Le Voyage des princes fortunez de Beroalde/Entreprise IIII/Dessein II

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DESSEIN II.


L’Hiſtoire de Pleraſte fille de la Terre, racontee au Cabinet myſterieux.



APres que l’hymne d’action de graces eut eſté prononcé par les voix accordantes aux ſons des plus parfaiéts inſtrumens, & que les plaiſirs ſuccedans aux repas euſſent recreé les eſprits qui ſ’en entreteindrēt quelques heures Les Monarques ſ’auiſerent d’entrer au Cabinet myſterieux où l’Empereur n’auoit point encor eſté, & le Roy luy en vouloit donner le plaiſir : on n’y introduit gueres de perſonnes, & encor faut-il que ce ſoit des intimes & bien voulus, & les plus fauoriſez : I’eu ce bon-heur d’y eſtre 26. Le voyage des princes

adinis, i’eftime que pour lorsi’eu cefte grande recompente dema fermeté & patience, car le Roy quim’aimoit, comme ie penfois,aumoins ic mele faisaccroire, pour mon contentement:

car les Roys n’affectionennt que leurs ſemblables, m’auoit commandé de me tenir pres de ſa perſonne, & ainſi il me mit ſa main fur l'eſpaule comme pour luy ayder a cheminer, & ie paſſé auec luy & vn peu apres la porte fut fermee , à l'inſtant on ouit y Frapper , & la Fée Gnoriſe qui auoit le gouvernement du cabinet regarda qui ſ'eſtoit qui heurtoit, puis vint dire que c'eſtoit l'ancien Hermite, incontinant les Princes commanderent qu'il entraſt, le Roy faiſoit un grand eſtat de luy, tant pour ſa ſageſſe & âge, que pour ſa bonté naïue qui le rendoit de notable merite : apres qu'il fut entré les Monarques le firent feoir entr’eux deux, & comme les deuis ſe multiplierent ils le prierent de leur dire quelque choſe de beau & notable ; Adonc l’excellent vieillard leur raconta cefte merueille. Puis que le lieu le requiert, que voſtre iuſte & belle curioſité le demande & l'ordonne, il faut que ie vous face ſcauioir excellence vnique & merueilleuſe entre les miraculeuſes actions de ceſte force que Dieu a miſe en l'vniuers, & qui {¢ demanitre 4 nous fous ‘fe nom de nature : le yous raconteray ce qu’aucun n’a encores decla- ré, que pecfonne ne pent (cauoir & qui ne doit

eftre dinulgué, auf] hor. di icy chacunle tien-

dra enushoppe dans fon cour, aucc le prndent yaile cde fignce Mon Royi ig parle dyn af vos fortune~. Entreprife 1V. . 7’-7 ·

i :,.11ceG :res & bie11 que ie n’en doitte rien decla. rer quinefoit à fa loua11ge, & à vollre aduantage, toutesfois ie fitis forcé de vous çleduire & reprefenter v11 erret1.r qui rempdrta, & ne~11tmoins cela tour11era à vo !l :re gloire,d~aut ;tnt · que v•ofrre li1n1iere dimpera l’ombre que· ce !l :e faute eq !l : pet1 faii :~ paroi !l :re, & puis le bien qui . e11 e !l : aq~µu faiél ; qqc l’011 c11 doit bie11 e !l :imer, , &croire que fo11ue11ç no,s mau11ai !l :iez ou plu. fl :oll : fllallieurs, fo11t c11 leui :s operations tel- : ·.le~1e11t di.fporees , qu’il. en : paiŒ de grandes · ço !TÎmoditez, c’ell vn · des -faiéts _du Souuerain qui ne’ veut rie11 perdre. Sire le Roy vcill :re grand pere eO :a11t delia d’age èfpot1fal’hcritiere · des I_fles, de laqu~lle il 11’ çut pour to-µs en fans qt1’v11 fils· ; peu apres" la 11aiŒa1,ce duquel 1~ RoJrne mot1r11t lailfa11ç I,e R.oy en gra11d deu1l, ce fils fut efl~ué (oigneufe1ne11t & ,l)ie1111ot1rri, ~e b.o,n homme Roy n’·aya11t q11e ce !l : e11fa11t , q11'il vc>)’oit delia gra11d, e11 ell :oit tout co11folé, & Cti !p,e11da11til ç.11 :_ ?ii : àttri(l :é de 11’auoir que luy. cela f11t caufe qµe par l’ :,iduis des fagesïolnt a1,1 fie11,il feremaria,&eutd’autresé11fà11s, qu’il ~ailTà e11 bas age, car il ~nouruç deux .ou trois an,~ ~pres fon 110uueau 111ariage, & vç,tislaifià fort petit aifi1é po.urtant de ceder11ier Iiçl. Or do11 :QUès ce ho11 Roy atteiri,t des ans,. & ratfalié de . iours ,pres atto_ir ce11u. le fceptre qe N a,bac.lo.nçe foixat1te ans :iccoiµ,plis, fifr retrai0 :e vers la n.îulcitu_de, & [011 fi_ls aifné obti11ç le R.oyaume.• .C.e Pri1ice ~uojt e !l :é tc11u d’afiez prcs par la pru :~e11ce ~u pere qui ne le nourilloit p,as en Prinçe · po_ur. deuenir i1~[~l~nç_ 1 mais. ei1 fils qui ’4oi~_ ··

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72.8

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. Le voyage des Prin~es · · .

ell :re obcilfa11t & le retenoit fi qu’il n’euil of~ faire les de{hanches qt1e l’o oit dire qtte fo11t les grands & lesPrinces,lefquels f y laiflè11c empol.’~ ter. Tout~sfo•is (e voyant Pri11ceabfolu,&goufiant de la doticcur que les Roys fonc efclore du miel qu’ils f.1.tÎoure11t, polfeda11t la fouueraii,eté ,aya11t en main libre la bride de fes alti-. on’s, fe don11a, licence de f’ellàyer ;l la delbau- • che : Au comme1Jceme11t l’es ho1111eiles ieu,ç -l’e11l< ;uoient, puisles illicitesl’aya11s !1ectié_, _il-· 7

feles propofaloyfil,les_, telleme11t qu ll fe gl1tfa’ Elaifammefit au cdula’nt des vices~ & f~i : tout, · fc rcJidit vit1emei1t à la fi1ire de l’impudicité, de forte qt1e fon bie11 f9ut1erain çll :oit de renco11-_ trer çl{nerGt6 de fuieéts d’amour impudique, , Suyuant efperdume11t ceG :è pointe lafçiue qu’il mefloit’dé l’exercîce de,la c :haife, il auint que : par v11e par~ie f.1ill :e & rio11-accoQ[Jumee 11 e11-, ~ra au l)arc du buiifo11 ~e_s Damè5 (a.i11fi iadi~ pn nomn1oit

bois où e !ç baQ ;i 11oitre Her111itage,& tout cet encl’os où e11·quel ques ~ndroit.$ voQs auez faiêl : o.O :er les arl,,L ;es 1ïuifaùs, pc~ur llCCon1moder ce Palais f)e l ;tiff.’ltlt e11 fàn ;intiquité q~c :lamo11taignccredcl<1,Mantiçhore<Sç • le lieu de n,a Ccllulç :) le Roy do11qi1es tirpffan t dans ce grand parc où pcrfQnnc 11e hail toit ordin :,.ire111e11t, que le Mq’na"rgne & t1uelque~ particuliers qµ’il y me11oit, f’eQ :a11t efçatcé ïJ - re11con~rala belle Fée qt1i a e(l :é ainG 11on1meç du con fenterne,1t de tot1tes, à ç :aufe de fa perf~- · ê :ia,1,ellc e !l :oi~ fille qe la· fée·Reclufe qui a fai~ l, ;ill :ir le petie Palais ciue vos prcdeceliëµrs luy - Q11t ~Q !lJl~ ?lc ’ll :lÇ Voµ~ m’~µ~~ çq1~tt11u~ ~pr~§_I~ 0

