Le Voyage dans la Lune/4
ACTE QUATRIÈME
Scène PREMIÈRE
Allons ! que chaque fillette,
Ici tende son panier !
Achevons notre cueillette,
Dépouillons chaque pommier !
Ces fruits si bons, ces fruits charmants CHŒUR.
Mordons-y tous à pleines dents ! ADJA.
En avant, garçons et filles ! TOUTES.
En avant, garçons et filles, II
FLAMMA.
Aujourd’hui, nous savons charmer, CHŒUR.
La femme est faite pour aimer ! FLAMMA.
En avant, garçons et filles !… |
Ah ! que c’est bon de croquer des pommes ! Il me semble que je n’étais née que pour ça…
Et moi aussi… j’en croquerais tout le temps !
Et moi donc !…
Et moi ! et moi !…
Qui en veut encore ? j’en ai plein mon panier…
Moi ! moi !
Allons ! ça marche ! ça ! marche !
Vous trouvez !… quand Caprice est en prison…
Oui, avec mon cher Microscope… mais ça ne fait rien, j’ai bon espoir.
Comment cela ?…
Innocente, qui n’a pas compris !… c’est pourtant bien simple… L’obus arrivé de la terre contenait encore des pommes en quantité… La curiosité des femmes a fait le reste… elles ont dévalisés l’obus et maintenant les pommes ont produit des pommiers, les pommiers ont produit des pommes et les pommes ont produit — ce que vous voyez…
Eh bien ?
Eh bien ! maintenant que nous avons les femmes pour nous, nous pouvons être tranquilles.
C’est vrai… quel bonheur !…
Scène II
Que vois-je !
Le roi !
Le roi !
Papa !
Que signifie tout cela ? Répondez, madame ! répondez, mesdemoiselles !…
Oh ! mon Dieu, c’est bien simple, ces demoiselles et nous…
Nous cueillons des pommes.
Des pommes ! Et l’on chante !… et l’on s’embrasse !…
Dame ! c’est si gentil !
Oh !
Qu’est-ce qui a dit : c’est si gentil ?
Moi !
Moi !
Moi !
Moi !…
Ne nous grondez pas…
Mon bon Cosmos.
Mon bon petit Cosmos !
Cristi ! sont-elles jolies…
Mon ami…
Son ami… ah !
Cela ne vous tente donc pas ?
Oh ! si ! oh ! si !… Mais je lutte, madame, je lutte !… oh ! cela me coûte beaucoup, mais je suis roi avant d’être homme, et mon royaume est mis en danger par le fléau… À tout prix, je veux l’endiguer, et je l’endiguerai !…
Mais…
Je l’endiguerai, mademoiselle !… Et, pour commencer, je vais faire un exemple… Les trois misérables qui sont cause de tout le mal vont être extraits de leur prison, et on va les juger à l’instant.
Les juger !
Ah !
Ici même, sous ces arbres, qui témoignent de leur crime.
Ah !
Mon Dieu !
La cour !
Les voici, on les amène.
Scène III
puis VLAN, MICROSCOPE et CAPRICE.
Voici le tribunal,
Il est joyeux, original,
D’humeur bouffonne,
Et folichonne,
Allons y donc gaîment
D’un petit jugement !
Les accusés !
Vous entendez ?… les accusés… Ah ! je suis bien inquiet…
Pas moi… je te dis qu’il y a malentendu, et voilà tout… Il n’est pas possible qu’entre confrères… je vais dire deux mots à Cosmos, et…
Ah ! papa, elle est là !
Caprice !
Fantasia !
Mon Microscope !
Oh ! merci !
Huissier, faites faire silence.
Silence !
Asseyez-vous !
Tout va s’arranger… parle papa.
J’ai deux mots à dire à mon collègue… (Se levant et se dirigeant vers lui.) Mon cher Cosmos…
Parlez-moi de votre banc.
Ah !… de mon banc, humiliation ! (Il s’assied.) Mon cher Cosmos… j’ai une proposition à vous faire…
Avantageuse pour tout le monde.
Vous allez voir que tout peut s’arranger.
Parlez…
Après tout, que s’est-il passé ?
