Le Tigre de Tanger (Duplessis)/III/IV

et Albert Longin
L. de Potter (3p. 75-109).

IV

Un caprice de jeune fille.

Dans la matinée du 1er mai de l’année 1685, c’est-à-dire environ trois semaines après la mort tragique de lord Lisle, une foule compacte et nombreuse encombrait les abords de Newgate, la sombre et terrible prison où nous avons déjà introduit le lecteur au début de ce récit.

Il aurait été difficile à celui qui eût ignoré le motif de ce rassemblement de lui assigner sa raison d’être, car il manquait complètement d’homogénéité dans son ensemble et ne représentait spécialement aucune classe de la société : on y voyait des lords, des ouvriers, des marchands, des domestiques, des grandes dames, des boutiquières et des servantes. Aucun cri politique, aucune exclamation qui indiquât un enthousiasme ou une colère populaire, ne s’élevait au milieu du bourdonnement confus de la multitude ; mais si les bouches de ceux qui composaient le rassemblement étaient silencieuses, en revanche leurs visages dénotaient un même et unique sentiment, celui de la curiosité. Tous les cols étaient tendus, tous les yeux étaient fixés vers la grande porte de Newgate ; c’était à qui approcherait au plus vite de la lugubre demeure.

Un Français peu au courant des usages anglais qui, après de grands efforts, serait parvenu à atteindre l’endroit assiégé par la foule, aurait certes regretté son temps, sa peine et sa fatigue, en apercevant une vingtaine d’individus des deux sexes attachés à des poteaux placés sur des tréteaux élevés, et il se serait éloigné, croyant assister, — ce qui eût été une grave erreur, — à une exposition de condamnés au pilori. De tous ces gens ainsi livrés à l’avide curiosité du public, pas un seul n’avait encore comparu devant les tribunaux, et plusieurs devaient être à coup sûr parfaitement innocents de tout crime ; seulement ils étaient soupçonnés de vol, et la magistrature, — moyen essentiellement commode, expéditif et économique d’établir une instruction, — les livrait à la vue de la foule, afin que chacun pût révéler ce qu’il savait de leurs antécédents, de leur passé.

Aux pieds des tréleaux, se tenaient un shérif et un huissier, le premier chargé de recevoir les déclarations qu’on pourrait avoir à lui adresser, le second prêt à en dresser procès-verbal.

Parmi les infortunés placés d’une si triste façon en évidence, il en était un surtout qui attirait l’attention des spectateurs ; et cela, certes, non sans raison.

Sa longue figure blafarde, son corps maigre et allongé comme celui d’une belette, son air gauche et piteux, la maladresse qui perçait jusque dans ses moindres mouvements, sa contenance grotesque, et par-dessus tout l’expression indescriptible de son masque, — nous n’osons écrire visage, — continuellement agité par un tressaillement nerveux qui produisait les grimaces les plus étonnantes et les moins attendues, l’avaient fait adopter tout d’abord par la foule comme le comique de la cérémonie. C’était à qui lui adresserait la parole, À toutes les interpellations, plus grossières et banales que malveillantes et injurieuses, qui lui tombaient de tous les côtés, le maigre personnage levait les yeux aux ciel, et se contentait de murmurer une strophe d’Horace.

Tout à coup l’infortuné, qui depuis une heure que durait son supplice n’avait pas daigné répondre aux agaceries de la foule, abaissa son regard vers la terre, et d’une voix émue :

— Merci, milady, de vos bonnes paroles, dit-il ; Dieu vous récompensera de votre charité !… Oui, oui, je le jure sur mon salut éternel, je suis pur de toute faute, innocent de tout crime…

