Le Zend-Avesta (trad. Darmesteter)/Volume I/YASNA/Hâ47.

Traduction par James Darmesteter.
Texte établi par Musée Guimet, Ernest Leroux (I. La Liturgie (Yasna et Vispéred) (Annales du Musée Guimet, tome 21)p. 311-313).




GÂTHA SPEÑTA MAINYU. — HÂS 47-50


La Gâtha Spentâ Mainyû est composée de quatre Hâs : le rythme du vers est le même que dans la Gâtha précédente 1[1] (4 + 7), mais la strophe contient 4 vers au lieu de 5. Le type est donc 4 (4 + 7).


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HÂ 47 (SP. 46). — GÂTHA SPENTA MAINYU 1




1-2. Éloge des vertus zoroastriennes, des biens qu’elles procurent et du fidèle qui les pratique.

3. Devoirs de l’homme envers les animaux qui ont été créés pour son bien.

4. Pauvre ou riche, le fidèle doit agir pour le bien de l’homme de bien et pour le mal du méchant. Qu’Ahura donne aux bons les biens du monde, car les méchants en font mauvais usage (§ 5).

6. Jugements d’Ahura qui tranche entre le bien et le mal avec le Var nirang.

Dinkart, IX ; 17 (Sûtkar) ; 40 (Varshtmânsar) ; 62 (Bak). — Ce Hâ a été déjà récité une fois (Hâ XVIII, 2-7), avant le Baghân Yasht.

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a Zôt et Hâspi ensemble :

Prière h vous, saintes Gàlhas.

1. Spentâ Mainyû. — Parl’EspritduBien et la Pensée Excellente ’, par les œuvres et les paroles de Sainteté -, Mazda Ahura, avec Khshalhra et Àrmaili, nous donnera Ilaurvalàt et Amerelàl’ {^2 fois). Le Zôt soûl :

2. Pour cet Esprit très Bienfaisant la chose suprême*, c’est que [le fidèle] agisse ’ avec la langue, les paroles, la bouche de Vohu Manô, et avec les mains d’Àrmaiti ^ Làestla sagesse’, et c’est ainsi que le fidèle est un sage* et père du monde de l’Asha^

3. En cela tu es bien l’Esprit du Bien que pour nous lu as formé la vache riche en dons, et à elle tu as donné la pâture et l’abri d’Ârmaili ’", alors, A Mazda, que tu t’es consulté avec Vohu Manô ".

4. Cet Esprit du Bien, ô Mazda, les méchants le blessent et non pas les 1. C’est-à-dire par l’efTet et en récompense de mes bonnes pensées. 2. C’est-à-dire : « pour les bonnes actions que j’ai faites et les bonnes paroles que j"ai dites » (Comm. P.).

3. Les vertus représentées par les quatre premiers Amshaspands (Pensée Excellente = Vohu Manô, Sainteté = Asha Valiishta, KLshatlira, Amiaiti) nous vaudront les biens représentés par les deux derniers.

4. La grande chose qu’il désire ou qu’il inspire, « l’idéal des Gàthas » {gâsântgîh). 5. Litt. « c’est qu’il agisse » (verezyàt) ; le fidèle, « l’homme qui suit l’idéal des Gàthas » [gabrà igdsânig).

6. Cf. Dtnkart, IX, 40, 4 : « Je te dis, ô Spîtâmàn, de parler avec la langue comme tu penses avec ta pensée, et d’agir de tes mains selon la perfection de la pensée ». 7. Litt. « par cette sagesse, celui-là est ua sage ». 8. mazdào, dànâk.

n. « C’est-à-dire que par sa vertu il entretient le monde ». — Dtnkart, l. /., 5 : « Celui qui agit ainsi est sage et il est par sa sagesse père de l’Asha ». 10. C’est une façon de dire que l’homme de bien donne au troupeau bon fourrage et bonne étable. — D’tnkart, l. L, 7 : « Le troupeau est fait pour le bien de l’homme, et l’abri et le pâturage sont pour le bien du troupeau » ; cf. YasnaXXVIII, 7. — La vache riche en dons, rànyô-skei-etim ; v. XXIX, n. 24 ; XLIV, n. 19. — Noter le changement de personne : « tu es l’Esprit de Bien, lui qui a formé » (j’é... bém tashat). 11. Dans son œuvre du créateur ; car, « après qu’il eut créé Vahùman, tout ce qu’il fit, il le fit en se consultant avec Vahûman » (Comm. P. ; cf. p. 23).


