Le Siècle de Louis XIV/Édition Garnier/Chapitre 19

Le Siècle de Louis XIV
Œuvres complètes de VoltaireGarniertome 14, Histoire (4) (p. 361-368).
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CHAPITRE XIX.

PERTE DE LA BATAILLE DE BLEINHEIM, OU D’HOCHSTEDT, ET SES SUITES.


Le duc de Marlborough était revenu vers les Pays-Bas, au commencement de 1703, avec la même conduite et la même fortune. Il avait pris Bonn, résidence de l’électeur de Cologne. De là il avait repris Huy, Limbourg, et s’était rendu maître de tout le bas Rhin. Le maréchal de Villeroi, au sortir de sa prison, commandait en Flandre, et n’était pas plus heureux contre Marlborough qu’il l’avait été contre le prince Eugène. En vain le maréchal de Boufflers venait de remporter, avec un détachement de l’armée, un petit avantage au combat d’Eckeren, contre Obdam, général hollandais. Un succès qui n’a point de suite n’est rien.

Cependant, si le général anglais ne marchait pas au secours de l’empereur, la maison d’Autriche semblait perdue. L’électeur de Bavière était maître de Passau. Trente mille Français, sous les ordres du maréchal de Marsin, qui avait succédé à Villars, inondaient le pays au delà du Danube. Des partis couraient dans l’Autriche. Vienne était menacée d’un côté par les Français et les Bavarois, de l’autre par le prince Ragotski, à la tête des Hongrois combattant pour leur liberté, et secourus de l’argent de la France et de celui des Turcs. Alors le prince Eugène accourt d’Italie ; il vient prendre le commandement des armées d’Allemagne : il voit à Heilbron le duc de Marlborough. Ce général anglais, que rien ne gênait dans sa conduite, et que sa reine et les Hongrois laissaient maître de ses desseins, marche au secours du centre de l’empire. Il prend d’abord avec lui dix mille Anglais d’infanterie et vingt-trois escadrons. Il hâte sa marche : il arrive vers le Danube, auprès de Donavert, vis-à-vis les lignes de l’électeur de Bavière, dans lesquelles environ huit mille Français et autant de Bavarois retranchés gardaient les pays conquis par eux. Après deux heures de combat (2 juillet 1704), Marlborough perce à la tête de trois bataillons anglais, renverse les Bavarois et les Français. On dit qu’il tua six mille hommes, et qu’il en perdit presque autant. Peu importe à un général le nombre des morts quand il vient à bout de son entreprise. Il prend Donavert : il passe le Danube ; il met la Bavière à contribution.

Le maréchal de Villeroi, qui l’avait voulu suivre dans ses premières marches, l’avait tout d’un coup perdu de vue[1], et n’apprit où il était qu’en apprenant cette victoire de Donavert.

Le maréchal de Tallard, avec un corps d’environ trente mille hommes, vient pour s’opposer à Marlborough par un autre chemin, et se joint à l’électeur ; dans le même temps le prince Eugène arrive, et se joint à Marlborough.

Enfin les deux armées se rencontrent assez près de ce même Donavert, et dans les mêmes campagnes où le maréchal de Villars avait remporté une victoire un an auparavant. Il était alors dans les Cévennes. Je sais qu’ayant reçu une lettre de l’armée de Tallard, écrite la veille de la bataille, par laquelle on lui mandait la disposition des deux armées, et la manière dont le maréchal de Tallard voulait combattre, il écrivit au président de Maisons, son beau-frère, que si le maréchal de Tallard donnait bataille en gardant cette position il serait infailliblement défait. On montra la lettre à Louis XIV ; elle a été publique.

