Hetzel (p. 31-42).

III


Marc m’attendait, comme je l’avais pensé, au débarcadère et me tendait les bras. Nous nous serrâmes cœur contre cœur.

« Henri… mon cher Henri ! répétait-il, la voix émue, les yeux humides, bien que toute sa physionomie exprimât le bonheur.

— Mon cher Marc, disais-je de mon côté, que je t’embrasse encore !

Puis, après les premières effusions :

— Allons ! en route ! m’écriais-je. Tu m’emmènes chez toi, je pense ?

— Oui, à l’hôtel, l’hôtel Temesvar, à dix minutes d’ici, rue du Prince Miloch… mais non sans t’avoir présenté auparavant à mon futur beau-frère…

Je n’avais pas remarqué un officier qui se tenait un peu en arrière de Marc. C’était un capitaine. Il portait l’uniforme de l’infanterie des Confins Militaires. Vingt-huit ans au plus, d’une taille au-dessus de la moyenne, belle prestance, la moustache et la barbiche châtain, l’air fier et aristocratique du magyar, mais les yeux accueillants, la bouche souriante, d’abord très sympathique.

— Le capitaine Haralan Roderich, prononça Marc.

Je pris la main, que me tendait le capitaine Haralan.

— Monsieur Vidal, me dit-il, nous sommes heureux de vous voir, et vous ne vous imaginez pas quel plaisir votre arrivée si impatiemment attendue va causer à toute ma famille.

— Y compris Mlle Myra ? demandai-je.

— Je le crois bien ! s’écria mon frère, et ce n’est point sa faute, mon cher Henri, si la Dorothée n’a pas fait ses dix lieues à l’heure depuis ton départ de Vienne ! »

À noter que le capitaine Haralan parlait couramment le français, comme son père, sa mère, sa sœur, qui avaient voyagé en France. D’autre part, puisque Marc et moi nous avions une parfaite connaissance de la langue allemande, avec quelque teinture de la langue hongroise, dès ce jour-là et dans la suite nous pûmes converser indifféremment dans ces diverses langues, qui s’entremêlaient parfois.

Une voiture prit mon bagage. Le capitaine Haralan et Marc y montèrent avec moi, et, quelques minutes après, elle s’arrêta devant l’hôtel Temesvar.

Rendez-vous fixé au lendemain pour ma première visite à la famille Roderich, je restai seul avec mon frère, dans une chambre assez confortable, voisine de celle qu’il occupait depuis son installation à Ragz.

Notre entretien se poursuivit jusqu’à l’heure du dîner.

« Mon cher Marc, lui dis-je, nous voici donc enfin réunis tous deux en bonne santé, n’est-ce pas ?.. Si je ne me trompe, c’est une grande année qu’aura duré notre séparation.

— Oui, Henri, et le temps m’a paru long, bien que la présence de ma chère Myra en ait joliment abrégé les derniers mois… Mais, te voilà, et l’absence ne m’a pas fait oublier que tu es mon grand frère.

— Ton meilleur ami, Marc.

— Aussi, Henri, tu le comprends, mon mariage ne pouvait s’accomplir sans que tu fusses là, près de moi !.. Ne devais-je pas, d’ailleurs, te demander ton consentement ?

— Mon consentement ?

— Oui, comme je le demanderais à notre père, s’il était là. Mais, pas plus que lui, tu n’aurais eu à me le refuser, et, quand tu la connaîtras…

— Je la connais déjà par tes lettres, et je sais que tu es heureux.

— Plus que je ne saurais dire. Tu la verras, tu la jugeras, et tu l’aimeras, j’en suis sûr ! C’est la meilleure des sœurs que je te donne.

— Et que j’accepte, mon cher Marc, sachant d’avance que tu ne peux faire qu’un choix excellent. Mais pourquoi ne pas rendre visite au docteur Roderich dès ce soir ?