— Tiens, il parle anglais ce gentil damoiseau ! s’écria un des assistants. Voyez, mes amis, comme nous nous trompions grossièrement en le prenant pour un robuste Patagon, venu du cap Horn à Londres sur une montagne de glace !… Ah ! il parle anglais, ce gai compagnon… Alors, c’est donc par mépris ou fierté qu’il refuse de répondre à nos aimables avances ?… Par la mort ! s’il s’obstine dans son silence, il faut le lapider pour lui apprendre à vivre !… La foule aurait sans aucun doute accueilli ces grossières facéties par de bruyants éclats de rire, si son attention n’eût pas été captivée par la présence de la jeune femme à laquelle le long, maigre, et pour ainsi dire diaphane personnage attaché au pilori, venait d’adresser des remercîments ! Nous devons ajouter que la rare beauté de l’inconnue, la séduisante et gracieuse modestie de son maintien, l’enchanteresse pureté de son regard et la douceur de son sourire motivaient certes, et au delà, la curiosité pleine d’admiration dont elle était l’objet. Elle donnait le bras à un homme âgé d’environ soixante ans dont l’aspect grave et la sombre toilette faisaient encore plus ressortir la resplendissante jeunesse de sa compagne.

À côté de la séduisante créature et la protégeant avec un soin extrême contre les brusques ondulations de la foule, se tenait un lieutenant des gardes-du-corps de Sa Majesté, le nouveau roi Jacques II.

Ce jeune officier était remarquable à plus d’un titre ; sa bonne mine et l’élégante noblesse de sa tournure eût pu suffire, à défaut de la richesse de son uniforme[1], pour le mettre partout en évidence.

Au reste, aucun des trois personnages qui entrent ici en scène n’est étranger au lecteur : tous ont déjà figuré, quoique d’une façon peu importante, au début de ce récit. L’homme de cinquante ans se nomme sir Charles Murray, la jeune fille est sa bien-aimée Lucy, et l’officier s’appelle Henri Lisle.

Lucy, dont les paroles compatissantes étaient parvenues jusqu’aux oreilles du pauvre diable si amoureux des odes d’Horace, sentit son beau visage se couvrir de rougeur, lorsque les remercîments de ce dernier attirèrent sur elle tous les regards.

— Mon bon père, dit-elle en baissant la voix, je vous en conjure, venez en aide à cet infortuné… Je ne puis m’expliquer ce phénomène, mais une voix me crie qu’il est, comme il l’affirme, innocent de tout crime, pur de toute faute…

— Ma fille, répondit gravement le puritain, Dieu qui lit dans le cœur de ses créatures a seul le droit de juger irrévocablement un homme… Toutefois, si nous méfiant de la faiblesse de notre intelligence nous n’osons condamner que sur des preuves certaines, irréfutables, il ne s’en suit pas que nous devions absoudre par caprice. Laissons la justice suivre son cours…

La charmante enfant baissa la tête et n’osa insister auprès de son père. Son regard suppliant et expressif rencontra, par hasard sans doute, celui de Henri Lisle qui tressaillit à ce muet langage et se retournant vers Murray lui dit avec une amicale vivacité :

— Cher baronnet, vos reproches s’adressent aussi bien à moi qu’a Lucy, car je partage complètement son opinion… Du moment que j’ai aperçu cet infortuné, j’ai cru tout de suite à son innocence… Permettez-moi d’ajouter que le caprice qui vient en aide à un malheureux, ne s’appelle plus caprice, mais bonne action. Or, il vaut mieux, selon moi, courir la chance de mal placer un bienfait, que s’exposer à laisser souffrir un être humain digne d’intérêt et de pitié !…

— C’est également mon opinion, sir Henri. Seulement la pitié ne doit pas être irréfléchie. Dans ce cas-ci, par exemple….

— Je suis ravi, sir Charles, de voir que vous m’approuvez ! s’écria précipitamment le jeune homme en interrompant son interlocuteur. Alors veuillez m’attendre un moment, Je vais sans perdre de temps, offrir ma caution au shérif.

Après avoir fait cette réponse, qui lui valut de Lucy un charmant regard, le garde-du-corps, craignant probablement que son vieil ami ne songeât à s’opposer à son dessein, s’éloigna en toute hâte.