(13 août 1704) L’armée de France, en comptant les Bavarois, était de quatre-vingt-deux bataillons et de cent soixante escadrons, ce qui faisait à peu près soixante mille combattants, parce que les corps n’étaient pas complets. Soixante-quatre bataillons et cent cinquante escadrons composaient l’armée ennemie, qui n’était forte que d’environ cinquante-deux mille hommes, car on fait toujours les armées plus nombreuses qu’elles ne le sont. Cette journée si sanglante et si décisive mérite une attention particulière. On a reproché bien des fautes aux généraux français : la première était de s’être mis dans la nécessité de recevoir la bataille, au lieu de laisser l’armée ennemie se consumer faute de fourrage, et de donner au maréchal de Villeroi le temps de tomber sur les Pays-Bas, dégarnis, ou de s’avancer en Allemagne[2]. Mais il faut considérer, pour réponse à ce reproche, que l’armée française, étant un peu plus forte que celle des alliés, pouvait espérer de la défaire, et que la victoire eût détrôné l’empereur. Le marquis de Feuquières compte douze fautes capitales que firent l’électeur, Marsin, et Tallard, avant et après la bataille. Une des plus considérables était de n’avoir point un gros corps d’infanterie à leur centre, et d’avoir séparé leurs deux corps d’armée. J’ai entendu souvent de la bouche du maréchal de Villars que cette disposition était inexcusable.

Le maréchal de Tallard était à l’aile droite, l’électeur avec Marsin à la gauche. Le maréchal de Tallard avait dans le courage toute l’ardeur et la vivacité française, un esprit actif, perçant, fécond en expédients et en ressources. C’était lui qui avait conclu les traités de partage. Il était allé à la gloire et à la fortune par toutes les voies d’un homme d’esprit et de cœur. La bataille de Spire lui avait fait un très-grand honneur, malgré les critiques de Feuquières : car un général victorieux n’a point fait de fautes aux yeux du public ; de même que le général battu a toujours tort, quelque sage conduite qu’il ait eue.

Mais le maréchal de Tallard avait un malheur bien dangereux pour un général : sa vue était si faible qu’il ne distinguait pas les objets à vingt pas de lui. Ceux qui l’ont bien connu m’ont dit encore que son courage ardent, tout contraire à celui de Marlborough, s’enflammant dans la chaleur de l’action, ne laissait pas à son esprit une liberté assez entière. Ce défaut lui venait d’un sang sec et allumé. On sait assez que notre tempérament fait toutes les qualités de notre âme.

Le maréchal de Marsin n’avait jusque-là jamais commandé en chef ; et, avec beaucoup d’esprit et un sens droit, il avait, disait-on, l’expérience d’un bon officier plus que d’un général.

Pour l’électeur de Bavière, on le regardait moins comme un grand capitaine que comme un prince vaillant, aimable, chéri de ses sujets, ayant dans l’esprit plus de magnanimité que d’application.

Enfin la bataille commença entre midi et une heure. Marlborough et ses Anglais, ayant passé un ruisseau, chargeaient déjà la cavalerie de Tallard. Ce général, un peu ayant ce temps-là, venait de passer à la gauche pour voir comment elle était disposée. C’était déjà un assez grand désavantage que l’armée de Tallard combattît sans que son général fût à sa tête. L’année de l’électeur et de Marsin n’était point encore attaquée par le prince Eugène. Marlborough entama l’aile droite française près d’une heure avant qu’Eugène eût pu arriver vers l’électeur à la gauche.

Sitôt que le maréchal de Tallard apprend que Marlborough attaque son aile, il y court : il trouve une action furieuse engagée ; la cavalerie française trois fois ralliée et trois fois poussée. Il va vers le village de Bleinheim, où il avait posté vingt-sept bataillons et douze escadrons. C’était une petite armée séparée : elle faisait un feu continuel sur celle de Marlborough. De ce village, où il donne ses ordres, il revole à l’endroit où Marlborough, avec de la cavalerie et des bataillons entre les escadrons, poussait la cavalerie française.