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. fortune~. €ntreprife 1 V. ,/

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laig qu’elle 1n’cn a faifr, ie,le puis bie.n n~ !n ?’ler Palais àcaufe d~ la grande l excel.len~e qu 11 garde : Le Roy ayant eu Ja rencontre1nefperee’& no11 premeditee de ~elle Belle, qui n’eut pas , voulu confè11tir,à drelièr des parties pour donner occalio11 d’ A1nour : il l’a contempla & elle furprife, .fiefl :ant arrell :ce, & le cognoi1fantàfon , port & authorité, luy renditle deuoirqu’elle .. fc ;auoit cll :re de la· bie11-feancè : luy gracieux comme on le doit ell :re aux Dames, l’arraifon11a. courtoif~m ent,&ai116 et1~ét enfem ble quelquei p~·opos , ap !es lefqt1els il palfa ot1tr~, & incontinant fc retira & L’e11 alla chal[erautre part. La, beauté de cc{l :e Dame fefl :ai1t reprefentee à fa. 1nemoire,il fe la miG : t~llemêt en l’ opinio11 qu’il crut qu~ ian1ais, rien ne l’aùoit peµ tant efmouuoir, que cell :e belle, dont il Pefprifl : fi viuemc11t· qu'il fe refo1ut de f>y arre !l :_er ., & de là en aua11t de fe promèner feul e11 ces bois : Il eut la coLl :â·ce de ne faire point.paroi !l :re fa paillon, car il fut plus d’v11 mois fa11s aller atl parcfuiµant, a :uec l~s fiens les lieux ordi11aires. A la·fi11 vou-·.

!~rit don11er lieuà.fes amours, ilfemitàfu}·ure

fcs dclirs,& f en alla11t feu ! efgayer da11s ces bois accofroit la belle Fee qu’il vie li’fouue11t & auec · ta11t d~artifice amiable, qu’il luy 6Q : trouuer 1->on & ~uoir agreablefon affeério11 : & pource qu’il f9auoit bién que les.am purs fe forµ1e11t par douceur, il en pratiqua tant, auec humilitez de de-..

!,loirs qu’il vainquit çefr efprit qui viuoit fans artifice, ainfi quelque fi11 qui e11 auicne !es approcl1es d’amour 011t touliours leurs commencémçns par 11µmilitç & fi1ppliçatio~~, ce Roy ay~ 1


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J 7 3o

. Le "V~age des Princes .

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a11t par telartifice faiêè (es approches iQduiGt la · l,eJle à luy vot1loir du bie11, & con1n1e il la pra- · ti qt1oit, pottrce q11e les an1a11s 11’e !liiment vray que ce q11’ils pe11fè11t, 11e ittgerit ferieux q11e ce l)t1-’ils e11trepre1111e11t , 11’el1in1e11t bon qtte leur _et1 :it, il n1ill : toute {à. cure à cefl :e foli-eitt1de, à lilquelle il fe donna entieren1e11t, 011bliant tout at1 tre foin,dc forte qt1e ce 9u1 li ell :oit qrdi11aire Jl’efroit plus enfa cog11oilsâce,(011 c~t1r’11’efioit plus ~tteint de ce qt~_i p :ira~ant le, paffion11oit~ les autres .daines qn 11 ~uo1t efperdume11t ay-- : • mecs 11’ :iuoicnt rlus de gracè, tou’s ob.ieél :s d~ qeliccs _e !l :oient fa,1s attraits, il 11y auo.it que l’a, feu le Fee ~ui-ft1 !l :ltot1te

ay n1a ble, elle efl :oit l’y1

l1iqtie ~1ui cot1 roit f.1.ueur, cot1tes alttres eQ :oie11t J’1ulles ? Il auoit 111is [on ftrtgnlier pl~ifir à lorti~ fcul par l’l1ùis des iarditJS qt1i uefpo11d a9 parc, 11e vo1.tlant qt1’ ;i.t1cu11 lefi.1yui{l :-, &~cfaiét,iel~ pcnfois dire, quand ai.1 premier il trouua l ;,i. Fie. il { ;e !toic deba11dê, & ~t1oit co1nma11dé qu’on lelaillà(l : lèt1l, ce qu’il fai[oit pe11là11t qu’il y eu !.l : là quel9.t1es l-,er.geres pottr en cl1oil1r à fo11 plaifir, 11e (’a.t1ifa11tpas qtt_e çe p, ;irç.eG :o_it clos_de n1t ;1- : railles & que per(o1111_e 11yl1antoit, car ce lieu· de. tot1t téps au oit eG :é d~~ié el"l [olitud~ ,& t_neîn{es. y auoi,t _tot11Ïours dcn1e11ré quel<.111e Druy de, ou. fee, ot1 : i-Ier111ire. Il e11tr,oit e11 ceparc Îeul cbm- :111e pour encreçenir fes pc11fces, fans 9u’il déina{t à cognoiG :re le fi.1iet qui le n1enoit. Cebeau fuiei ;. le retenoit feu !·& 11’auoit rie11 e11 l’an1e que cefr< ;. vJ1iqt1e agitatio11 qu’il 111efloit des affaires ne~effaires du Royaun1e at1fcluelles il vaquoit affcz,, 1

· ~ ~ie11 eau~ [01_1 :111}Ç)l1C. ftt COlJ.1111_~ ~ffre !~e fi l1 :1y. '

. · forfunez. ·fntrepr :ife_JV~ 731 . ~or111ôit-il ccfl :c : l1ride pour auoir Je bien de {•e1~ ~11tretenir auec le feul te1n~ig11age dc_fq11 cq :n11, Les Prfnces, feig11eurs & 5=011feillers qui le voy 7 · oient ai11G pre11~{re des l1eures de folitt1de, i11geoie11t e11 bien_efp~rant qi.1ece fufi vne lJellc rctraiéte_ qu’il fiO : des vic~s ppur v !1qµer à.foi~ deuoir, & pource trout1oicnt J,q11l’ord~e & le r,noye11 q11’il y te11qic. E11 . celte forte il v.oyoi~ fouuentfâ l1elle qui le re,cet1oit aµei :;.hpn11eur, ~ luy ~e11doit tqt1s l< !s_ ofiic~s que l ;i. biei1-fèance comtnande., ·ccpe11~a11~ il fe mul~i ;plioit en la. ,’eheme11ce de [011 zele amotiret1X,&}1~ po11u,an~ · plu~fuppqrtcr fo11 ardeur, il pria la b~llç ~e l’ex-,.• qui[e fi1t~eur :A q11oy elc.luy rerpqndit pruden1. ipc11c,lµy rc111onfrr< c·.ce_qui cfroic del :l10 !1nefl :et ! ,qui l’empefèhoic de col11inett~e .v11 aéte tant derogea11t à fa qualité & gr~nd< !ur, attee cefl :e fen1011llra11_ce elle. adio11lla les plc11rs Ggtles de ln Budicit~ du cœur : Cc Roy 11’aya11c po11r qut d_e felicitê quy la iouyfiànce qu’il efi,e- :. rqi,r, luy dic :B.elle 11epepfez p~s qµe i’aye le c.oura.ge ta11tqer9gea11,tà ina propr.e cog11oi !là11ce, . · q !e ~ç y~ulufl~ de V<>us quelq11e cl19fe f.1ns rai(011 :_11e cr9.ye~ p9ii1t qµ’v ~1 an1oµr inutile n1’ aie reridu vofl :re, Br- q~e le vain defir d’vfer de vous fç,it mo11 dt !fièio : I’ay bie11 v11e autre pe11fee pl4sJ :,~lle, & aua11tageulè po11r VOU$ : le deGre ._ous auoir pour, v11ique Dame, celle qu~ a11ra lpa vie e~1 (qi11, 8- ; qui ,, 11ie auec n1oy par les iu-. 1les loi~ ~e 111ariage, pqrcera .fi1r f~11 chef le Di~-. den1e qui 11’appartie11t .à autre qt1’à la, R oyne, telle que ie vous’fc~ay, & C1chcz ,qucc’cfl :_1110~ ~FfPibewiki (d)fc 4 :i

n10-11 elp~Jr : 1 :-,~ Fi~

S~re ~- : 11e d9 :l1" :

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. ~-, 3 2.