— Non, demain… Nous ne pensions pas que le bateau arriverait de si bonne heure, et on ne t’attendait que dans la soirée. C’est seulement par excès de prudence que nous sommes venus sur le quai, Haralan et moi, et bien nous en a pris, puisque nous avons assisté au débarquement. Ah ! si ma chère Myra avait su !… Comme elle regrettera !… Mais, je le répète, tu n’es attendu que pour demain. Mme Roderich et sa fille ont disposé de leur soirée, et demain elles t’en feront toutes leurs excuses.

— C’est convenu, Marc, répondis-je, et puisque nous nous appartenons pour quelques heures aujourd’hui, employons-les à causer, à parler du passé et de l’avenir, à échanger tout ce que deux frères peuvent avoir de souvenirs, après une année de séparation.

Marc me raconta alors son voyage depuis qu’il avait quitté Paris, toutes ses étapes marquées par le succès, son séjour à Vienne, à Presbourg, où les portes du monde artiste s’étaient grandes ouvertes devant lui. Il ne m’apprit rien, en somme. Un portrait signé de Marc Vidal ne peut être que très recherché, très disputé, et avec la même ardeur par les riches Autrichiens que par les riches Magyars.

— Je n’y pouvais suffire, mon cher Henri. Des demandes et même des enchères de toutes parts ! Que veux-tu, le mot avait été dit par un brave bourgeois de Presbourg ; « Marc Vidal fait plus ressemblant que nature. » Aussi, ajouta mon frère en plaisantant, il ne me paraît pas impossible qu’on m’enlève un de ces jours pour portraiturer toute la Cour de Vienne !

— Prends garde, Marc, prends garde ! Voilà qui t’occasionnerait quelque embarras s’il te fallait maintenant quitter Ragz pour te rendre à la Cour !

— Je déclinerais l’invitation le plus respectueusement du monde, mon ami. À présent il ne peut être question de portraits… ou plutôt je viens d’achever le dernier.

— Le sien, n’est-ce pas ?

— Le sien, et ce n’est sans doute pas ce que j’ai fait de plus mal.

— Qui sait ? m’écriai-je. Lorsqu’un peintre est plus préoccupé du modèle que du portrait…

— Enfin, Henri, tu verras !… Je te le répète : plus ressemblant, que nature !… C’est mon genre, paraît-il… Oui, tout le temps que ma chère Myra posait, mes yeux ne pouvaient se détacher d’elle. Mais elle ne plaisantait pas. Ce n’était pas au fiancé, c’était au peintre, qu’elle entendait consacrer ces heures trop courtes… Et mon pinceau courait, sur la toile… Avec quelle passion !… Parfois, il me semblait que le portrait allait s’animer, prendre vie, comme la statue de Galathée…

— Du calme, Pygmalion, du calme. Dis-moi plutôt comment tu es entré en relation avec la famille Roderich.

— C’était écrit.

— Je n’en doute pas, mais encore…

Mon pinceau courait sur la toile…


— Plusieurs salons de Ragz m’avaient fait l’honneur de m’admettre dès les premiers jours de mon arrivée. Rien ne pouvait m’être plus agréable, ne fût-ce que pour y passer les soirées toujours longues dans une ville étrangère. Je fréquentais assidûment ces salons où je trouvais bon accueil, et c’est dans l’un d’eux que j’ai renouvelé connaissance avec le capitaine Haralan.

— Renouvelé ?… demandai-je.

— Oui, Henri, car je l’avais déjà plusieurs fois rencontré à Pest. Un officier du plus grand mérite, destiné à un bel avenir, en même temps le plus aimable des hommes, et auquel il n’a manqué, pour se conduire en héros lors des guerres de Mathias Corvin…

— Que d’être né à cette époque ! répliquai-je en riant.

