Le Testament de Jean Meslier/Édition 1864/Chapitre 30

Le Testament
Texte établi par Rudolf Charles MeijerLibrairie étrangère (Tome 2p. 24-25).

XXX.


CINQUIÈME PREUVE.


Passons à la cinquième preuve, que je tirerai de la fausseté de leur doctrine. Il n’y a point de Religion, qui ne prétende enseigner la plus pure, la plus sainte et la plus véritable doctrine. Cependant il n’y en a pas une, qui ne soit toute mêlée et comme paitrie d’erreurs, d’illusions, de mensonges et d’impostures : c’est ce que l’on peut par conséquent véritablement dire de la Religion Chrétienne, Apostolique et Romaine, aussi bien que de toutes les autres Religions : d’où je tire cet argument : Une Religion qui reçoit, qui aprouve et qui autorise même des erreurs dans sa doctrine et dans sa morale, ne peut être une véritable Religion, et ne peut véritablement être d’institution divine. Or la Religion Chrétienne, et principalement la secte Romaine, reçoit, aprouve et autorise des erreurs dans sa doctrine et dans sa morale, c’est ce qu’il est facile de faire voir : 1o. elle reçoit, aprouve et autorise des erreurs dans sa doctrine, puisqu’elle enseigne et qu’elle oblige de croire, non seulement des choses qui sont fausses, mais aussi des choses qui sont ridicules et absurdes, et qui sont entièrement contraires à ce que l’on devroit penser de la bonté, de la sagesse, de la justice et de la miséricorde d’un Dieu, qui seroit infinement parfait. En second lieu elle reçoit, aprouve et autorise aussi des erreurs dans sa morale. 2o. Parce qu’elle aprouve et autorise des maximes, qui tendent au renversement de la justice et de l’équité naturelle. 3o. Parce qu’elle blâme et qu’elle condamne comme vicieuses, les plus légitimes inclinations de la nature, et qu’elle souffre, qu’elle favorise et autorise des abus, qui choquent ouvertement la droite raison, et qui sont entièrement contraires à la justice et au bon gouvernement des hommes. C’est ce qu’il est facile de faire manifestement voir, par la seule exposition de ces erreurs et de ces abus-là : car les exposer simplement et naïvement, tels qu’ils sont, avec toutes leurs circonstances et dépendances, c’est suffisamment les rechercher.