•. ·. ·

Le r<Jojage des Princes

te poi11t que vous 11’a-y-ez

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beaucoup d’affeél :ion

pour moy. Car depuis tant de temps voùs 11’auriez pas· eti le cour.age de pre11clre la peine que ie voy qtte to11s les iollrs vous at)CZ à tracer par ce bois,{i qttelque inte11tio11 ne vou~ y tnouuoit, QQa11tâ ce qoevous me propofez de 111ariage,ie vot1s prie de m’excufer fi ·ie 11e pttis croire que cela puiffe ell :re, dau_t~a11t q11il y a dès parties au · n1onde qui vot1s feroie11t plus co11uenables q :µe moy,qui po11c tout bie11·n’ay,que lagloirede noblellè & â’li.onrieur : Car les n1oiens de no- · fire maifon ne· font 1~as affe~, grand~ pour . nous. elleuer e11 telle efpera11ce : parquoy Sire ie_vot1s fuppliede m’e_xcufer& croirequemo11 ’. cf prie 11’èfl : poi11t t~nt. ambitieèix qu’il me face efifmer ell :re capable d’y11 Roy, LE Rov. Ma. Belle lai1Tez ie vous prie toµtes ces excufès,• & co11fideratio11s qui n’ont. rie11 de commu11 à 1100 :re affaire~ ie vous dcfire &_ ay affez ;de moyen de. vous faire Royne quand vous le voudrez : Il ne vo11s ·manque que’l~ v,oloNté, vot1s auez toutes les qualitez qui_fe p.euuent requerir e11 cefl : affaire, vous ell :es i1T1 :1ë· dti fang. Royal , he bien vne .tige Royalle produira v11e Roype, li adioufra tant de l,on11cs èo11dition~ à • ce6 parolles qu’il cc5tinua fi-long.temps qri’ ~Ile y prefl :a e11 fin l’oreille de co11fen temét : li luy con :ta q~’aya11~ fai& de ~ea ?X prep :tratifs il_l’a vie11dro1t quer1r e11 appareil Royal , ·& que cependant il ne lèurfallo1taùtre alfeura11ce que le11rs · mutuelles promelfes : les Roys & les Fees n’ay..

1,11-s de tous temps autres 11otaires que leur foy

& leurs p~roles1 il ne !~ur elto_it b_ef.oin d’ au~~e 7JJ

contraél : que le fyn1bole de la foy., qui e !l :oit de coucher à la mai11, à. quoy elle obtempcra : · parquoy ayant pris_ la foy, du Roy le me11a à fa n1ere qui fe laiffa aifcn1ent emporter à cette belle aliance fàns_y pe11fcr qt1e ce qui Poffl’oit iugeant de l’ame du Roy comme de la ~e1111e, ioi11tauffi_.queco1nn1et,ous amans,-il 11e difoît quece qu’il au oit e11 l’an1e, ·& fes propr~s deliberatio11s l’incitoi~nt à parler fa11s fard·, car fa voJonté e !l :oic de fair~ ce qu’il difoit. En cefre deliberation ·il V !nolt,a__upetir palai~ viuant e11 grande dileél :1011 a_ue :cJa bcl_l.e ,. 8< : €,Ornn1e n :iari ’ , & femrn~ pa.lfoie11c plulieurs. bo1111es : delices enfembleau cétc11temeut mutuel ’delet1r courage vrii & accompagné d~ mefme ~fp< ;>ir , ce qui a paru non que ç1ait eG :e notoirewent pour ce fuiec : car fans 11ommer celle qti’i,l au oit choifie, le Itov raco !lt ;i à res fa1niliers ;qu’il au oit v11e Roy11e qui ·en. bref :fereit fea11te fur Je fiege Royal des ~an1es de N abado11èe, & pour la.receuoir (aifoit drc !fer ce quiétoit nece !faire, appre !l :oit des 1nagnificence~ , ordonnait des ~a..i :iiq’uets & fe !li11s,d !fpofoit des ieux & parties,. . teller,nent que les l’rU4ces-& les pJu~ fages de J.,, court ne fçauoie11t qu~ ce pouitoi~ e !l :re, d’autant qu’ils ne fe doutaient poi11t des amoursdtt Roy : qt1elques ; vns parlas à la dellia11dadc, 1nàis · e11 cachette, imptitoient toue cecy à l’humeur hypocondl’iàquc qui pouuoic l’agit~r, vcu fa folitudc ordinaire ~ les autres auoient d’autrespenfces felon la difpofitiéi de-,leur cœt1r : cepe11dapt le bruiêl : cc,uroit que bien to !l il,arriueroit · v11c gra11de Pri11ceffe qui feroic la Roy ne


femme734

. "l’é·’Voiagedes Princes.

· me & efpotife du Roy ; Lé peuple tout ioyeùi èn efperoit ·de la cci111111odîté :· Les Princes f e11. reïio11y !loie11t , & tous tes g.ètis dè bien f>efgaya11ts. efp~roient que celte Dan1e retiendroît’le :Rôy, le i :etireroit de coures defuati. é :l1es ; & de ’(a vie fdlitàire ; Ai11fi tout le mo11 .. de atten’dôit ceO :evenuee11.èfperancedegrand bie11 ;: Et lu y couÜotlt :S ’éenèlu :l’. res amours les conti11t1oii : ·a1.1èc ln belle , ; cè qui. dura alfez 1011g temps..Or côme ces deùx.~ma11s auoÎeii’t c11fem bic refolù de faire pàrqill :re ce qui e !loit, qi1c : le Roy elloit eri ·de1ibèratio·1~ de fàirè aba :trc la : mtirâjllè dt1 parc po·t1~l’< ::11treè de fà Royl .i1e : Il fu~uint tout-à coup&’ f.1.11s que cëla fut. pre1neclité’, ·lê pins ri1all1etiret1x deifei11 qui 011c. :. . ques ftir otiy .,- -l>ar v1i rnàl-l1eur exti’ém·e , fe"". 1011 v11e Ina’udiél :e de !l :ineè , ’vif n1efchà11t Sa.i tari to’~t d’vri COtlp ; & cÔmtÎlè Vil ’e.fclat d.è to1111erre vï1. tôuclier le céx !t’tr •dê ce Roy g’ui venait vers’la pQrte du parc pont. rentrer- Sot1dain il fe reprit & retourna à la.Fée, qt1i l’auè>ft accondt1ititiïqucsà dix pas,de là & Pell rètour- :noit baiïee & co11tente co1111ne lHy fâtisfaiél : & auec fon gré : _A ce !l :.inll :ant il rèbràuifa ~ & fe ha !l :a ve·rs là· Fée, qui oya11t, le bruiél : de fes pas fe retourna. & vi11t à luy ; & ltiy cd1ùn1e la voula11c einbraifC !r luy po’rt :i vn co·up de poig11art an cœ’t1r,dôt elle tomba 11101’te ~ fes pieds, illa defl :ourne v11 pel !1 &.lenà11t la terre ayfee en ce lieu, lay aya1it oO :é fa ràbbc la cacl1e en "ne legere foife, & plus loin’ va iettèr cet habit da11s le : l1allier., pù1’s repre11d fo11 che1ni1 ! . oti il. fllri

affez .lo’ng temps -- : ~ar : tcit11 : troubli : . .