— Comme tu dis, reprit Marc sur le même ton. Bref, ici nous nous sommes vus tous les jours, et nos relations d’abord un peu vagues se sont peu à peu changées en une étroite amitié. Il a voulu me présenter à sa famille, et j’ai accepté d’autant plus volontiers que j’avais déjà rencontré Myra dans quelques réceptions, et…

— Et, continuai-je, la sœur n’étant pas moins charmante que le frère, tes visites se sont multipliées à l’hôtel du docteur Roderich…

— Oui, Henri, depuis trois mois, je n’ai pas laissé passer une soirée, sans m’y rendre. Après cela, lorsque je parle de ma chère Myra, peut-être crois-tu que j’exagère…

— Mais non, mon ami, mais non ! tu n’exagères pas. Je suis certain qu’il ne serait pas possible d’exagérer en parlant d’elle. Et même, si tu veux connaître mon avis sincère, je t’avouerai que je te trouve modéré.

— Ah ! cher Henri, que je l’aime !

— Cela se voit. D’autre part, je suis satisfait de penser que tu vas entrer dans la plus honorable des familles…

— Et la plus honorée, répondit Marc. Le docteur Roderich est un médecin très estimé, et ses confrères font de lui le plus grand cas. En même temps le meilleur des hommes et bien digne d’être le père…

— De sa fille, dis-je, comme Mme Roderich est non moins digne, sans doute, d’en être la mère.

— Elle ! l’excellente femme ! s’écria Marc. Adorée de tous les siens, pieuse, charitable, s’occupant de bonnes œuvres…

— Une perfection, quoi ! et qui sera une belle-mère comme il ne s’en trouve plus en France, n’est-ce pas, Marc ?

— Plaisante !… Plaisante !… D’abord, Henri, ici, nous ne sommes pas en France, mais en Hongrie, dans ce pays magyar où les mœurs ont gardé quelque chose de la sévérité d’autrefois, où la famille est encore patriarcale…

— Allons, futur patriarche, car tu le seras à ton tour…

— C’est une situation, sociale qui en vaut bien une autre !

— Oui, émule de Mathusalem, de Noé, d’Abraham, d’Isaac, de Jacob ! Enfin, ton histoire, ce me semble, n’a rien de bien extraordinaire. Grâce au capitaine Haralan, tu as été introduit dans cette famille et on t’y a fait le meilleur accueil, ce qui ne saurait m’étonner, tel que je te connais ; tu n’as pu voir Mlle Myra sans être séduit par ses qualités physiques et morales…

— Comme tu dis, frère !

— Les qualités morales, c’était pour le fiancé. Les qualités physiques, c’était pour le peintre, et celles-ci ne s’effaceront pas plus de la toile que celles-là de ton cœur… Que penses-tu de ma phrase ?

— Boursouflée, mais juste, mon cher Henri !

— Juste aussi ton appréciation, et, pour conclure, de même que Marc Vidal n’a pu voir Mlle Myra Roderich sans être touché de sa grâce, Mlle Myra Roderich n’a pu voir Marc Vidal sans être touchée de…

— Je ne dis pas cela, Henri !

— Mais je le dis, moi, ne fût-ce que par respect pour la sainte vérité des choses… Et M.  et Mme Roderich, après s’être aperçus de ce qui se passait, n’en ont point pris ombrage. Et Marc n’a pas tardé à s’en ouvrir au capitaine Haralan. Et le capitaine Haralan n’a point vu cela d’un mauvais œil. Il a parlé de cette petite affaire à ses parents, et ceux-ci en ont parlé à leur fille.. Puis, Marc Vidal a fait officiellement sa demande qui fut agréée, et ce roman va finir comme tant d’autres du même genre…

— Ce que tu appelles la fin, mon cher Henri, interrompit Marc, c’est, à mon avis, le commencement.

— Tu as raison, Marc, et j’en suis à ne plus connaître la valeur des mots… À quand le mariage ?

— On attendait ton arrivée pour en fixer définitivement la date.

— Eh bien, quand vous voudrez… dans six semaines… dans six mois… dans six ans…

— Mon cher Henri, répondit Marc, tu voudras bien dire au docteur, j’y compte, que le temps d’un ingénieur est très précieux, et que si tu prolongeais outre mesure ton séjour à Ragz, le fonctionnement du système solaire, n’étant plus soumis à tes savants calculs, pourrait être détraqué.

