Le Volcan d’or/Partie II/Chapitre 12

Bibliothèque d’éducation et de récréation (p. 406-417).


XII

ASSIÉGÉS.


Les compagnons de Ben Raddle et de Summy Skim ignoraient encore que le campement eût été découvert. De la place qu’ils occupaient au pied du Golden Mount, il leur était impossible de voir l’arête du plateau. Ils ne savaient même pas que Hunter et quelques-uns des siens eussent fait l’ascension de la montagne, et ils ne pouvaient par conséquent supposer que ceux-ci eussent aperçu le cheval échappé, à la poursuite duquel Neluto s’était élancé et qu’il avait, d’ailleurs, aisément rattrapé.

Dès que les deux cousins eurent rejoint le gros de la caravane, ils exposèrent la situation, et personne ne mit en doute qu’on n’eût à repousser une très prochaine attaque.

« Nous nous défendrons, déclara le Scout. Nous ne céderons pas la place à ces gueux d’Américains ! »

Un hurrah unanime accueillit ces paroles.

L’agression s’effectuerait-elle le jour même ? C’était probable. Hunter avait intérêt à précipiter les choses. Toutefois, ignorant quelles forces seraient opposées aux siennes, il n’agirait probablement pas sans quelque prudence. Il chercherait à se renseigner avant d’en venir aux mains. Peut-être même, après s’être assuré qu’il possédait la supériorité numérique, essayerait-il de parlementer et d’obtenir pacifiquement gain de cause. Cependant on ne devait pas perdre de vue qu’il ignorait encore avoir affaire à ses voisins du Forty Miles Creek. Lorsqu’il se retrouverait en présence de son ancien adversaire, cette circonstance ne serait pas de nature à faciliter un arrangement.

Une sorte de conseil fut tenu sans tarder entre les chefs naturels de la caravane, afin de décider les dernières mesures propres à assurer la défense.

Ben Raddle prit la parole :

« Notre campement est admirablement couvert, dit-il, d’un côté par le Golden Mount, de l’autre par le Rio Rubber, que Hunter et les siens ne pourraient traverser sans s’exposer au feu de nos carabines…

— En effet, monsieur Raddle, répondit le Scout. Malheureusement, par devant, nous ne sommes défendus que par le canal entre le rio et la montagne, et ce n’est pas un fossé large de sept à huit pieds qui arrêtera les assaillants.

— Non, tant que ce fossé est à sec, j’en conviens, répliqua l’ingénieur, mais il sera plus difficile de le franchir s’il est rempli d’eau jusqu’aux bords.

— Il faut l’inonder en coupant la berge du rio, s’écria Jane Edgerton.

— C’est mon avis, approuva Ben Raddle.

— Bien, monsieur Raddle, dit le Scout, c’est cela qu’il faut faire, et faire à l’instant. Nous avons quelques heures devant nous avant que la bande ait eu le temps de redescendre et de paraître en vue de notre campement… À l’ouvrage ! »

Bill Stell rassembla ses hommes. Munis de leurs outils, ils coururent à la berge, qu’ils attaquèrent à l’endroit où s’amorçait le canal. En quelques minutes, l’eau se déversait avec violence jusqu’au barrage établi à l’entrée de la galerie.

Toute communication était maintenant coupée avec la plaine.

Tandis que ce travail s’exécutait, Summy Skim, Jane Edgerton et Neluto s’occupaient de mettre les armes en état : carabines, rifles, revolvers, et aussi coutelas pour le cas où l’on en viendrait à lutter corps à corps. De poudre et de balles, il restait encore une suffisante réserve, ainsi que de cartouches toutes faites.

« Nous avons pour ces coquins, dit Summy Skim, autant de coups qu’ils en méritent, et nous ne les épargnerons pas…

— Mon idée, fit Neluto, est que, s’ils sont accueillis par une bonne fusillade, ils s’en iront comme ils seront venus.

— C’est possible. Mais, s’il faut se battre, comme nous sommes à couvert derrière les arbres et qu’ils ne le seront pas de l’autre côté du canal, cela compensera le désavantage du nombre. Par exemple, s’il y a jamais eu occasion de viser, c’est bien celle-ci !.. Ne l’oublie pas, Neluto.

