Le Sanglot de la Terre/Apothéose

Le Sanglot de la Terre
Le Sanglot de la TerreMercure de FranceI. Poésies (p. 20).


APOTHÉOSE


En tous sens, à jamais, le silence fourmille
De grappes d’astres d’or mêlant leurs tournoiements.
On dirait des jardins sablés de diamants,
Mais, chacun, morne et très solitaire, scintille.

Or, là-bas, dans ce coin inconnu, qui pétille
D’un sillon de rubis mélancoliquement,
Tremblote une étincelle au doux clignotement :
Patriarche éclaireur conduisant sa famille.

Sa famille : un essaim de globes lourds fleuris.
Et sur l’un, c’est la terre, un point jaune, Paris,
Où, pendue, une lampe, un pauvre fou qui veille :

Dans l’ordre universel, frêle, unique merveille.
Il en est le miroir d’un jour et le connaît.
Il y rêve longtemps, puis en fait un sonnet.