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fortun :è,z_. èntreprife IV. . 7~5

i~ prifr v11e fente pciur l’agtre, e11 alla11c il iugeoit qu’il au oit bien faiét d’ oLl :er cef1 : ol1fracle à fes . affaires, qu’auffi bie11 on luy enc do1111é l1lafine d’auoir obligé fa foy à vne .fille des bois,& preÎl.lma11t toue au rebottrs de ’ce qu’il. auoic autresfois e !li111é & creu ; il fe facdnna à. fan•

,

defdai11,& fortifia îo11 cœttr fi1r l’aél :e qu’il auoit commis, Orco111inelalo11gucurdu cl1e111i11 où il s’ef1 :oic fouruoyé, luy eue d_o1111é temps .de co11fei ;er auec [011 defpit, il fe ret1i11t ~ pe11fc’r qu’il 11’a1.1oic point ~li de refpeé’I : à fa grandeur. en fe fouilla.11t de f.-ing, qu’il ,11’auoit poi11t porté reuere11ce au, fexe • & qt1’il llC s’il.toit pout lors auct1netnt11t fouue1111 de ce qtt’.il àyn1oit tant, & que ·tol’ !t d’vn caup f11.11s caufe il a hay c· ;qu’il te11oit fiche~ ; il l’,a ·co·11t !!ml1é auec ta11t d l1orreur & de cr_uattte , pe11C-i11t co1nment l’l101111eur efroit tombé de. deua11t· fes ye11x qui furent lors fermés à coute· bie11 -feance, car à ce coup tou·ces les.vertus efl :oiëc efro11ffecs,& peri. :. rent e11 luy par l’excés ·de c~illc furicqfe opini.a. 011_qui le fifl : par vne i11ique ,refoll1tio11 de,._ u~11ir mcur’trier’ & en.terreur de corps mort. ’En-ce tèmps là il cot1rut vn brt1iél : qu’il ha11tqit ès bois de la folitude vsr Drago11 aile :r. dangereux, il s~e11 fouuin t., parqt1oy à fa de~ n1ie repe11ta !1ce il adioufra-vne co11fideratioQ. & i1nagina qtte f :i. faute fera couuerte par la perifee q11’aura la vieille Fée, que fa fille aura éll :é deuoree : à celle penfee il c11 adioufra vne autre, c’ ell : qt1’il et ;l :ime que pour quelques iours la !age vieille iugera q11e fa fille . toute Roy11i.. . Le 1J ayàge d~s Prin ces

·13 6

feraallee au ~a.lais royal, & qu’elle prepareles · affaires ponr la ’venir voir, & voila. comment il feint fa confolation. Mais quand i ! fuc de retourau chall :eau, & fi1r le foir que fa folie fut· refroidie, & ;que fon cœur luy reprc :fenta for.t offcnce, & fes delices perdues, fon aél :e 111audic-& perfo1111e ’qu’il auoic eCT :einte, faifa11t batailler ces contrarietez a1.1 fo11-des trompettes . de là repenta11ce, du dcpit, du regret ; & de la furet1r : il e11.tra .et~ v11e f.i~ure cl1aude, fomente~ de mel~ncholte ca11t vel1emente ? que fcs. propres furies rc11co11cta11t à propos~ il ell men.é de frel’laifie meflec de f}·mpton1es fi crùels, qùe n1ultipliez par le fouue11ir de l’enortiiicéde ce. forfaiél :, il efr accablé d’vne maladie de[efpereé ; . .laquelle dés fon, e11cre~ monG :re :J es d~11rs au>. rnede.cins_, fe :1.1jc :de ; reme.des, f’efgaye des refra1 :1ran~ & pot1rfuit fon hilto,ire fa11s que i :ieri puilfe,çefil.l :cr à force : te~lernent qu’en fept iours il ell : cout al-,batt1 ; mais èon1me à l’i11ll :a11 t que la mori : qui n’auo_it fai_t qt1’.v11 pas depuis qu’elle au oie fuit1i la maladie, fu’t prell :e de’l~1y faire fe11tir la derniere partie de fo11 a~e, l’efprit_ lqy reuint v11 peu,& en cel1 :e petite_re1niffi9n en bon fens, il dit .ces mots : ,le fuis prefl d’expirer, ie recog11oy mes fautes, faiél :es v11 cenotàf~ _à la 1 ;loy11e, egal à mes obf~ques.11.n’eu.t pas lo1lird en proferer daua11rage ; que fa parole & fa vie Pexalerenc enfemble , & par fa mor~ le RoyvoG :rep~refutfaifi du Royaumeàl•igede dixfept ans ou enuiron. C’efl : icy que.la For.. tune a-monllré que les goules qui fo11rdenc des vieilles foucl1es , font clfc :n,ùcllème11t viues11

Ia

fa

·-.

.

bi~ fortune’"{ Entre,prifl ·1 P. 737

biè11 que rares, & auta11t qtte celfes qt1i rt1ilfele11ti des ieunes arbri !1ea11x, car la bo1111e vieille apres attoir 1011g temps attc11du fa fille, & ne la voya11t poi11t, e11tra e11 diuers foupfons, · & tels qtte le Roy auojt para11 ;artt det1i11ez, vi1e pe11fee eO :oit ta11tol1 fi.1iuie d’v11e aittre, pui~ apres aitoir long ten1 ps debatu eri {011 cœttr la premiere opi11io11, . fuccedoit à toutes les autres, à laqttelle. at1ffi i11.. ; fi11ies autres fe re11controyen t :, Elle concluait pourtant, felo11 la bon11e opinion qu’elle ai1oit de fa ·fille, qu’elle n’eut pas v·oulü .faire v11 defl :our e11 fa vie mal à propos ; 11y rien :atte11ter ou · _e1itreprendte farts fori co11gé i11coi1tinent que ce bo’11.auis l’à co11folce, v11 autre la troùble : car el.. ; le va rauaiT :a11t tout aucreme11t ; & en ce !l :e i11. guietude, apres que qt1elquesio.urs ont pnifé,el.. : · 1e refo11t auec la 111efme n1agrihi1imit~, qu’elle l’a,. e11treprife de rompre f.1. reclufion : En ceG :e 11ou-· ttelle & raifo1111able ferl’ieur, : 611blia11t les va11itet <les trifl :es v·œux, elle brife fa robe qui la rete11oit,la iette bas,& fe reuefra11t d’l1abits cômu11s, & legiti1nes fort de [011 habitacle, va & vie11t,ti :_a... cc& retrace par le)’·arc, & faifa11t fo11dre fes yeux e1 :i :plet1rs de do·uletirs, va cl1ercharit non fà fille, mais quelque figne qui luy d~clare ii elle a efl :é· obeïilànte, ou negligen te de f011 deuoir : elle ne peut fe refoudre t Si ell~ eut èllé de l’l1umet1r de ces yilai11s coti.rages, qui ou 11’ ayme11t ri~11, ou fc ; rê11de1it endurcis co11tre ce qu’il faut aymer, elle 1ieut bot1gé de [011 e11clo·s, 111 :tis la te11dre affeêl :io11 qu’elle a vers fa fille prot1e11i1e d’vri pere ay.. nié, la f.1it auoir de l’amitié :· & e11 ceŒe bon11e R,rd_eur, elle va quefl. :ant ce qt1ià e !l :é,àelle :iHelas : A A’Ji.