Henri Lisle n’était plus qu’à un pas de l’endroit où se tenait le shérif, et déjà il portait la main à son casque et préparait son plus avenant sourire, quand une main nerveuse s’abaissa avec un rude sans gêne sur son épaule et l’arrêta. Le garde-du-corps tressaillit et se retourna avec une promptitude menaçante ; néanmoins ses grands yeux noirs restèrent calmes et limpides ; il croyait évidemment à une méprise et s’attendait à des excuses : il fut grandement trompé dans ses prévisions. Au reste, si Henri eût su que l’homme qui usait d’une si blessante familiarité à son égard, suivait depuis une demi-heure Lucy à travers la foule, s’il eût pu voir l’ardent regard dont il enveloppait la jeune fille, s’il eût entendu les exclamations passionnées que chacun des mouvements de l’adorable enfant faisait tomber de ses lèvres, il eût alors compris tout de suite que l’action de l’inconnu était une provocation, presque une insulte, et que la main qui pesait ainsi sur son épaule était impatiente de verser son sang.

Mais le lieutenant des gardes ignorait ces circonstances ; aussi resta-t-il dans une sorte de calme durant deux ou trois secondes ; bientôt un frisson de colère lui passa à travers le corps, et de ses paupières, subitement dilatées, jaillit un éclair de fureur. La contenance de son adversaire justifiait parfaitement, d’ailleurs, le changement subit survenu dans les sentiments de Henri Lisle.

C’était un homme dans la force de l’âge, aux formes souples et nerveuses ; ses manières étaient hautaines, l’expression de son visage disait l’audace et l’arrogance ; quant à son costume, moitié civil, moitié militaire, il était d’une richesse extrême, quoique un peu théâtrale, qui, ridicule chez tout autre, allait merveilleusement bien avec sa provocante allure.

Ce fut lui qui, le premier, prit la parole.

— Lieutenant, deux mots, dit-il d’une voix ironique et impérieuse. Votre galant empressement à obéir au désir manifesté par miss Murray contrarie mes projets. Veuillez donc, je vous prie, ne pas donner suite à votre démarche !

Alors, sans attendre la réponse du jeune homme, le bizarre personnage coudoya violemment un groupe de curieux stationnant devant le pilori, et, insensible aux cris et aux injures de ceux qu’il avait failli renverser, il atteignit l’endroit réservé où se tenait le shérif.

— Monsieur, dit-il en saluant légèrement le magistrat, de quel crime est accusé ce mélancolique squelette ? D’aucun, je le parierais. Le pauvre diable porte tout bonnement la peine de sa mauvaise mine. À quoi bon chercher son dossier ? Je vous répète que cet homme est innocent : cela doit vous suffire. Au reste, je le réclame. Quelle caution dois-je fournir ?

Le shérif, décontenancé par le ton impérieux et les façons insolites de l’inconnu, resta un instant sans répondre.

— Eh bien ! monsieur, reprit ce dernier avec hauteur, il me semble que vous me faites attendre.

Cette fois, c’en était trop : le magistrat, remis de son trouble, jeta sur son interlocuteur un regard assez semblable à celui du dogue prêt à sauter à la gorge d’un ennemi ; puis, dune voix qui s’harmonisait parfaitement avec ce regard :

— Qui êtes-vous ? lui cria-t-il.

— Le colonel Percy Kirke.

— Le colonel Percy Kirke, répéta le shérif avec un étonnement presque mêlé d’effroi, le colonel Percy Kirke, le commandant en chef des troupes anglaises de Tanger ?…

Un singulier sourire entr’ouvrit les lèvres du colonel.

