Le Signe (Raynaud)/Épilogue

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Le SigneLéon Vanier, éditeur des Décadents (p. 31).
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ÉPILOGUE


Pour Charles Lévy


Cet amour qui luit à tes yeux comme une fleur,
Et d’un saisissement tout sensuel te fige —
D’un parfum doux, essentiel, d’une couleur
Joyeuse, cet amour, laisse-le sur sa tige !

Ton âme raisonnable et savante s’afflige
De sa défloraison probable à cette fleur ;
Épargne, en la laissant de côté sur sa tige,
À tes jours à venir, Dieu sait quelle douleur !

La chair cueillie hélas ! se fane. Son arôme
C’est assez, c’est bien assez vraiment qu’il t’embaume ;
Son éclat, c’est assez que ton rêve en soit teint ;

Réprime donc ces battements de cœur, chair folle
Qui voudrais faire perdre à la jeune corolle
L’innocence, rosée en perles du matin !