— Comptez sur moi, monsieur Skim, » affirma l’Indien.

Ces préparatifs de défense rapidement terminés, il n’y eut plus qu’à surveiller les abords du campement. Des hommes furent placés en avant du canal, de manière à pouvoir observer toute la base méridionale du Golden Mount.

Il n’était personne qui ne se rendît compte des avantages de la position. L’espace trapézoïdal dans lequel était campée la caravane n’offrait plus d’autre issue que le barrage conservé à l’orifice de la galerie, barrage juste assez large pour les chariots. S’il y avait lieu de battre en retraite, de céder la place aux Texiens, cet étroit passage permettrait de gagner la plaine et d’atteindre la rive gauche du Rio Rubber. Si, au contraire, on voulait donner issue à l’eau venant du rio pour provoquer l’éruption du volcan, rien ne serait plus facile que de détruire le barrage en un instant à l’aide de cinq ou six cartouches qui furent enfoncées dans sa masse, et qu’une seule et même mèche réunit à celles antérieurement placées dans le fond de la galerie. En attendant qu’une telle éventualité se réalisât, on eut le soin de barricader ce passage en ne laissant qu’une étroite ouverture qui serait fermée au moment de l’attaque.

Tandis que les hommes de faction se tenaient au dehors, les autres déjeunèrent sous les arbres. Ben Raddle, Summy Skim et Jane Edgerton partagèrent leur repas. La pêche avait été abondante les jours précédents et les conserves étaient presque intactes. On alluma du feu, ce qui ne présentait plus aucun inconvénient, puisque le campement était découvert, et la fumée s’échappa librement entre les ramures.

Ce repas ne fut nullement troublé. Lorsque vint le moment de la relève des hommes de garde, l’approche de la bande n’avait pas été signalée.

« Peut-être, dit Summy Skim, ces coquins préféreront-ils nous assaillir pendant la nuit ?

— La nuit dure deux heures à peine, répondit Ben Raddle. Ils ne peuvent espérer nous surprendre.

— Pourquoi non, Ben ? Ils ignorent que nous sommes sur nos gardes et que nous connaissons leur présence au Golden Mount. Ils ne savent pas que nous les avons aperçus quand ils se trouvaient sur le bord du plateau.

— C’est possible, reconnut le Scout, mais ils ont vu le cheval qui s’est échappé. Un chien d’abord, dans la forêt, un cheval ensuite à travers la plaine, c’est plus qu’il ne faut pour qu’ils aient la certitude qu’une caravane est campée en cet endroit. Donc, soit dans l’après-midi, soit dans la nuit prochaine, attendons-nous à les voir. »

Vers une heure, Bill Stell traversa le barrage et rejoignit les hommes qui observaient les environs.

Pendant son absence, Ben Raddle et Summy retournèrent au bouquet d’arbres, d’où ils avaient aperçu Hunter et Malone sur l’arête du plateau. De ce point, les fumées du volcan étaient visibles. Elles s’élevaient à une cinquantaine de pieds au-dessus du cratère et tourbillonnaient avec force, traversées par d’incessantes langues de feu. La violence des forces volcaniques augmentait d’une façon manifeste. Y avait-il donc lieu de penser que l’éruption ne tarderait pas à se produire ?

C’eût été une explication très nuisible aux projets de l’ingénieur. Le volcan eût, en effet, rejeté des matières aurifères avec ses laves et ses scories, et les Texiens n’auraient eu que la peine de les recueillir. Comment Ben Raddle pourrait-il en disputer la possession ? Au campement, la caravane avait des chances de succès. En rase campagne, il lui serait impossible de lutter avec quelque avantage. Si l’éruption se produisait, elle se ferait au profit de Hunter, et la partie serait irrémédiablement perdue.

L’ingénieur éprouva d’autant plus d’inquiétudes que, contre ce danger, il n’y avait rien à faire, et il revint au campement plus soucieux qu’il n’en était parti.

À l’instant où il arrivait, Summy Skim lui montra le Scout qui accourait en toute hâte. Les deux cousins se portèrent au-devant de lui jusqu’au barrage.