M. de Feuquières se trompe assurément quand il dit que le maréchal de Tallard n’y était pas, et qu’il fut pris prisonnier en revenant de l’aile de Marsin à la sienne. Toutes les relations conviennent, et il ne fut que trop vrai pour lui, qu’il y était présent. Il y fut blessé ; son fils y reçut un coup mortel auprès de lui. Toute sa cavalerie est mise en déroute en sa présence. Marlborough, vainqueur, perce d’un côté entre les deux armées françaises ; de l’autre, ses officiers généraux percent aussi entre ce village de Bleinheim et l’armée de Tallard, séparée encore de la petite armée qui est dans Bleinheim.

Le maréchal de Tallard, dans cette cruelle situation, court pour rallier quelques escadrons. La faiblesse de sa vue lui fait prendre un escadron ennemi pour un français. Il est fait prisonnier par les troupes de Hesse, qui étaient à la solde de l’Angleterre. Au moment que le général était pris, le prince Eugène, trois fois repoussé, gagnait enfin l’avantage. La déroute était déjà totale et la fuite précipitée dans le corps d’armée du maréchal de Tallard. La consternation et l’aveuglement de toute cette droite étaient au point qu’officiers et soldats se jetaient dans le Danube, sans savoir où ils allaient. Aucun officier ne donnait d’ordre pour la retraite ; aucun ne pensait ou à sauver ces vingt-sept bataillons et ces douze escadrons des meilleures troupes de France, enfermés si malheureusement dans Bleinheim, ou à les faire combattre. Le maréchal de Marsin fit alors la retraite. Le comte du Bourg, depuis maréchal de France, sauva une petite partie de l’infanterie en se retirant par les marais d’Hochstedt ; mais ni lui, ni Marsin, ni personne, ne songea à cette armée qui restait encore dans Bleinheim, attendant des ordres, et n’en recevant point. Elle était de onze mille hommes effectifs : c’étaient les plus anciens corps. Il y a plusieurs exemples de moindres armées qui ont battu des armées de cinquante mille hommes, ou qui ont fait des retraites glorieuses ; mais l’endroit où on se trouve posté décide de tout. Ils ne pouvaient sortir des rues étroites d’un village, pour se mettre d’eux-mêmes en ordre de bataille devant une armée victorieuse, qui les eût à chaque instant accablés par un plus grand front, par son artillerie, et par les canons mêmes de l’armée vaincue, qui étaient déjà au pouvoir du vainqueur. L’officier général qui devait les commander, le marquis de Clérembault, fils du maréchal de Clérembault, courut pour demander les ordres du maréchal de Tallard ; il apprend qu’il est pris ; il ne voit que des fuyards : il fuit avec eux, et va se noyer dans le Danube.

Sivières, brigadier qui était posté dans ce village, tente alors un coup hardi : il crie aux officiers d’Artois et de Provence de marcher avec lui ; plusieurs officiers même des autres régiments y accourent ; ils fondent sur l’ennemi, comme on fait une sortie d’une place assiégée ; mais après la sortie, il faut rentrer dans la place. Un de ces officiers, nommé Des-Nonvilles, revint à cheval un moment après dans le village avec milord Orkney du nom d’Hamilton. « Est-ce un Anglais prisonnier que vous nous amenez ? lui dirent les officiers en l’entourant. « Non, messieurs, je suis prisonnier moi-même, et je viens vous dire qu’il n’y a d’autre parti pour vous que de vous rendre prisonniers de guerre. Voilà le comte d’Orkney qui vous offre la capitulation. » Toutes ces vieilles bandes frémirent ; Navarre déchira et enterra ses drapeaux, mais enfin il fallut plier sous la nécessité, et cette armée se rendit sans combattre. Milord Orkney m’a dit que ce corps de troupes ne pouvait faire autrement dans sa situation gênée. L’Europe fut étonnée que les meilleures troupes françaises eussent subi en corps cette ignominie. On imputait leur malheur à la lâcheté ; mais, quelques années après, quatorze mille Suédois se rendant à discrétion aux Russes en rase campagne ont justifié les Français[3].