738

Le,voya !,e des Princes

ô pauurette ! elle e11 trot1ue la robe fur les ro11.ccs, c’ efr à ce 1uome11t, que la l1011<le de fes larmes ell : outierte, les re{forts de fcs yeux font laf. cl1ez,& ado11c elle va lame11tant fur la croya11ce qu’elle a que {à fille 11’ ell : plus :&puis qu •elles’ elt deil :ii1ee & refolue à courir les bois elle 11e veut pl}1s autre occ11.pai :i~ q11’ aller &venir par le ~a~c :. Ell :ant en ce !l :e 111qt11etude elle fc. re11co11tre a 1alee ioignant les murailles, & elle oit du bruit de pl11fieurs ge11s qtii chen1i11ans à fot1le for1ne11t vn 11111rmure infole11t, elle ’fe l1afl :e & arriuantà la petite porte qui regarde fi1r cc cl1cmin l’ ouure, & aya11t veu vi1e vielle fe,n11ne qui paffoit . Ippella ;lavieille va vers elle : Man1ie l11ydit elle, ie vous prie n1e dire q11elles 11ou11elles il y a & que fig11ifie cette n1ultitude ~e peuple alla11t & : ve11n11t, la. vielle luy racoi1t,i. tout ce qu’elle a11oit recueilli !d11 · difcours des v11s & des autres :~ 1’011 faifoit les fu11craillesdu Roy q11i’ efl :oit n1ort d’vne fiet1re chaude , do11t il auoit efte tot1rme11té iufqt1es à-la fin , excepté’ qu’ auant mourir il a11oit dit. fàns autres paroles t}u’ 01 :i fit fes funerailles & celles de la Roy11e qui efl :oit deff1111él :e. L ’A F E E • ~oy 1nat1Jie, le Roy ef.l :oii : il n1arié ? LA- VIE r L LE. :N Oll pas cjue ie fache,Madame. ~.a~s. 011’ dit que fil 11e f1.1t mort, ou n’.euQ po~1~.~-çgé_ 111alade que tout ell :ant prefl :, il deuoit aller querir & an1e11ër v11e belle Roy11e, potir l’ a1no1.1r de laqu’elle il aùoit fait ordonner ca,iit -de mag11ificenccs, que c’ell : mertteiJle, & ’le bruit efioit certai11 que i :i il l’au oit efpoufee, n1ais-à1111e fcauoit ,& 11e fcait on c11cores _.qui elle cfi : & d’ o.ù_ : Et pource q1.1e 73~

le Roy en 111ourant par ies dèrhiercs paroles a ordo1111é fes obïeques, & de la Royne, les fa. ges 011t aui1~ tJt1.il Jerbit ainfi fait,parce qu’il faut obeir au~ der11iercs volontez, La Fee ayant ot1y ces propos re1ncrcia la boi1i1e. fe1n111e & fe ret_ira aya11t fer111é fa porte , & fe 1nit à confi. ;. ; derer ces p,troles de !a vieille, & à faire trop d’imaginations fi1r ce qu’elles lt1y pouudye11t do11. ;. ner d’auis, penfant qu’il y attoit qt1elqt1e cl}o !è de bien caclié.e11 cet affaire : Ou ,que le ·Roy auoiti en1mené fa fille & c11uoyee quelque part pour dt1111011de. ou’ l’auoit fait affaill11er la dell :ourner

.

ou ietter en la mer , & rauafioif tant diuerfe111e11c qu’elle 11e fe pouuoit refoudre qt1’à lâ _perte ,ie fa fille, qt1i fut la finale penfee, ce qt1i luy caufa ta11t de deuil, que_ fi la vielleiie l’eut peu faire 1not1rir, elle l’eut efrei11t,e par cet excez de defplaiGr. Or les Fees ô11t v11. aori de 11ature plus que 11ot1s, l caufe a11ffi de l’vfage qu’elles ~11t de lalitJtteur dtt gra11_d v :t{et~bl7, c’e~ qt~e leur an1e vegetable efl : p !1re11le a 1endelecl11e qui co11ferue le mo11de, fi qt1e l’ ;in1e raifo11nabl~ efra11t departie d’elles,. bie11 qtie la vie f’exale, ieurs corps & principale1ne1~t cl.es ie11nes, [0111 : lo11g t~mps_~~n1rP-~-yiua1ls d auta.11t q9~ 1 : haumetl’~_tttrel erf lus fixe e11 elles, & par a1ni1 leurs corps 011t p us 101.1 ue1ne11t e11 v ·at apres la

1nor , atta 1 que a corrt1pcion les pttifle do11ter, ce qui preiqt1e arrit1e à cet1x qui 011t eu la .fauerir de l’excelle11te Xyrile. Cette bo11té de nature fut caufe que la petite creature qui ef !:oit au ventre de la Fee defft111él :e,lut cra11f1nuee cm vn germe vif, .co11fei :uant fo11 an1e, fi.sue fe vi... ·

AAa ij 74o

l,e 1.Jqy..tr’<,e des [)1-inces

llifiant par rit vigt1et1r du lietl atl te111ps prefix,il en i !1iî : v11etige 11out1elle & pct1 cognt1e. La vieille Fee. :1lla11c & ve11ai1t és liettx où. iadis elle Pe !toit proun1e11ee, & at1oit plnJieurs fois 111e11é ià fille ta11c aymee, & tant regrettee, attifa e11tre les 111iliers des pla11tès ceile 11ou11eat1té, elle fe tro~tle f11rprife, car elle 11’ c11 auo ic ian1ais veu de pa.rèille, parquoy elle fly arreila, la confideta11t atte11tit1e1ne11t, tot1te e1n1et1ë de telle rareté, fe mit à : la co11te1npler, & at1ec tel foin, que iotl[-’ i,ellen,ent ·elle Ia vifitoit, fi qu’e11 fi11 to11cl1ee d’affeéèio11 & gra11d defir de fèa11oir, f>a11if.1. de gratter douce1n~11t à l’ e1111iron, pot1r defcou11rir 11 elle trot1t1ero1t quelq11e choie de fe111blable, _ou appcrcet1roitce tJtlc ce pot1rroit e !tre, par les raiirceat1x des racit1es. E11 ce dc !ir s’cf1oig11ant a !fez, de petlr d’offè11cer ce fujet,i11cog11tl, ellè fo11illa e11 v11" lie11 ~11 elle recogni1t. qt1’il’ 1i1y

nuoitpas lo11gten1psqt1e la terre auoiteftére~

·111t1ee ; carelle11’efl :oic pas fer111e co111111e autre ·part, ai11fi elle fa11a11tura de defcout1rir, fo11 Ge ;11ie _la pre !loit de let1er la terre, & fo11iller vi1

P,etit plus auant,’.& puis. v11 petit, ce ~t1’ elle co11 !..

·’t111t1a len te1ne11t, de celle lorte, qt1 el’le trot1t1a ·rolis fes.doigtsv11e rcfill :accplu~ v11ie qtte de !ît1s. He las, qu’ e !l :~ce q1t ! elle trot1ua ? elle eut biei1 · vo11lu 11’ a11oir pas c !l :é tant curie.t1fe :, & toùtef. fois elle èull :efié infi11ie1ne11t 111arrie {i elle :11’ etlt fait :ii11_fi,at111ris tj11’ èlle etr !l : e11fo11cé le11te111èn_i :, · el !e’de !couurit la t’eil :I". d’vJ1f :_perfo1111e, elle e11 .t611ci1ala 1,ea11~ ·e11 vid les tl1euct1x, & puis paf- :.~ nt o~tre, lc11à tot1te la terre d’ a11tot1r 1c·vifagè, &·reco_g1111t telt1y· de fa fillci :· ta11t cl1cric) fès .

•·

~

. :.. fortrtnez : Entreprffe IV.