« Ils viennent ! s’écria Bill Stell.

— Sont-ils loin encore ? demanda l’ingénieur.

— À une demi-lieue environ, répondit le Scout.

— Avons-nous le temps d’aller en reconnaissance ?

— Oui, dit Bill Stell.

Tous trois franchirent le canal et gagnèrent rapidement l’endroit où quelques hommes étaient en observation.

Il était facile, sans se montrer, d’embrasser la plaine du regard. Le long de la base du volcan, une troupe compacte approchait. La bande entière devait être là. On voyait reluire les canons des fusils. Ni chevaux, ni chariots. Tout le matériel avait été laissé en arrière.

Hunter, Malone et le contre-maître marchaient en tête. Ils avançaient avec une certaine prudence, s’arrêtant parfois et descendant de plusieurs centaines de pas dans la plaine, afin d’apercevoir le sommet du Golden Mount.

— Avant une heure ils seront ici, dit Ben Raddle.

— Il est évident que notre campement leur est connu, répondit Summy Skim.

— Et qu’ils viennent l’attaquer, ajouta le Scout.

— Si j’attendais que Hunter fût à bonne portée, s’écria Summy Skim, je le saluerais d’un coup de fusil, et je me fais fort de le démonter comme un canard.

— À quoi bon ? objecta Ben Raddle. Non, rentrons au camp et gardons jusqu’au bout le bon droit de notre côté. »

C’était le plus sage. La mort du Texien n’aurait pas empêché une attaque, qui, après tout, n’était pas encore absolument certaine.

Ben Raddle, Summy Skim et le Scout revinrent donc au canal. Dès qu’ils eurent franchi un à un le barrage, l’ouverture de la barricade fut bouchée avec des pierres préparées à cet effet. Dès lors, il ne restait plus aucune communication entre les deux berges du canal.

L’ouverture de la barricade fut bouchée avec des pierres. (Page 411.)

Tous reculèrent alors de soixante pas, et se replièrent derrière les premiers arbres, où l’on serait à l’abri, si on en venait aux coups de feu, ce qui devenait infiniment probable, puis, les armes chargées, on attendit.

Mieux valait, en effet, patienter jusqu’à la dernière extrémité, laisser approcher la bande et n’intervenir qu’au moment où elle essaierait de franchir le canal.

Une demi-heure plus tard, Hunter, Malone et leurs compagnons apparaissaient au tournant de la montagne. À petits pas, les uns en longèrent la base, les autres se dirigèrent vers le rio, dont ils descendirent la rive gauche.

La moitié de ces hommes étaient des mineurs que Ben Raddle, Summy Skim et Neluto avaient vu travailler sur le claim 131 du Forty Miles Creek. L’autre moitié se composait d’une vingtaine d’Indiens, embauchés par Hunter à Circle City et à Fort Yukon pour cette campagne au littoral de la mer Polaire.

Toute la bande se réunit, lorsqu’elle eut atteint le canal, au bord duquel Hunter et Malone s’arrêtèrent.

Tous deux engagèrent avec leur contre-maître une conversation qui devait être vive à en juger par leurs gestes. Que sous la protection de ces arbres fût installé un campement, ils n’en pouvaient douter. Mais ce qui semblait leur causer un véritable désappointement, c’était le canal qui leur opposait un obstacle assez difficile à franchir, si une fusillade éclatait à soixante pas de là.

Ils avaient reconnu au premier coup d’œil que ledit canal avait été creusé récemment. Dans quel but ? Ils ne pouvaient certainement le deviner, l’orifice de la galerie étant invisible, derrière un fouillis de branches. D’ailleurs, comment auraient-ils imaginé jamais que cette galerie fût destinée à déverser les eaux du rio dans les entrailles du Golden Mount ?

Cependant, Hunter et Malone allaient et venaient sur la berge, en quête sans doute d’un moyen de passer. Il leur fallait de toute nécessité s’avancer jusqu’au petit bois, soit pour prendre contact avec ceux qui l’occupaient, soit pour s’assurer que ceux-ci avaient quitté la place, ce qui était possible après tout.