Telle fut la célèbre bataille qui en France a le nom d’Hochstedt, en Allemagne de Pleintheim, et en Angleterre de Bleinheim. Les vainqueurs y eurent près de cinq mille morts, et près de huit mille blessés, et le plus grand nombre du côté du prince Eugène. L’armée française y fut presque entièrement détruite. De soixante mille hommes, si longtemps victorieux, on n’en rassembla pas plus de vingt mille effectifs.

Environ douze mille morts, quatorze mille prisonniers, tout le canon, un nombre prodigieux d’étendards et de drapeaux, les tentes, les équipages, le général de l’armée, et douze cents officiers de marque, au pouvoir du vainqueur, signalèrent cette journée. Les fuyards se dispersèrent ; près de cent lieues de pays furent perdues en moins d’un mois. La Bavière entière, passée sous le joug de l’empereur, éprouva tout ce que le gouvernement autrichien irrité avait de rigueur, et ce que le soldat vainqueur a de rapacité et de barbarie. L’électeur, se réfugiant à Bruxelles, rencontra sur le chemin son frère l’électeur de Cologne, chassé comme lui de ses États ; ils s’embrassèrent en versant des larmes. L’étonnement et la consternation saisirent la cour de Versailles, accoutumée à la prospérité. La nouvelle de la défaite vint au milieu des réjouissances pour la naissance d’un arrière-petit-fils de Louis XIV. Personne n’osait apprendre au roi une vérité si cruelle. Il fallut que Mme  de Maintenon se chargeât de lui dire qu’il n’était plus invincible.

On a dit, et on a écrit, et toutes les histoires ont répété que l’empereur fit ériger dans les plaines de Bleinheim un monument de cette défaite, avec une inscription flétrissante[4] pour le roi de France ; mais ce monument n’exista jamais. Il n’y a eu que l’Angleterre qui en ait érigé un à la gloire du duc de Marlborough. La reine et le parlement lui ont fait bâtir dans sa principale terre un palais immense qui porte le nom de Bleinheim. Cette bataille y est représentée dans les tableaux et sur les tapisseries. Les remerciements des chambres du parlement, ceux des villes et des bourgades, les acclamations de l’Angleterre, furent le premier prix qu’il reçut de sa victoire. Le poëme du célèbre Addison, monument plus durable que le palais de Bleinheim, est compté par cette nation guerrière et savante parmi les récompenses les plus honorables du duc de Marlborough. L’empereur le fit prince de l’empire, en lui donnant la principauté de Mindelheim, qui fut depuis échangée contre une autre ; mais il n’a jamais été connu sous ce titre, le nom de Marlborough étant devenu le plus beau qu’il pût porter.

L’armée de France, dispersée, laisse aux alliés une carrière ouverte du Danube au Rhin. Ils passent le Rhin : ils entrent en Alsace. Le prince Louis de Bade, général célèbre pour les campements et pour les marches, investit Landau, que les Français avaient repris. Le roi des Romains, Joseph, fils aîné de l’empereur Léopold, vient à ce siège. On prend Landau ; on prend Trarbach (19 et 23 novembre 1704).

Cent lieues de pays perdues n’empêchent pas que les frontières de la France ne fussent encore reculées. Louis XIV soutenait son petit-fils en Espagne, et était victorieux en Italie. Il fallait de grands efforts en Allemagne pour résister à Marlborough ; et on les fit. On rassembla les débris de l’armée ; on épuisa les garnisons, on fit marcher des milices. Le ministère emprunta de l’argent de tous côtés. Enfin on eut une armée ; et on rappela du fond des Cévennes le maréchal de Villars pour la commander. Il vint, et se trouva près de Trêves, avec des forces inférieures, vis-à-vis le général anglais. Tous deux voulaient donner une nouvelle bataille. Mais le prince de Bade n’étant pas venu assez tôt joindre ses troupes aux Anglais, Villars eut au moins l’honneur de faire décamper Marlborough (mai 1705). C’était beaucoup alors. Le duc de Marlborough, qui estimait assez le maréchal de Villars pour vouloir en être estimé, lui écrivit en décampant : « Rendez-moi la justice de croire que ma retraite est la faute du prince de Bade, et que je vous estime encore plus que je ne suis fâché contre lui. »