Rien du tout.
Absolument rien.
C’est vrai !
Taisez-vous, ma fille ! (À Vlan.) Ah ! vous trouvez ça, vous ?
Il a fait son devoir de jeune homme.
Rien de plus.
Mais il est prêt à en subir les conséquences, et j’ai l’honneur de vous demander la main de votre fille pour mon fils.
Ah !
Bravo, papa.
Bravo ! bravo !
Allez vous asseoir.
Je vous l’avais bien dit, l’affaire est arrangée, il accepte.
Je ne répondrai même pas à une proposition dont messieurs les juges ont sans doute déjà apprécié la haute inconvenance…
Hein ! voyons, mon cher collègue…
Taisez-vous et commençons.
Ah ça ! on va donc vraiment nous juger ?… sous des pommiers ?
Et au milieu de toutes ces petites femmes.
Ce n’est pas sérieux !… ce n’est pas sérieux !
Vous allez voir !… Commençons !…
Un instant ! on ne peut pas nous juger, nous n’avons pas d’avocat.
Rassurez-vous, vous en aurez un.
Oh ! mais, nous ne voulons pas du premier venu.
Ne craignez rien. On vous donnera le meilleur… Il n’y en a qu’un. Ainsi…
Comment ! Il n’y a qu’un avocat dans la lune !
Allons donc !
Ah ça ! est-ce que vous croyez qu’on va laisser les avocats pulluler ici ?… ce serait trop dangereux… Et si même on pouvait ne pas en avoir du tout…
Ça, c’est assez juste…
Mais a-t-il du talent, au moins, votre avocat ?
Un talent énorme. Il est d’une éloquence… du reste, vous le connaissez, c’est…
Monsieur l’avocat !
Ah ! le voici ! (Entre Cactus.)
Comment ! Lui ?
Scène IV
Pardon ! je suis un peu en retard…
Lui avocat !
Un homme qui ne parle jamais !
Oui, dans la vie privée.
Je me ménage.
Voyez-vous ça !
Comme il cachait son jeu ! Eh bien, nous allons vous expliquer notre cause en deux mots…
Inutile… je n’étudie jamais mes affaires.
À la bonne heure, il est franc, il l’avoue, lui !…
Maintenant, nous pouvons commencer. (À Cactus.) La parole est à la défense.
Dites donc, soyez éloquent…
N’ayez pas peur… (Mouvement d’attention prolongé, avec la plus grande volubilité.) Messieurs, la rapidité, la spontanéité, et la volubilité de ma parole alerte et vertigineuse suffiront à peine pour énoncer dans tous ses points, creuser, scruter, disséquer les phases extraordinairement multiples et ondoyantes de cette cause qui vous passionne, vous remue, vous excite et vous émeut ! (Bravos dans la foule. Il s’essuie le front et reprend.) Au moment d’aborder un pareil sujet, je l’avouerai moi-même, messieurs, je suis ému, bien ému…
C’est magnifique !
Quel talent ! Il n’en a jamais tant dit.
Grand orateur, merci !
Oui, je suis bien ému, car j’en ai la conviction intime, mes clients ne sont pas coupables, et je le prouve.
Ah ! Il le prouve… écoutez ceci.
C’est assez !
Comment c’est assez ?
Je le prouve.
Je vous dis que c’est assez… regardez donc votre sablier, vous avez fini votre temps.
Ah ! pardon… c’est juste… plus de sable, je m’arrête… (Il quitte sa place.) La loi est formelle…
Comment, comment… c’est une mauvaise plaisanterie, votre sablier.
Une très mauvaise plaisanterie.
Maintenant la parole est à l’accusation.
Messieurs…
Hein ! permettez !
Il y a erreur.
Monsieur est notre avocat.
Eh bien ?
Eh bien, il vient de nous défendre, il ne peut pas nous accuser…
Au contraire… il n’a qu’à retourner son plaidoyer… (À Cactus.) Vous pouvez commencer.