— En un mot, que je serais responsable des tremblements de terre, inondations, raz-de-marée et autres cataclysmes ?

— C’est cela… Qu’on ne peut donc reculer la cérémonie plus tard…

— Qu’après-demain ou même ce soir, n’est-ce pas ?.. Sois rassuré, mon cher Marc, je dirai tout ce qu’il faudra, bien que mes calculs ne soient pas, en réalité, si nécessaires que tu le supposes au bon ordre de l’univers, ce qui me permettra de passer, un bon mois, près de ta femme et près de toi.

— Ce serait parfait.

— Mais, mon cher Marc, quels sont tes projets ? As-tu l’intention de quitter Ragz aussitôt après ton mariage ?

— Voilà ce qui n’est pas encore décidé, répondit Marc, et nous avons le temps d’étudier la question. Je ne m’occupe que du présent. Quant à l’avenir, il se borne pour moi à mon mariage. Rien n’existe au delà.

— Le passé n’est plus, m’écriai-je, l’avenir n’est pas, le présent est seul ! Il y a là-dessus un concetto italien que tous les amoureux récitent aux étoiles. »

La conversation se continua sur ce ton jusqu’à l’heure du dîner. Puis Marc et moi, fumant notre cigare, nous allâmes faire les cent pas en suivant le quai qui longe la rive gauche du Danube.

Ce n’est pas cette première promenade nocturne qui pouvait me donner un aperçu de la ville. Mais, le lendemain et les jours suivants, j’aurais tout le temps de la visiter en détail, plus probablement en compagnie du capitaine Haralan que de Marc.

Il va de soi que le sujet de notre conversation n’avait pas changé et que Myra Roderich ne cessa d’en être l’objet.

Un mot, je ne sais lequel, me rappela ce que m’avait dit à Paris, la veille de mon départ, le lieutenant de police. Rien dans les paroles de mon frère n’indiquait que son roman eût été troublé, fût-ce un jour. Et pourtant, si Marc n’avait pas de rival, du moins ce rival avait-il existé, puisque Myra Roderich avait été recherchée par le fils d’Otto Storitz. Rien d’étonnant, au surplus, qu’on eût demandé la main d’une jeune fille accomplie et dans une belle situation de fortune.

Naturellement, les paroles que j’avais cru entendre au moment où j’allais débarquer me revinrent alors à l’esprit. Je persistais à croire que j’avais été dupe d’une illusion. D’ailleurs, en admettant qu’elles eussent été réellement prononcées, quelle conclusion pouvais-je en tirer, puisque je ne savais à qui les attribuer ? J’aurais été assez porté à incriminer l’antipathique Allemand que nous avions embarqué à Pest. Mais il me fallait y renoncer, cet impertinent ayant quitté le bateau à Vukovar. Restait donc seulement, dans ce cas, l’hypothèse d’un mauvais plaisant.

Sans faire connaître cet incident à mon frère, je crus devoir lui toucher un mot de ce que j’avais appris relativement à Wilhelm Storitz.

Marc répondit d’abord par un geste de dédain des plus caractéristiques. Puis il me dit :

« En effet, Haralan m’a parlé de cet individu. C’est, paraît-il, le fils unique de ce savant, Otto Storitz, auquel, en Allemagne, on a fait une réputation de sorcier, réputation injustifiée d’ailleurs, car il a réellement tenu une place considérable dans les sciences naturelles, et il a fait des découvertes importantes en chimie et en physique. Mais la demande de son fils a été repoussée.

— Bien avant que la tienne eût été agréée, n’est-ce pas ?

— Quatre ou cinq mois avant, si je ne me trompe, répondit mon frère.

— Les deux faits n’ont donc aucun rapport ?

— Aucun :

Mlle Myra a-t-elle su que Wilhelm Storitz avait aspiré à l’honneur de devenir son époux, comme on dit dans la chanson ?

