[5] ; que nous étudions et pratiquons 14[6], que nous apprenons, que nous enseignons, que nous retenons, d’un amour toujours nouveau 15[7], les attendant sans cesse 16[8] ; que nous récitons à haute voix, que nous récitons dans le sacrifice, et qui produisent à souhait le renouveau du monde 17[9].
7 (23). Nous sacrifions à la prière divine 18[10] des Staota yêsnya.

Nous sacrifions aux Staota yêsnya chantés 19[11], récités, entonnés, offerts en sacrifice.

Yêñhê hâtâm.
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  1. 1. Voir l’Introduction générale, Analyse du Yasna.
  2. 2. Voir plus bas note 7.
  3. 1. Voir le Hâ précédent, note.
  4. 2. yâo... vaêm hvaretliemca vastremca ; imité de la Gâtha Ahunavaiti : hvaraithyà vaintyâ sravâo (Y. XXVIII, 10). — Anquetil a ici la note curieuse qui suit : « Les Gâhs, Izeds femelles, ont formé les corps, les conservent, et sont occupés à filer des
  5. 13. yà data aňhéush paouruyêhyà, man yahbûnt ahvân fartûm.
  6. 14. varezemna ; sur lesquels nous nous exerçons.
  7. 15. paitishâna, hoyahûnam nôk nôk. — sàcayemna, âmôzam.
  8. 16. c’est-à-dire attendant toujours le temps de revenir à eux. paitishmar ûmîtînitan (Y. XXIII, 3, n. 10). paitishmaremna ; est omis dans le pehlvi ; nous rendons la nuance d’après l’analogie de paitishâna.
  9. 17. Elles travaillent au Frashkart, à l’avènement du monde nouveau d’où le mal est proscrit.
  10. 18. haghâm : voir p. 164, note 17. Glose : danâ fargart « cette section ». On ne voit pas si cette glose désigne l’ensemble des Staota yêsnya ou seulement ce Hâ qui constituerait spécialement la bagha des Staota yêsnya.
  11. 19. Cf. XIX, 21 et note 70. Le pehlvi a ici pour le premier terme, frasraothrem, le commentaire suivant : frâj srâyishn zakl pun Apastâkî pun srâyishn méhmân « le chant, pour les textes qui se chantent ». — Ici la glose entend par Staota yêsnya, gâsân « les Gàthas », prises probablement au sens large, comme dans le Cîm î Gâsân, et désignant toute la littérature gâthique.