Messieurs, ce que vient de dire mon honorable contradicteur est absolument faux, et je le prouve…
Hein ?…
Les trois misérables que vous voyez devant vous ont mérité les supplices les plus affreux, et c’est avec confiance, messieurs les juges, que j’appelle sur eux toute votre impartiale sévérité…
Non ! je ne permettrai pas ça ! C’est monstrueux !
On ne se conduit pas comme ça !
Je ne reviendrai plus me faire juger dans la lune !…
Ah ! vous n’êtes pas contents ! Eh bien ! soit, je clos les débats, et je prononce le jugement moi-même.
Comment ! sans délibération !
C’est inutile, il était fait d’avance… (Lisant.) Attendu que… etc, etc. La peine de mort n’existant pas dans la lune…
C’est toujours ça…
« Les nommés Vlan, Caprice et Microscope ne sont condamnés qu’à passer cinq ans dans l’intérieur d’un volcan éteint. »
Fichtre !
C’est raide !
Enfin, heureusement qu’il est éteint.
« Où ils seront absolument privés de toute espèce de nourriture. »
Comment, privés de nourriture !
Et vous dites que la peine de mort n’existe pas ?
Oui… Mais c’est un biais.
Oh ! Caprice, je ne t’abandonnerai pas !
Mon Microscope, je te vengerai.
Qu’on emmène les prisonniers !
Scène PREMIÈRE
Entrez là… Tout à l’heure on va vous descendre.
Nous descendre !
Il dit cela tranquillement, lui…
Et par où nous descendra-t-on ?
Par là… Voici le système.
Ah ! oui ! j’aperçois la mécanique… Voyons… C’est que ça me connaît, les mécaniques…
Dieu ! que c’est profond !
Oui… et voilà le panier qui va nous mener en bas. Vois-tu le panier ?… (Se retournant vers le garde.) Merci, mon ami… c’est très gai, tout ça…
Vous avez cinq minutes pour vous recueillir…
Scène II
Eh bien ! mes enfants, recueillons-nous…
Ah ! mon Dieu ! mon Dieu ! quel avenir !
Ma carrière brisée !…
Voyons, voyons, papa, un peu de courage… Fais comme moi, du moment que je ne puis pas avoir Fantasia, tout m’est égal, et, ma foi, à tout prendre, je ne serai pas fâché de voir un volcan.
Oui, mais voir un volcan pendant cinq ans.
Et sans aucune espèce de nourriture.
Bah ! nous nous y ferons peut-être…
Ô désespoir !
Ô abîme de désolation !
Pourquoi sommes-nous venus dans la lune ?
C’est ta faute…
Comment !
Certainement, c’est toi qui as inventé le canon.
Mais permettez…
Tais-toi, ta seule excuse, c’est que tu n’as pas inventé la poudre…
Allons ! allons ! Pourquoi récriminer… Après tout, je ne regrette pas d’être venu ici, moi, cela nous a fait voir du pays…
Un joli pays…
Et des femmes.
Parlons-en, des femmes !… tu vois où elles nous ont menés…
Oh ! j’aime encore mieux celles de la terre… (À part.) Ô Cascadine ! Cascadine ! comme elle doit s’ennuyer là-bas… Sans compter que sa tante n’est peut-être plus malade… Elle n’a plus rien à faire. (À ce moment, on entend une sonnerie. — Avec un cri.) Ah ! une dépêche !
Une dépêche…
Qu’est-ce que tu nous chantes ?…
Oui, une dépêche d’elle, de Cascadine… car vous ne savez pas, j’ai une petite liaison, sur terre, une artiste lyrique.
À ton âge !
Eh bien ?
Eh bien ! pour ne pas être tout à fait séparé d’elle, j’avais emporté un petit appareil télégraphique.
Tu avais un télégraphe dans ta poche et tu ne me l’as pas dit, animal ! Nous aurions pu avoir des nouvelles… Voyons, ta dépêche ?
C’est que c’est peut-être tout intime… enfin… (Il ouvre sa dépêche et lit.) « Mon bon lapin, affaires vont mal » Ah ! diable, elle va encore me demander de l’argent. (Reprenant.) « Si roi Vlan pas revenir bien vite, roi Vlan perd couronne. »
Hein ?