bons 12[2]. Si pauvre qu’il soit, le fidèle désire faire du bien 13[3] et, riche 14[4], il désire faire le mal au méchant.
5. Or donc. Esprit du Bien, Ahura Mazda, fais jouir le juste de tous les biens du monde 15[5] ; car ce n’est pas selon ton désir que le méchant les distribue 16[6], étant en foules ses œuvres l’hôte de Mauvaise Pensée 17[7].
6. Esprit du Bien, Ahura Mazda, par ton feu tu décides entre les adversaires 18[8], selon la supériorité de piété et de sainteté 19[9], et maint de ceux qui le voient embrassent la foi 20[10].
Le Zôt et Râspî ensemble :
7. Par l’Esprit du Bien et la Pensée Excellente, par les œuvres et les paroles de Sainteté, Mazda Ahura, avec Khshathra et Armaiti, nous donnera Haurvatàt et Ameretâta (2 fois).

Ashem vohù… (3 fois).

Nous sacrifions au Hâ Speñtâ Mainyû.

Yêńhê hâtàm.
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  1. 1. Font exception les strophes 5-6 du Hâ XLVIII, où le vers contient 12 syllabes = 5 + 7.
  2. 12. ahmâإ manyéush ràreshyeińti ; il s’agit de l’Ashemaogha qui, « possédé du démon, détourne l’homme de bien fixé dans la vertu » (cigûnshân shêdà pun tan mekmân nihâtak shapirân pun frârûnîh anakhtûnî barâ ramitûnand, Aharmôk). Dînkart : « le démon et le méchant détruisent (vinàsênd) l’Amshaspand ; le juste et le sage ne le détruisent pas ». Pour la construction de ràresh avec l’ablatif, cf. XLIX, 2, n. 7.
  3. 13. kaséush cîإ nâ ashàunê kâthê anhaإ ; litt : « que l’homme, même de peu, soit en désir saint », c’est-à-dire « qu’il fait le bien, en si humble situation qu’il soit ». (punci kûtak payagîh kâr ukarfak obdûnand). Cf. Dînkart : « en petite fortune, ne t’abstiens pas de bonnes œuvres » (pun kûtak tàvànîkîh min karfak al mang). kaséush s’oppose à paraosh dans le vers suivant.
  4. 14. paraosh, « de beaucoup », c’est-à-dire « de fortune ». Riche, c’est-à-dire puissant, il en profitera pour opprimer le méchant.
  5. 15. Donne-lui la fortune, parce qu’il en fait bon usage.
  6. 16. Litt. « sans ton plaisir le méchant donne », c’est-à-dire « il ne tient pas sa fortune selon ton désir » [ n’en fait pas l’usage que tu voudrais : khvâstak lâ pun apâyisti lak yakhsûnad].
  7. 17. « A cause de la présence d’Akôman (la mauvaise pensée personnifiée) logée dans son corps quand il fait le mal » (Comm. P.).
  8. 18. Dans l’épreuve du Var nîrang « où il révèle le droit et le tort » (bôkht û êrakht padtàk obdûnad ; cf. XXXI, n. 15).
  9. 19. Le Var nirang faisant triompher celle des deux parties qui a le droit.
  10. 20. hà zi pourùsh isheńtô vâuràitê, litt. « car ceci fait croire beaucoup qui voient » ; isheńtô, de ish « voir », cf. XXVIII, n. 39 ; vàuràitè, aimaninit (causal de var : * vàvarayatè ?). — Voici sans doute un des textes qu’invoqua Âdarbâd Mahraspand quand il se soumit à l’épreuve du Var pour faire triompher l’orthodoxie : cf. XXXI, n. 16. Il semble que Zoroastre lui-même s’est soumis au Var nirang cf. Dînkart VII.