Au bout de quelques minutes, leur contre-maître vint les rejoindre et montra du geste le barrage qui seul permettait de franchir le canal à pied sec.

Tous trois se dirigèrent de ce côté. En voyant la barricade qui ne présentait aucune ouverture, ils durent forcément penser que le bois n’était pas abandonné, et qu’ils trouveraient un campement de l’autre côté de cette barricade.

Ben Raddle et ses compagnons, derrière les arbres, suivaient tous les mouvements de la bande. Ils comprirent que Hunter allait se frayer un passage en déplaçant les pierres entassées sur le barrage. Le moment était venu d’intervenir.

« Je ne sais, dit Summy à voix basse, ce qui me retient de lui casser la tête !.. Je l’ai au bout de mon fusil…

— Non… ne tire pas, Summy, répliqua Ben Raddle, en abaissant l’arme de son cousin. Le chef tué, resteraient les soldats. Peut-être est-il préférable d’essayer de s’expliquer avant d’en venir aux coups. Qu’en pensez-vous, Scout ?

— Essayons toujours, répondit Bill Stell, quoique je n’aie pas d’illusion sur le résultat. Si ça ne fait pas de bien, ça ne peut pas faire de mal.

— En tout cas, recommanda Jane Edgerton, ne nous montrons pas tous. Il ne faut pas que Hunter puisse nous compter.

— C’est juste, approuva l’ingénieur, moi seul…

— Et moi, » ajouta Summy Skim, qui n’eût jamais consenti à se cacher devant Hunter.

Ce fut au moment où, sur un signe du Texien, quelques-uns de ses hommes s’avançaient afin de démolir la barricade, que Ben Raddle et Summy Skim parurent à la lisière du petit bois.

Dès que Hunter les aperçut, il fit signe à ses hommes de battre en retraite, et toute la bande se tint sur la défensive à dix pas environ de la berge du canal.

Seuls, Hunter et Malone se rapprochèrent, le fusil à la main.

Ben Raddle et Summy Skim avaient eux aussi leurs carabines, dont ils posèrent la crosse à terre. Les deux Texiens les imitèrent aussitôt.

« Eh ! s’écria Hunter, avec l’accent de la surprise, c’est vous, le diable m’emporte, messieurs du cent vingt-neuf !

Il y eut quelques instants de dramatique silence. (Page 415.)

— Nous-mêmes, répondit Summy Skim.

— Je ne m’attendais guère à vous trouver à l’embouchure de la Mackensie, reprit le Texien.

— Pas plus que nous à vous voir y arriver, répliqua Summy Skim.

— Cela prouve que votre mémoire ne vaut pas la mienne. N’y a-t-il pas entre nous une vieille affaire à régler ?

— Elle peut l’être aussi bien ici que sur les claims du Forty Miles Creek, riposta Summy Skim.

— À votre aise !

Hunter, chez qui la colère succédait à la surprise, releva vivement son fusil. Summy Skim en fit autant.

Un mouvement se produisit dans toute la bande, mouvement que Hunter réprima du geste. Avant d’engager la partie, mieux valait savoir le nombre de ses adversaires, et c’est en vain qu’il fouillait du regard l’intérieur du petit bois. Aucun des hommes de la caravane ne se laissait apercevoir entre les arbres.

Ben Raddle jugea l’instant venu de s’interposer. Il s’avança jusqu’à la berge. Séparés l’un de l’autre par le canal, Hunter et lui étaient seuls face à face, Malone et Summy étant restés en arrière.

— Que voulez-vous ? demanda l’ingénieur d’une voix calme.

— Nous voulons savoir ce que vous êtes venus faire au Golden Mount.

— De quel droit ?

— Voici mon droit ! répondit brutalement Hunter en frappant le sol de la crosse de son fusil.

— Et voici le mien ! riposta Ben Raddle en l’imitant.

Il y eut quelques instants de dramatique silence.

— Encore une fois, reprit le Texien, qu’êtes-vous venus faire au Golden Mount ?

— Ce que vous venez y faire vous-mêmes, répondit Ben Raddle.