« Si roi Vlan perd couronne, toi perds position, si toi perds position, moi lâche toi. — Un baiser. — Cascadine. » Ah bien ! ah bien !
Si roi Vlan pas revenir bien vite, roi Vlan perd couronne !… Eh bien ! elle est gentille, ta dépêche !
Revenir !… comme si c’était facile !…
Je m’en chargerais bien encore… Seulement il faudrait être libres et nous avons nos cinq ans de volcan à faire…
Scène III
Les cinq minutes sont écoulées, on va vous descendre. Voici le roi.
Cosmos !…
Oui, mes amis… je vais descendre avec vous pour vous installer… ah ! seulement, moi je remonterai, tandis que vous…
Un instant, mon cher collègue, j’aurais deux mots à vous dire. Je viens de recevoir une dépêche de la terre… Des affaires très graves me rappellent chez moi et je vous demande un petit congé.
Un congé !
Oh ! je reviendrai… le temps d’aller et de venir.
Ah ! ah ! ah ! vous êtes gais, vous !
Mais non, c’est très sérieux.
Excessivement sérieux !
Tenez, voici la dépêche… « Si roi Vlan pas revenir bien vite, roi Vlan… »
Oui, oui… je vous crois, mais en attendant vous allez descendre. Le panier est tout prêt.
Mais…
Pas d’observations ! Je vous dis que le panier est prêt.
Y tient-il à son panier !
Allons, allons…
Passe, Microscope.
Après vous.
Ne fais donc pas de manières. (Microscope passe.) À toi, Caprice.
Ah ! ma foi ! à la grâce de Dieu !
Là ! les voilà embarqués… Il ne reste plus qu’à les faire descendre… Bonne chance !… C’est égal, ils ne vont guère s’amuser là-dessous ! Cré nom ! j’aime mieux que ce soit eux que moi !
Scène PREMIÈRE
Ohé ! là-haut !… Encore un peu ! (Le panier descend encore et arrive à toucher le sol.) Stop ! (Sortant du panier.) Messieurs, si vous voulez prendre la peine… nous sommes arrivés…
Voyons, mon cher Cosmos, je vous assure que mes affaires me rappellent sur terre…
Oui, oui, vous me l’avez déjà dit… commencez par faire votre temps et puis nous verrons.
Oh !
Du reste, de quoi vous plaignez-vous ? Vous serez très bien ici… c’est grand, il y a de quoi se promener… Tenez, là-bas, ça me parait très-gentil.
Gentil ! Il appelle ça gentil !
Le fait est qu’à première vue, ce n’est pas trop mal.
Veux-tu bien te taire ! Ne vas-tu pas lui donner raison !… ma parole d’honneur, je comprends qu’on aime le pittoresque, mais il y a des limites…
Sur ce, mes bons amis, je vous dis adieu… amusez-vous bien, moi je remonte au grand air. (Criant.) Ohé ! là-haut ! y êtes-vous ?
Oui !
Attention, vous allez me remonter… (À ce moment, la corde qui tient le panier est coupée en haut et tombe avec bruit.) Hein ? qu’est-ce que c’est que ça ?
On a coupé la corde !…
Oh ! elle est drôle !
Une lettre !… qu’est-ce que ça veut dire ? (Regardant la lettre.) L’écriture de Popotte ! (Il ouvre la lettre et lit.) Vous avez voulu faire périr mon Microscope, j’ai juré de le venger, je le venge, c’est moi qui viens de couper la corde…
Ah ! ah ! ah ! vous ne vous attendiez pas à ça !
Ce bon Cosmos !
Cet excellent Cosmos ! Eh bien, écoutez, elle a du bon, votre femme, elle est aimante… et, ma foi, sans Cascadine…
Mais c’est une indignité !… (Appelant.) Madame !
Voyons, voyons ! De quoi vous plaignez-vous ? vous serez très bien ici…
C’est grand, il y a de quoi se promener…
Tenez, là-bas, c’est très gentil…
Je vous conseille de rire…
Bah ! bah ! vous verrez que nous finirons par nous arranger ici une petite existence assez confortable… Pour ma part, je ne regrette qu’une chose, c’est d’être séparé de ma chère Fantasia.
