L’IdoleAlphonse Lemerre, éditeur (p. 4-5).




LE SONNET DES YEUX





Le ſoleil des beaux yeux ne brûle que l’été.
Plus tard il s’affaiblit ; plus tôt, il faut attendre :
C’eſt un rayon d’avril, pâle encor & trop tendre,
N’échauffant que la grâce au lieu de la beauté.

Au ſolſtice de l’âge un inſtant arrêté,
C’eſt un feu qui ferait revivre un cœur en cendre
Une flamme dorant, avant que de deſcendre,
L’épanouiſſement de la maturité.


Pourtant, un jour plus doux tremble dans l’aube blanche ;
On dirait que du ſein de l’ombre qui l’épanche,
Myſtérieux, il garde encore de la nuit.

Le ciel profond n’a pas dépouillé tous ſes voiles ;
Parmi l’azur il ſemble oublier des étoiles,
Et dans les yeux de vierge une aube monte & luit.