7 41

.cl1et1et1x cfl :oyc11t trop be1ux pot1r c !l :re n1efcog11us> (011 œil e11cor <-JU’ cG :ei11t trop ay111é pot1r .efi :re ot1l)lié> & le reD :e ca11t de fois plt1s agreable qt1e tot1s a titres, trop efl :i111é pot1r 11’ ellre poiI1t deliré encor vnc fuis : elle void fa fille 111orte, recognoifl : fo11 11ez > fo11 fro11t, f.1 bot1cl1e, 8c fes ioues, elle les rcn1arqt1e quaG con11ne efl :ant c11 vie, elle les vo1d là11s 111ot1t1e111ent & 1.1ns ref}1iratio11, y ietcac iès yeux piteux,lè.s iugecom111c fi elle venoitd’efl :rc cot1èl1cc è11 cc tri(l :e to111beat1,Mi (èrablc 111cre que pe11x tt1 pc11fcr l1a dole11te !il fallt1t q11’cllc prit patience , car elle 11c fcait à qui fe prendre l1e ce dô111age, fo11 co11feil, f.1 deliberatio11, fo11 cfpoir, & fa dcr11icre rcfol11. ti6 eG : de fe Ia111cntcr. Diuerfcs pe11fees la trouble11t, plt111c11rs deilèit,s l’ occ11pét, elle 11e fcait fi elle doit ofl :cr de 11 cc corps ay111é pour.1’110110rer d’vnc fcpt1lt11re ·plus a11a11cageuiè, tot1tesfois apres pl1111 eurs rc111 ue111és d’ efprit,clle i11ge q11’il le faut laiifer là, pot1rce <-Jt1e p ::u :at1antt1re cc tige ad111iré dés gt1elq11cs iot1rs pallèz e1i petit iliir, & poi.1rta11t dés lors acco 111 plilf111t cc qu’elle pou : uoit de la111étatio11s co1111rit ce bea11111iroir <-Jtti auoit ellé l’ ol)icél : des de lices d’v11 Roy ,&q11icut efré l’attrait qcs l--,ra11cs qt1i l’ e11lTe11t ve11e, & a11ât qt1’y re111etrre la tcrre,îetta de !1us v11bca11111otcl1oir de lit1 a !beJlin,e11 0’111 bole del’ c11fc11eliJlè · 111étqt1’elle l11i eut fait,li elle ct1t ofé re111t1cr tônt le corps, lailf ;.nt c11 ccll :- :! t :,rte ce qt1’elle tront1e ot1 elle 11e le cl1erchoit point,&pt1is recô111a11dac . à la terre le re !lc de fo11 clenoir,lè 11repara.dc f ;,i,. rc v11 der11icr office 1 cc corps, dc)llt aya11t :iui té le tot1r, 1,rit de JJCÇÎts bois & t :fcl1alats dct}llt)y AAa iij 7 4 2.

Le v<rya_~e des Princes

elle fitv11è dotlce l1aJ C l 1’e11t1iro11 de fa dèfft111ébe 1

~

ietta deifus v11 lincet1l fort delié qui 11’alloic pas tout abas, pt1is fit e11cor vne autre enceinte pltts loi11g. E11 apres :2}’a11t aui té à ce qu’elle vouloic aci).euer, prit les 1nefi1res dtt lieu ai11G qu’elle le propofoic, & ayant tracé le plan & dctlis de ce qui la 111ouuoit, alla à fa petite porte ou ayant appel lé qt1elqu’v11 à foy ·eut ; 1no} e11 d a !fe1nbler des ot1t1ricrs, t}UÎ fire11t vn beau baO :in1ent Celon le de !Tein qu’ cl !e attoic pour trait : Ces maifires en leur art, tant n1açons, que cl1arpentiers firent tot1t ce qui el1oit 11ei. :eflaire, fi qu’au tour die, 11e fallut que fur le lieu eileuer lè toile, ce quifutcxecucé e11 pett de iours, f.1ns q11’aucu11 ot1t1rier e11trafr def1i1s la terre feparee. Cc ba{lime11c eflcué, con1pris d’e11tre-las de ciffres, & diuerlitez de deuifes, & traits d’arcl1iteéènre, fut par elle pett à pet1, acco111paig11é de tout ce qui l’acco1nplit, & le faifoic e11 intention d’v11 parfait & bie11 he11retix tom beau à fa fille, le · rendant propre & paré, elle ofl :a les deux petites haycs & circ11its,t1u’ elle y a11oit dre{fez,do1111a11t tel ordre, que le tot1t el1 :oic dig11eme11t approprié ; auec la co.1n1nodité des plantes qui 11’ elloit pas en1 péfchee, la fale ba !fe eL1a11t a !Iez fi1acieufe. A uec le temps, elle aperceut q11e la tige 11out1elleauoic beaucoLtp profité,& qu’elle re1np_C ?_~~ fur terre dê la lo11gueur âe l’ept pièds ou pPibewiki (d),&du~1t e11 vid fai~lir v11e fleur, qui 11’ eil :oit fe111blable à at1cu11e autre, car e11 ordo11J1at1ce & beat1tJ, elle les fur111011toit toutes ; c :ell :e bo1111e fe1111ne pre11oit v11 grand foi11, e·n viGtant ce 11ot1ue4u fpeGtacle, ce !l :e ·fleur q11i 1 fartuneZ... : Entreprife 1 V. ·74 3

iou~ à iour groilllfa11t, en fi11 f’ot1urit douce.me11t, & adoncques elle vid fot1s les ouuercures efclailleufes des feuilles, vne petite reprefencation de perfo1111e e11uelopee es replis 1nig11011s de fa couuercure 11aturelle, elle ny voulut point mettre la mai11, ai11s la.i !fa fiire 11acure qt1i par fois faifoit que la fleur f ouuroit pour 111a11ifefier les ri cheffes qu’elle couuroic : Elle eue patiéce,amt1f.111c fes yeux à la co11ten1platio11 de cefre merueille,qui peu à peu f>apparuc e11 forme parfaicç ,le fille bélle,_& bic11 proporcio1111ce,& iointe à la tige par le 11on1bril ; ati pris qt1e ce !l :e belle croifloic, at1 !Ii les fueillcs qui luy feruoye11t de veCT :e1ne11t croilfoJ’e11c , cc !l :e bo1111e Fee fe tro11u ;;. confolce 11 ar ce ft1rj on, d’ aupres d11quel elle 11e bot1geoic gt1eres, Il foignant amot1re11fel’).1e11t & delicate111cnt : elle lt1y prcfe11ta d11 laiél :, n1aisclle11’en vf.1. point, fe co11tc11tant de fuccocer v11c t-loiiillecce fneilie t111i , frayait fi1r fa

bouche, delaqu_ellc fcxprin1oit v11e agreable liq11et1r qui la fi.16fia11t0it ; l)rena11t croitfa’11ce, 8c ell :antapriuoifec. : pat· la iàge Fce, cile s’aèco111n1oda , recet1oir du lait, & ai11ii v f.111.t de nourriture d’ a11imal f’e[1 :ra11geoit à den1i de cellè ’de · pla11te. Le te1nps,la 11ature, le foi11 & diligence del’ a11cie1111e Da111e,co11feruere11c l’eO :re de ce !l :e mig1101111e qui creut peu à peu, telle1nenc q11e gra11dette elle aprit à parler, vfa dG la cog11oifia11ce, & Cil fi11 re parfit Cil belle Dan1c, fage & accon1plie : & pource tiu’elle eCT :oit fille d.e la terre, {à11 6011 Ge11ie lt1y decella l’excés que le · Royauoit comn1is vers .fa mere, do11t elle i11forma l’a f.1ge Fee, laqt1ç :lle ta v9ulu cou !iours ·