— Je ne le crois pas.

— Et, depuis, il n’a jamais fait de démarche ?

— Jamais. Il a dû comprendre qu’il n’avait aucune chance.

— Pourquoi cela ? Est-ce que sa réputation ?…

— Non. Wilhelm Storitz est une sorte d’original dont l’existence est assez mystérieuse, et qui vit très retiré…

— À Ragz ?

— Oui, à Ragz, dans une maison isolée du boulevard Tékéli, où personne ne pénètre. On le tient pour un garçon bizarre, voilà tout. Mais c’est un Allemand, et cela eût suffi à motiver le refus de M. Roderich, car les Hongrois n’aiment guère les représentants de la race teutonne.

— L’as-tu rencontré ?

— Quelquefois, et un jour, au Musée, le capitaine Haralan me l’a montré, sans qu’il ait paru nous apercevoir.

— Est-il en ce moment à Ragz ?

— Je ne puis te répondre exactement, Henri, mais je crois qu’on ne l’y a pas vu depuis deux ou trois semaines.

— Cela vaudrait mieux qu’il eût quitté la ville.

— Bon ! fit Marc, laissons cet homme où il est, et si jamais il y a une dame Wilhelm Storitz, tu peux être sûr que ce ne sera pas Myra Roderich, puisque…

— Oui, répliquai-je, puisqu’elle sera Mme Marc Vidal ! »

— Notre promenade se poursuivit sur le quai jusqu’au pont de bateaux qui réunit la rive hongroise à la rive serbienne. J’avais un but en la prolongeant ainsi. Depuis quelques instants, il me semblait que nous étions suivis par un individu qui marchait derrière nous, comme s’il eût cherché à entendre notre conversation. Je voulais en avoir le cœur net.

Nous fîmes une halte de quelques minutes sur le pont, admirant le grand fleuve qui, par cette nuit pure, reflétait par milliers les astres du ciel, pareils à des poissons aux écailles lumineuses. Je profitai de cette halte pour inspecter le quai d’où nous venions. À quelque distance, j’aperçus un homme de taille moyenne, et, si j’en jugeai par sa démarche pesante, d’un certain âge.

Du reste, je cessai bientôt d’y penser. Pressé de questions par Marc, je dus lui donner des renseignements sur mes propres affaires, des nouvelles de nos amis communs, du monde artiste avec lequel j’avais de fréquents rapports. Nous parlâmes beaucoup de Paris, où il retournerait se fixer après son mariage. Myra, paraît-il, se faisait une joie de revoir ce Paris qu’elle connaissait déjà, et de le revoir au bras d’un époux.

Nous fîmes une halte sur le pont.


J’informai Marc que j’avais apporté tous les papiers que me réclamait sa dernière lettre. Il pouvait être tranquille, rien ne lui manquerait des passeports exigés pour le grand voyage matrimonial.

En somme, la conversation revenait sans cesse vers cette étoile de première grandeur, l’étincelante Myra, comme l’aiguille aimantée vers la Polaire. Marc ne se lassait pas de me parler d’elle, et je ne me lassais pas de l’entendre. Depuis si longtemps qu’il voulait me dire toutes ces choses !… Cependant, c’était à moi d’être raisonnable, ou bien notre causerie eût duré jusqu’au jour.

Nous reprîmes donc le chemin de l’hôtel. En y arrivant, je jetai un dernier coup d’œil en arrière. Le quai était désert. En admettant qu’il eût jamais existé autrement que dans mon imagination, le suiveur avait disparu.

À dix heures et demie, Marc et moi nous étions dans nos chambres à l’hôtel Temesvar. Je me mis au lit et commençai incontinent à m’endormir…

Je me redressai tout à coup d’une secousse. Rêve ?… Cauchemar ?… Obsession ?… Les paroles que j’avais cru entendre à bord de la Dorothée, je crus les entendre encore dans mon demi-sommeil, ces paroles qui menaçaient Marc et Myra Roderich !