— Oui, le Kirke de Tanger, répondit-il, ce même Kirke que l’on accuse avec raison de ne reconnaître d’autre autorité que celle de son propre caprice ; le Kirke des joyeuses orgies et des rudes batailles ; le Kirke dont la main et l’épée ont versé, l’une tant d’or, l’autre tant de sang !… Oui, je suis, comme on l’a écrit, cet implacable et dévoué sauvage qui n’hésiterait pas plus à sacrifier sa tête pour sauver les jours d’un ami, qu’il ne balancerait un instant à poursuivre et à poignarder un ennemi jusque sur les marches du trône, et cela quand bien même le manteau royal s’étendrait entre lui et sa proie ! À présent que vous savez qui je suis, monsieur le shérif, j’aime à croire que ma caution vous paraîtra suffisante, et que vous ne jugerez pas nécessaire de m’agacer les nerfs par de longues et inutiles formalités…

— Il est incontestable, colonel, que votre grade élevé, votre haute position, me sont de suffisantes garanties pour la mise immédiate en liberté du pauvre hère que vous réclamez ; d’autant mieux qu’aucune charge bien grave ne pèse sur lui, répondit le shérif avec une aménité et un empressement qui montraient combien il redoutait d’indisposer son terrible interlocuteur… Il a été arrêté sur la plainte d’un rôtisseur qui, le voyant errer constamment devant sa boutique, l’a pris pour un malfaiteur !… Cependant, colonel, croyez-en mon expérience, ne vous fiez pas entièrement à ce jeune drôle ; il n’est guère possible qu’un homme aussi scandaleusement maigre puisse être foncièrement vertueux !…

Une minute plus tard, le malheureux attaché au pilori provisoire était remis entre les mains de Kirke.

— Ton nom ? lui demanda le colonel.

Cornwell, Votre Grâce !

— C’est bon ; suis-moi.

Dès que le piteux Cornwell et son protecteur eurent franchi la balustrade qui défendait les tréteaux, la foule les entoura avec une avide curiosité.

— Arriere, drôles ! s’écria le colonel d’une voix impérieuse.

Aussitôt le vide se forma autour d’eux. Le nom de Kirke avait été entendu, et la réputation du fougueux et irascible officier de fortune était déjà si répandue dans Londres, des anecdotes si étranges et si épouvantables circulaient sur son compte, que le plus téméraire spadassin de l’époque n’aurait certes pas osé relever son gant.

Pendant que le colonel Kirke causait avec le shérif, Lucy, ravie de l’empressement montré par Henri Lisle, et toute joyeuse de la prochaine liberté de l’infortuné auquel elle s’était si soudainement intéressée, avait entraîné son père dans la direction suivie par le garde-du-corps. Aussi, les premières personnes qu’aperçut Kirke en sortant de l’enceinte réservée au shérif furent-elles justement le puritain et sa fille.

Il s’avança à leur rencontre, et saluant miss Lucy avec une exquise politesse.

— Mademoiselle, dit-il en lui présentant Cornwell, vous avez daigné vous intéresser à cet homme, aussitôt ses fers sont tombés. Je regrette que l’accomplissement de votre souhait m’ait coûté si peu de peine, m’ait offert si peu d’obstacles à vaincre. Soyez persuadée que si vous aviez exigé l’impossible, vous auriez été également obéie.

Kirke tira alors une bourse de sa poche, et l’offrant a Cornwell :

— Prends ceci, mon garçon, lui dit-il, et remercie miss Lucy Murray de son humanité.

— Mylord, répondit Cornwell en s’inclinant profondément devant le colonel, j’avoue qu’une vie entière d’obéissance et de dévoûment me serait insuffisante pour m’acquitter envers miss Murray. À partir de ce moment, je lui appartiens corps et âme, je deviens son esclave ! Quant à l’aumône que vous m’offrez, colonel, je n’en ai que faire. Gardez votre or ; je ne suis pas un mendiant, je suis un poète !

Cornwell prononça ces dernières paroles avec une dignité un peu emphatique, mais pourtant réelle et sentie. Kirke le regarda d’un air tout étonné, haussa les épaules, et avisant à une petite distance de lui un mendiant, il lui jeta sa bourse.

Quant à sir Charles Murray et à sa fille, leur stupéfaction était si grande, ils étaient si peu préparés à ce qui leur arrivait, que ni l’un ni l’autre n’avaient encore pu prendre la parole.

Toutefois le vieux puritain, comprenant que garder un plus long silence ce serait sanctionner les galanteries du colonel, se décida à intervenir.