AAa iiij

. 7 44

·

l,e voyac’l._e des Princes

·

,te11ir fecret, & l’eut c(lé d’ aua11~age, f.1.11s qt1’ elle n1’ a co1nn1a11dé expres de le vous defcouurir en ce te1nps,cepe11darit ceil :e a11cien11e Fee eut cefl :e co111paignie pot1r acl1e11er at1ec q11elq11e lie !fe, le re(l :e de fes iours , q11’ autremc11t elle e11t trop penibleme11t trai11é atl fept1lchre, auec difhcurté & de41lai[1rice. Or, Sirfl, il y a v11e certaine cabale e11treles Fees,les Ortl1ofiles & les det1otsà Xyrile , qu’ e11 quelque part du mo11de q11’ils foye11t,lesv11s ou les autres, ily-a moy~11q11e to11s f.1chent ce qui fe palîe parn1i les a11tres, en le11rsat1a11tures & particularitez plus fecrettes, ie 11e vous deduiray poi11t icy ce moye11, ear il notts f11t difco11r11 e11 voO :re prefence , qua11d nousaprifmes les fecrets qu’a occafionnezl’at1ant11re, d’Herodias. Par cefle i11duil :rie ou 6011ne re11co11tre, la Fee dtt n1011t de Cece11is, qui ~fr e1111ofl :re contree, & laquelle ie voyais fouue11t, l’ayn1ant e11 to11t l1011ne11r det1 à f :t perfe~ion, me racontait ordi11aire1nent & à propo~, des dits & 111erueilles de la Fee·Plerafle fille de la terre, & 1n’e11 difoit ta11t ·de me11us miracles, & bon11es 111erueilles, c.,11’ellc

m’enfiam1na de

venir icy, pour voir fi ie pourrais voir ce q11i en •cfl : l’y vei11s do11c, & n1is toute pei11e, dilige11çe & artifice, pour i :rou11er le moyen, ou d’ efrre i11troduit atiec la Fee, ou de la voirei1 quelque ma11iere q11e ce f110 :: le 111’ eQ. e11quefr0Is co1n1ne par n1an :iere de d~fco11rs, car ie 11e voulais pas qu’ 011 fce11t n1011 opinio11, ce qtti pl11s n1e do1111oit de difficulcci , efl :oit que ie la te11ois EOttr reclu(c, & par ai11fi que ie 11’aurois 11as aifé1 !1~~1t .i :ccés à elJ.e , ye11 qu’elle eil :oit da11s 745

le gra11d bois enclos de tot1tes pnrts, & inac~ ceffible aux i11cogne :1z : les deuis quei’ena-, 11ois a11ec quelq11es-v1ls , auft1uels i’c11 parlois cortne de cl1ofe qt1e.i’auois oiiy dire, fa11s le croire ; f111 :e11t caufe qi.te I’ 011111’ e11 dit de gra11des cl1ofes, & qu’elle n’efroit p !11s rcclufe depuis la n1ort du Roy Tre1n11rier, & qu’il y a1,1oit des perfo11nes de là auto11r, qni quelquefois la voyoie11t à la petite-porte dtt parc, ott c_llevenoit pour quelques affaires, co1n111e q11a11d elle.voulait ball :ir, 011 auoit befoing de quelq11e extraordi11aire. Cela n1e do1111a del’ efpoir , & fut caufe que par plulieurs.ari11ees fer1ne e111no11 propos, fa11s craindre auc1111 labe11r, c.1u n1’ e1111uyer ; ie faifois fouuentpluGeurs tours vers la petite porte, à laq11elle ie 11’ ofois l1e11rter , depettr de perdre ma peine, ou receuoir vne fafcl1c11fe efco11duite, ay111a11t mieuxviure en cfpera11ce de pou11oiradue11ir à ce l,ien, que d’e11 eflre fr11ll :ré tout d’v11 coup, v oula11t a11ffi faire paroill :re que 11011 deffei11, 1nais fembla11ce d’adue11t11re n1’y conduifoit. Iln1’adui11t felo111no11de(ir, & efcl1e11t q11e 1’011 celel,roit v11 des a11nit1erf~.ires du feu Roy · Tretnurier, _ ui eŒ ce~ebr~Ae Cepe a11s e11 fept ’ ans : tant tJUê e 1i.1ccefleur vit con1m.1 :: e11cor 011 le praé :ique felo11 les a11tiques loix de voll :re royaume , 111efn1cs pot1r le deccz du Roy voG :rc pere, ainfi qu’il fe fit l’ a11ncc pallèe. Ce iour là i’allay tant & tant, vi11s & rettins , que ievids . ceile Eetite porte 0u11erte, te totlt an pres la da. n1e deiiree affife fi1r v11e pierre : i :efl :e fài :re dame

L"J

q11i co11fid croit les pafià11s , ad uifa qt1c ie la fa. Iuay aflez deµote1ne11t, & co11111Je par gra11d a-,

amour

Le voy_age des 7’ rinces

n1our elle me rendit l~ falut fort liberale n1ent, m’appellantàfoy, &med<i !n1andancque ie cherchais & deûrois de ce lieu, regardant cefle . c11tree fi attentiuen1e11t. A cela ic lt1y rctpondis le plt1s courcoifeme11t qu’il 111c f11t po{Iibie, lt1y di !ànt lJtle la Fee du n1011c Çece11is m’a11oic ta11t raconte de fes perfeél :ions, & des rarecez excelIe11tes de fo11 palais en ce parc dela folitude, que pottllé de parfait an1our & it1lle curiofité, ie m’y efrois ,1cl1e1ni11é pour, !i poffible m’ elloit, a11o~r cefre grace de la pout1oir voir, & oüirquelques fois co1nme fai11tl :es propheties les bo1111es pa..roles dont elle pouuoit,raïfaûer les courages refpirans apres la perfetl :ion : à cela i’adiouO :e le temps de ma ve11uë : n1011 foi11 & folicitude , auec la perfeuerance à laquelle i’ au ois iu :é fer1neté, y n1eflant les l1umbles propos tiue ie pe11fois COOUCtlir pottt attirer fa Oon11e grace ! & Cil ceLl :e forte ie m’humilié tant . elle, luy declarât tout mo11 cœur,& 1no11 i11cli11atio11 à la vie fen1 blable à la lien11e, où ie pofois mon fot1t1erai11 bien, qu’elle me donna l’ e11tree en fon bois, & ie m’aperceu qt1’ elle y admit tel artifice, c’ e{l qu’elle me tint lorig temps à la porte, puis quad elle cog11ut qu’il 11’y au oit plus de perf011nes fur ce cl1emin elle me comma11da d’ e11crer & fui11re la petite ratte où elle me rangea : le f11s lo11g temps fcul fuyua11t ce [entier, tant que ie trot1u~ v11e petite porte verte à la muraille t-lt1 petit Palais où ie l1attendis co11fidera11t&re1narq11a11t _ce t111e ie pouuois. Cepc11dant elle de1u~ra à la porte du P~ ;c, poµr y attc11dre c~ q11’el1e v~11 !oit, puis l·ayalt fei :111ee_ fe retira & n1e v111t 7 41

.trout1er, tn ’ho11ora de pl11Geurs care !fes & propos amiables, ine gratifia11t de 111011 6011 deûr. êc furce qu’elle auoit Je l’ a1nour à la Fee de Ce... ce11is -fa gra11de a1n1e, 111e fit v11 accueil fat1orable , & me-logea e11 la fale où e11corcs à prefent ie de1neure parvoll :re bo11té qui a fait cbnfer. :. 1 uer ce bel è11droit qua11d on a çl & li da11s les bois fait les places pot1r ball :ir ces riches Palais & d’auantage, vous e11 àttez conferué les loix, car aucùn 11’a attenté d’aller Ott voir e11 lieu où iene l’ay pas voulu incrodt1ire. Ce bon-heur

m·eG :a11t adt1ent1 Celon rno11 efpoir, ie me rendis tant feruiable, ay111able & officieux ; cell :e bo1111e vicill~, qu’elle n1e prit e11 affeél :io11, & n1’ay111a con1mefo11 fils,ceq11’ellem’afaic paroi !lre, car elle 11’a rie11 eu de fecrct qu’elle 11e m’ayt comn11111iqué Iiberaleme11t, n1’affeél :io1111ant tl)t1lÎours de plus en plus, & 1nefi11es aprcs qu ·elle fe fut du tout fiee e11 111oy, q11i n1e rend ois docile à fcs e11feig11en1e11s, ne requeranc rie11, ains atte11dat1i : tot1ftours ce qu’il luy plai- · · roit, lê plaifoit à 1n’enfeigner. E11 ccfre obeifla11ce & fuiettio11, ie 11’attentois rien, 11y pour aller 11y vi(icer atJct111 lieu f.111s fo11 co111111a11den1e11t : ce qu’elle aya11t cog11e11, & it1gea11c par li qt1~ i1e1lois fans feintife, elle s’adua11ça d ou11rir du tout 1~011 cœurpot1r 111e re11dre rafîa !ié des ~ffets de mes defirs : Ce ne fut pas f.111s prem1ere1nent tirer de 111oy pron1eflès it1ll :es pour le prefe11t, & ; executions de volo11tez pour l’auenir, à quoy ie 1n’obligé fidellen1e11t, pot1r-, co1nmei’ay fait, contint1ër loyaler11ent. En cefie bonne l}umeur elle 111e n1e11a au 111a11oir de 7 48