Scène II
Mais je suis là, mon ami.
Ah !
Fantasia !
Caprice !
Comme on se rencontre dans un volcan !
Ma fille ici !… mademoiselle, voulez-vous bien vous en al… mais non ! elle ne peut pas !
Mais comment se fait-il ?
J’ai corrompu les gardes et j’ai pu descendre avant vous. (À Cosmos.) Ah ! tu as voulu qu’il meure ! Eh bien, je mourrai avec lui.
Là ! c’est bien fait !
Mais c’est impossible ! il doit y avoir une issue… cherchons !… Venez avec moi, et si nous parvenons à nous tirer de là, je vous promets votre grâce…
Notre grâce ?
Et la main de Fantasia ?
Oui, mais d’abord il faut sortir d’ici… cherchons. Tenez, là, dans cette galerie…
Moi, je vais de ce côté…
Le premier arrivé attendra les autres.
En route, alors !
En route !
Scène UNIQUE
Microscope ! ohé !
Ohé ! Microscope !
Me voici ! me voici !…
Avec tout ça, je n’aperçois pas d’issue.
Oh !
Avez-vous entendu ?
Ce doit être l’écho… Voyons donc ! (Il crie.) Oh ! oh !
Ah !
Ah ! mais, ça, ça n’a pas l’air du tout d’être l’écho !
Dites donc ! dites donc, Cosmos ?… êtes-vous bien sûr qu’il est éteint, votre volcan ?
Parfaitement sûr… Entre nous, je crois même qu’il ne s’est jamais allumé…
Mais on dirait que ça bouillonne, là-dedans… (Se mettant à tousser.) Ah ! pouah !… ça vous prend à la gorge !… (Le grondement a continué en grossissant, il se penche encore.) Mais oui… il y a du feu…
Ah !
J’ai peur !…
La lave !… Elle monte !…
Oh ! mon Dieu !… Caprice !
Sauvons-nous !
Sauve qui peut !…
Nous sommes perdus !
Une issue !… ah ! si je pouvais… à moi…
Scène UNIQUE
Mon Dieu ! où suis-je ?… Et Fantasia ?…
Caprice !
Ah ! vivante !
Vivant !
Ouf !
Holà !
C’est vous, Vlan ?
Oui… C’est vous, Cosmos ?
Oui… Vous n’avez rien ?
Je ne sais pas, je me tâte… Non, je ne crois pas. Voyons, mes enfants, faisons l’appel pour nous assurer que nous sommes au complet. (Appelant.) Caprice !…
Présent !
Fantasia !
Me voilà !
Microscope !… eh bien !… (Appelant encore.) Microscope !
Microscope !
Ah ! je l’aperçois ! eh bien ! il est joli !…
Holà ! holà ! prenez garde, je suis moulu !
Eh bien, mon garçon, je t’ai cru fricassé… Quand je t’ai vu sauter en l’air, je me suis dit : c’est fini !… Comment as-tu fait ton compte ?
Vous savez, un savant se tire toujours de tout.
Présent !
Vlan ?… (Silence. — Avec inquiétude.) Vlan ?… eh bien, il ne répond pas !… Mes enfants, nous avons eu la douleur de perdre un des nôtres !…
Mais papa, c’est toi…
C’est vous !
Ah ! c’est vrai… Dame, écoutez donc, après une secousse pareille, on ne sait plus ce qu’on est ou ce qu’on n’est pas… enfin, nous y sommes tous, c’est une chance.
Ah ! les voici ! les voici !
Eh bien, maintenant, mon cher Cosmos, vous savez ce qui est convenu ? Nous sommes libres.
Parfaitement.
Microscope, tu entends, il faut songer au départ.
Ah !… mais…
Pas d’observation !
Dame ! ça prendra peut-être un peu de temps… (Par réflexion.) Au fait, si je suis embarrassé, j’enverrai une dépêche sur terre.
Tenez, la voici qui se lève, la terre.
Terre ! terre !
Nous te saluons, ô terre !
Ô bel astre argenté !
Toi dont la lumière
Éclaire l’immensité !