Le Tombeau de Jean de La FontaineMercure de France (p. 123-124).
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LE HIBOU


Celui qui volontiers demeure solitaire,
Les poètes souvent le traitent de hibou.
Je suis pourtant l’oiseau dont le vol souple et mou
Accompagne la nuit la galante galère
Qui vogue vers Cythère.
Tu me fais un grief d’aimer trop mon enfant,
De le trouver trop beau, d’être cause que l’aigle,
Induit dans une erreur par mon signalement,

Le croque, cependant qu’il avait pris pour règle
De n’y toucher aucunement.
Or tu blesses ainsi mon amour maternelle
Bien plus que ne ferait une flèche mon aile !
Aussi je te réponds : Ô poète léger !
Afin que je l’épargne, et pour la protéger
Au cas qu’elle soit gentille,
Veuille me peindre ta fille.