.· Le voyage des 1’rin,ces -

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I>lerafl :è, elle me la n1011fl :ra, 111e raco11ta fon l1ifl :oire, & me la refina, à ce qt1e i’e11 eullè foi1 ;, co1nme dela Ro}·11e de 111erite, & dig11e d•efl :re , feruie d’v11 cœur parf.-iit ; _cett ft1t caufe .q11e ie m’a,ldonné c11cor plus·parfaite1ne11t à elle, & elle 111e ti11t 1>our du to11t lie11, ce que co1nr11e elle me l’a dit pl11fie11rs fois, lu}· fut v11e co11fo- · làtio11 foul1aittee, & è11 ,fin acco1nplie. Ayans long te1nps ai11fi vefc11, la bo11nea11cie1111eayat tout e111ployéle refre de [011 aage, fe fepara po11r le log te1nps de111ày, & iel’i11l1u1né où elle 111auoit con11na11dé. · Depuis cefre l1eure là i’ay go11uer11é Plerafreauec tant de deli-c ;es d’eïprit, que nia folicude 1n’a eilé la pl11s agreable co111111u11a11té du 111011de, d’autant que 11ous vi11011s enfemble & vfonsio11rnelleme11t de deuis ta11t agreables qu’vn fiecle s’il 11ous y trotiuoit, 11’auroit eG :é qu’v111no1nent, & 11’y'.a perfo1111e qui ayt cog11oifla.11ce de 1100 :re efl :at, de 110s aéèio11s, 11y de11os plaifirs. Or pource q11e l’l1e11re s’approcl1e, que ie dois ell :re feparé d’entre les _111ortels, & ,1ue ie fuis e11 difj.1ofitio11 de faire le der11ier voyage des viuans e11 corruptio11, voula11t fur tottt obeyr au tefl :a111e11t de ma bo1111e a11tique 1 aufii quei•ay crai11te q11e 1na chere Plera.11 :e perille : :iua11t le ten1ps : I’ay faiéè cefre deliberation de vo11s venir voir, & vous aduertir d~ cc !l :e n1agi1ifiquea11a11ture, q~’aucu11 11’a e11cores dcfcou11erte . Ie la vot1s decele do11cq11es icy n1011 Roy, à celle fi11 que 11ous 111ettio11s, ordre qu’il y ayt qt1elq11’v11 :ipres 111oy qt1i ft.1ggcre à celte belle ce qui ltt)· eQ : 11eccfiàirc pot1r è911ci11t1er fo11 cfrre, qtti fi11iroic trop toll :, {1 9llc 7.49 ·

11’ at1oit qt1efqt1’v11 quilt,y aidafr, car de fe co11-· tenter de ce qt1’ elle pot1rroit pre11dre de la terre,.. 11e pot1uant s’efloig11er bcat1cot1p, 11c fuffiroit pas_ à l’e11crcte11ir, vet1qt1e ~oi1 lie111~ater11c !, & q11111c pct1fl : cfl :re retra11cl1e f.-ins fa v1e,l ::i ret1e11r •. vous verrez cel.1 :e 11otable 1nerueille qua11dil vo'>, piaira, & qt1and vous vcrr~z cefre bel.le, vous 1~ iugerez e11 la 111efine apparc11ce de 1eune !fe &, beauté du pre111ier aage des belles. filles, auquet tern1e elle den1eurera ta11t qt1 1elle fi11i !Iè par tàu-· te, ot1 qu’ efl :a11t e11trete11t1ë c_c>111n1e eŒ fa· cou" {lnn1e :, elle paruie11ne atl ter111e de vieillel1è > & obey Ile’ au iour detern1i11é. Te ,rous adiottil :eray icy· v11 gi’a11d fècret, leqt1el c01nn1é tot1s autres elle ni’ a dit fa11s qùe ieles aye de1na11dez : car en.. corc c111è’i' ci.tf1’e cog11oillà11ce q11’ elle les fi ;auoi t :i ia111ais ic•11c les l11y dema11dois,voula11t q11e tot1t ,•i11td’cllc, & par aii1_fr1n’ayi11afl : de tant plus : Celècret, ô l)ri11ces, do11t votts deuez faire e..fl :at,e/1 : 111er11eilleux, c’efl : le b11t des i11i.1cntio11s ; c’,el.1 : oi1 le peut1e11t arrefl :er les curiei.1x, ie fi.1i-s co11traint de le dire comn1e le Cyg1te n1oura11t lai Ile ,exl1aler vne voi~ ·n1elo·diet1fe qui11’a q1.1è dc11x to11s, c’ eCI : de tiofrre Cyg11e do11t ie par~ le, q11i n1ot1ra11t d’vne vie in1parfaite det1ie11t vi11anc po11r v11e pl11s parfaiél :c : certes qt1a11.d il cl1a11ge, il iette v11. petit efclat de prolatio11 agrcable, & qt1i fig11ifie fo11 aua11ture à ce11x q11i l’ oycn t -& l’ e11te11de11 t : E11 la n1efme n1a11iere e !ta11t poilible fur l’i11CT :a11t de 1no11 depart, ie vo11, fays 011yr le rcfo11 q11i. vous donnera d11 plaitir. lev ous declare qttc Plcrall :e eJla11c vier• ge acco111plic, elle co11tic11t e11 fo)’ ce qt1i. luy Le {J~ya,t,e dès Princes

. peut faire e11ge11 drer l’excellente& admiree Xy.. rile. En foy elle tient le fexe cacl1é, qt1i par l16neurexcitel’enge11drement & la 1iaifla11ce de la parfaiéèe des parfaiéèes, dot l’ho1111eur ; & n16 amour n1e fer1nent la bot1cl1e, crainte que i’ay de 11’ e11 dire 1-1as a(Tez dig11e111e11t ; - Ce difoour~ acl1eué, le Roy pria l’En1pere11r cl’auoiragreable de voir ceCte rpert1eille : Il luy propofoit fo11 n1efme delir, & qui eil :-ce q11i pourroit at1oir au cœur tant de belles fantailies, ou tant d’ e !l :ra11ges opi11ions., ou tant de co11cradifantes imagi11atio11s, ou ta11t de troubles d’cfprit pour effets ferieux ou difficiles, ou à crai11dre, 011 à detirer , qui 11e full : bien aife de participer au contentement , . la grace, au plailir, &

ura !Iàliementquel’o11 rèço1t en tel nien , qui

11~ voult1~, ne fouhaitat, 11’ entrefir}t & 11e refo1ut de voir c.e my !l :ere tant rece,le & tant deft .. ré,cell :e excelle11ce i11dicible ? En1 portez de penfee, follicitèe de fi grand bie11,les Pri11ces s’ ache-mi11ere11t àl’ a11tique l-Ier1nitage, où ils receurent la do11ce11r qt1e perçoit l’ elprit quanli il iouyt du fouuerai11 bie11 :. Apres qt1’ils et1rc111 : diligemme11t tout vet1 , & fèlo11 leur fagefiè prom.is au 6011 vieillard d’ e !l :re N ocaires de fà volo11té, comme il l’auoit ell :é de celle de l’a11 .. cien11c Fee, ils me.ioigriire11t à luy, pour li ie luy efrois :i.greable, e !l :re cefruy-là qui apres l11y feroit garde.de cefre exqt1i[e admiration.