— Monsieur, lui dit-il d’un ton sec, j’ignore comment vous avez appris mon nom, et cette fois, si je ne me trompe, est la première de ma vie que nous nous trouvons en présence l’un de l’autre, Si vous êtes venu en aide à ce malheureux, par un simple sentiment d’humanité, je vous approuve ; si c’est dans l’unique intention de complaire au désir de ma fille que vous avez agi, vous vous êtes rendu coupable d’une légèreté, d’une inconséquence, je puis même ajouter d’un manque complet de savoir-vivre et de tact. Monsieur, je suis votre très humble serviteur. Venez, Lucy, venez !

Le puritain s’éloignait déjà lorsque le colonel lui barrant le passage :

— Monsieur, lui dit-il froidement, il est vrai que, jusqu’à ce jour, nous avons été étrangers l’un à l’autre ; mais, à partir d’aujourd’hui, je dois tenir une grande place dans votre existence !… Dans une heure, sir Charles, je serai chez vous… Ne m’interrompez pas par d’inutiles dénégations… Dans une heure, je vous le répète, sir Charles, je serai chez vous, et loin de vous refuser à m’entendre, vous m’interrogerez avec anxiété, vous recueillerez avidement mes moindres paroles !… Miss Lucy, recevez mes plus respectueux hommages. À bientôt, dans une heure.

Kirke s’inclina profondément devant la jeune fille, salua le puritain avec politesse, et s’éloigna rapidement, tandis que Lucy cherchait d’un œil inquiet dans la foule si elle n’apercevrait pas un uniforme des gardes du roi.

À peine Kirke avait-il fait quelques pas qu’il se sentit atteint par un choc violent à l’épaule ; c’était la main de Henri qui le frappait ainsi.

— C’est vous ! très bien ! je vous attendais ! dit le colonel.

— Vous ne m’auriez pas attendu, monsieur, si je n’avais craint d’effrayer miss Lucy !…

— Vous désirez une explication ?

— Une explication, répéta lentement le jeune homme. Savez-vous bien, monsieur, que ce mot éveille dans mon esprit un doute fort injurieux pour votre honneur.

— Quel doute ? monsieur, je vous prie.

— Je me demande si l’individu qui me parle est bien ce fameux colonel Kirke, de si sanglante renommée, ou si plutôt je ne suis pas en présence d’un imposteur !… Kirke insulter un militaire, un officier du roi, et parler ensuite d’explication !… Non, non, monsieur, vous n’êtes pas Kirke. Vous êtes un impudent drôle qui veut jouer un rôle au-dessus de ses forces, et qui, menacé par la pointe d’une épée, se trouvera trop heureux, pour sauver sa vie, d’offrir son dos au bâton !…

Tandis que Henri Lisle, le regard plein de flammes, la voix vibrante, le corps animé par un tremblement convulsif, s’exprimait ainsi, une pâleur blafarde couvrait les joues de son interlocuteur.

Bientôt cependant, le colonel reprit tout son sang-froid, et regardant le jeune homme d’un air moqueur :

— Votre perspicacité n’est pas en défaut, monsieur, lui dit-il ; non, je ne suis pas Kirke, car si j’étais Kirke, mon grade m’empêcherait de vous couper la gorge, et je tiens énormément à me procurer ce plaisir.

— À la bonne heure donc ! s’écria le garde du roi. Venez, monsieur ; à cinq cents pas d’ici, je connais un endroit où nul ne viendra nous interrompre dans la conversation que vous voulez bien m’accorder.

Les deux hommes se saluèrent, et, sortant de la foule, s’éloignèrent, marchant à côté l’un de l’autre dans la direction de Lincoln’s-Inn-Fields.

  1. Un historien contemporain de cette époque dit, en parlant des gardes-du-corps : « Leurs beaux chevaux, leurs riches harnachements, leurs cuirasses et leurs habits de peaux de buffle ornés de rubans, de velours et de tresses d’or, font le plus bel effet dans le pare de Saint-James. »