Les Français avaient donc encore des barrières en Allemagne. La Flandre, où commandait le maréchal de Villeroi délivré de sa prison, n’était pas entamée. En Espagne, le roi Philippe V et l’archiduc Charles attendaient tous deux la couronne : le premier, de la puissance de son grand-père et de la bonne volonté de la plupart des Espagnols ; le second, du secours des Anglais, et des partisans qu’il avait en Catalogne et en Aragon[5]. Cet archiduc, depuis empereur, et alors second fils de l’empereur Léopold, n’ayant rien que ce titre, était allé sur la fin de 1703, presque sans suite, à Londres, implorer l’appui de la reine Anne.

Alors parut toute la puissance des Anglais. Cette nation, si étrangère dans cette querelle, fournit au prince autrichien deux cents vaisseaux de transport, trente vaisseaux de guerre joints à dix vaisseaux hollandais, neuf mille hommes de troupes, et de l’argent pour aller conquérir un royaume. Mais cette supériorité que donnent le pouvoir et les bienfaits n’empêchait pas que l’empereur, dans sa lettre à la reine Anne, présentée par l’archiduc, ne refusât à cette souveraine, sa bienfaitrice, le titre de Majesté : on ne la traitait que de Sérénité[6], selon le style de la cour de Vienne, que l’usage seul pouvait justifier, et que la raison a fait changer depuis, quand la fierté a plié sous la nécessité.



  1. L’armée ne marchait que sur des ordres venus de Versailles, c’est-à-dire de cent vingt lieues. (G. A.)
  2. Ce fut l’électeur de Bavière qui exigea la bataille. (G. A.)
  3. À Pultawa. Voyez l’Histoire de Charles XII.
  4. Reboulet assure que l’empereur Léopold fit ériger cette pyramide : on le crut en effet en France ; le maréchal de Villars, en 1707, envoya cinquante maîtres pour la détruire ; on ne trouva rien. Le continuateur de Thoyras, qui n’a écrit que d’après les journaux de la Haye, suppose cette inscription, et propose même de la changer en faveur des Anglais. Elle fut imaginée en effet par des Français réfugiés oisifs. Il était très-commun alors, et il l’est encore aujourd’hui, de donner ses imaginations ou des contes populaires pour des vérités certaines. Autrefois les mémoires manquaient à l’histoire, aujourd’hui la multiplicité des mémoires lui nuit. Le vrai est noyé dans un océan de brochures. (Note de Voltaire.) — Voici l’inscription proposée : « Agnoscat tandem Ludovicus XIV neminem debere ante obitum aut felicem aut magnum vocari ; Que Louis XIV reconnaisse enfin que personne, avant sa mort, ne doit être appelé ni grand ni heureux. » (G. A.) — Le continuateur de Thoyras dont parle Voltaire est David Durand, auteur des onzième et douzième volumes de l’Histoire d’Angleterre, in-4o. Les dix premiers sont de Rapin Thoyras. (B.)
  5. Voltaire passe sous silence les débuts des alliés, qui ne furent pas heureux. Louis XIV avait envoyé Berwick, fils naturel de Jacques II, tenir tête en Portugal à l’archiduc Charles. Mais Voltaire n’aimait pas Berwick, et c’est pourquoi il oublie. (G. A.)
  6. Reboulet dit que la chancellerie allemande donnait aux rois le titre de Dilection ; mais c’est celui des électeurs. (Note de Voltaire.)