— Votre but serait-il d’exploiter le gisement ?

— Oui. Le gisement qui nous appartient.

— Le Golden Mount n’appartient à personne, protesta Hunter. Il est à tout le monde.

— Non, répliqua Ben Raddle. Il est aux premiers occupants.

— Il ne s’agit pas de l’avoir occupé le premier, s’écria Hunter.

— Vraiment ! De quoi s’agit-il donc ?

— De pouvoir le défendre.

— Nous sommes prêts, déclara l’ingénieur avec calme.

— Une dernière fois, reprit Hunter que le sang-froid abandonnait peu à peu, voulez-vous nous céder la place ?

— Venez la prendre, » répondit Ben Raddle.

Sur un signe de Malone, des coups de feu éclatèrent. Aucun n’atteignit ni Ben Raddle, ni Summy Skim, qui se rabattirent vers le petit bois. Avant de disparaître sous les arbres, Summy Skim se retourna, épaula vivement et tira sur Hunter.

Le Texien, en se jetant de côté, put éviter la balle qui alla frapper mortellement un de ses hommes.

Des deux côtés crépita la fusillade. Mais les compagnons de Ben Raddle, abrités derrière les arbres, n’en souffrirent pas à beaucoup près autant que les assaillants. Il y eut quelques blessés parmi les premiers, il y eut des morts parmi les seconds.

Hunter comprit qu’il risquait de laisser décimer sa bande, s’il ne parvenait pas à franchir le canal. Il ordonna à ses hommes de se coucher sur le sol. Les terres rejetées sur les berges formaient une sorte d’épaulement qui permettait de s’abriter à la condition de rester étendu. Dans cette position, il était possible de diriger impunément un feu nourri contre le bois, d’où personne ne pouvait plus sortir sans danger.

Ainsi soutenus, Malone et deux des siens, sur l’ordre de Hunter, se dirigèrent vers le barrage en rampant sur le sol. Ils l’atteignirent sans dommage, et, à l’abri derrière les roches de la barricade, ils commencèrent à détacher peu à peu les pierres, qui retombaient dans le canal.

Ce fut sur ce point que se porta toute l’attention de la défense. Si le passage était forcé, si la bande parvenait jusqu’au petit bois et envahissait le campement, tout espoir de résistance serait perdu, et l’avantage resterait au plus grand nombre.

Aucune des balles parties du petit bois n’alla frapper Malone et ses deux compagnons. Bill Stell, voulant à tout prix les empêcher de franchir le barrage, parlait déjà de faire une sortie et d’aller combattre corps à corps.

Ben Raddle l’arrêta. C’eût été dangereusement s’exposer que de vouloir traverser l’espace découvert qui séparait le bois du canal. Ce danger, mieux valait le laisser à Hunter et aux siens, qui le courraient également, lorsque, après avoir dépassé la barricade, ils se précipiteraient vers le campement. Jusque-là, le mieux à faire était de diriger un feu incessant contre le barrage, tout en répondant aux multiples coups de fusil tirés de l’épaulement du canal.

Une dizaine de minutes s’écoulèrent dans ces conditions. Aucun de ceux qui étaient occupés à la barricade n’avait été blessé. Mais, lorsque l’ouverture eut été agrandie, les balles commencèrent à porter.

Un des Indiens fut renversé. Aussitôt, un autre le remplaça qui eut le même sort. Au même instant, une balle, envoyée par Neluto, atteignit Malone en pleine poitrine. Le Texien tomba, et sa chute provoqua un cri terrible de toute la bande.

« Bien, bien, dit Summy Skim à Neluto posté près de lui. Fameux coup ! celui-là !.. Mais laisse-moi Hunter, mon garçon ! »

Celui-ci, après la chute de Malone, parut renoncer à une attaque qui ne pouvait décidément réussir. Dans ces conditions, les assaillants finiraient par se faire tuer l’un après l’autre jusqu’au dernier. Ne voulant pas exposer ses hommes davantage, il donna le signal de la retraite, et la bande, emportant ses blessés sous la fusillade qui salua sa fuite, reprit le chemin de la plaine et disparut au tournant du Golden Mount.