Le Saguenay et le bassin du Lac St-Jean/Chapitre 2

Léger Brousseau (p. 21-34).

Buies - Le Saguenay et le bassin du Lac St-Jean, ill p21


CHAPITRE II




I



Lorsqu’en 1535 Jacques-Cartier fit son deuxième voyage en Amérique et qu’il fût parvenu dans le golfe Saint-Laurent, il apprit de deux sauvages qui l’accompagnaient que le pays se divisait en trois provinces : 1o. le Saguenay, qui s’étendait depuis l’Île d’Anticosti jusqu’à l’Île aux-Coudres ; 2o. le Canada, dont la principale bourgade était Stadaconé, et qui s’étendait depuis cette dernière Île jusqu’à Hochelaga ; 3o. enfin, Hochelaga, qui formait la partie la plus riche et la plus populeuse de toute la contrée. (Garneau, v. I.)

Nous avons vu ci-dessus quelles furent les limites précises assignées plus tard au Saguenay ou Domaine du Roi par l’ordonnance de l’intendant Hocquart. Ces limites ont été conservées jusqu’en 1810, époque à laquelle eut lieu le remaniement des circonscriptions électorales de la province de Québec. L’extrême limite ouest du « Domaine », sur le littoral du Saint-Laurent, atteignait alors, on s’en souvient, cette partie du pays qui fait face à l’Île-aux-Coudres ; depuis 1840, le comté de Charlevoix a été taillé dans le territoire de l’ancien « Domaine », et s’étend sur le bord du fleuve jusque près de la rivière Saguenay elle-même ; en outre, on a divisé ce qui restait de ce territoire en deux comtés, celui de Chicoutimi, qui comprend les deux bassins de la rivière Saguenay et du lac Saint-Jean, et celui de Saguenay proprement dit, qui s’étend de Tadoussac au Labrador, sur le littoral, et en arrière jusqu’à la hauteur des terres qui servent de ligne de partage entre les eaux qui coulent dans le Saint-Laurent et celles qui se déversent dans la mer de Hudson.

Il est presque impossible dans ces conditions d’établir quelles sont les bornes précises du territoire saguenayen, attendu que la hauteur des terres est extrêmement variable et que la limite naturelle du bassin du lac Saint-Jean ne peut être arbitrairement fixée. Cependant, nous pouvons dire d’une manière approximativement exacte que le territoire du Saguenay, comprenant les deux comtés dont il est formé, s’étend entre les 48e et 50e degrés de latitude nord, et entre les 65e et 74e degrés de longitude ouest.

* * *

Cette vaste étendue est loin d’avoir été entièrement mesurée ; bon nombre des cantons qui la composent n’ont pas en réalité de délimitations, quoique des délimitations soient figurées sur la carte ; ils sont simplement à l’état de projet, tandis que certains autres ont été mesurés et allottés partiellement. Ainsi, en partant de Tadoussac et en descendant le fleuve Saint-Laurent, nous avons les cantons Tadoussac, Bergeronnes, Escoumins et Iberville qui se suivent. Plus loin, on ne voit plus trace de culture, mais simplement quelques établissements de pêche échelonnés çà et là sur la côte, et des concessions de terrains miniers.

Ainsi, nous parcourons les cantons Laval et La Tour, qui sont absolument inhabités, puis celui de Betsitamis, célèbre pour la mission annuelle qui s’y fait le 15 août, et à laquelle se rendent tous les Indiens dispersés dans l’intérieur et sur la côte nord du fleuve. Ces Indiens ont aussi, sur la rive ouest de la rivière Betsiamis, une réserve composée d’une cinquantaine environ de chaumières, mais où ils ne séjournent guère qu’une partie de l’année, tout le reste du temps se passant en excursions de chasse et de pêche. C’est au milieu de cette « Réserve » que les Pères Oblats ont élevé, il y a 10 ans, une « mission » permanente où ils viennent se reposer de leurs longues courses et de leurs pénibles travaux apostoliques. Ils ont réussi, après de patients efforts, à fertiliser le sol ingrat de cette région aride ; ce sol n’est autre chose que du sable, auquel ils sont parvenus à faire produire des légumes et une certaine quantité de céréales suffisant aux besoins de la localité. Ils ont aussi construit une chapelle d’un extérieur humble, pauvre même, mais dont l’intérieur, chargé de décors pittoresques, d’images à profusion, peintes dans les couleurs les plus chatoyantes, est de nature à frapper vivement l’imagination enfantine des sauvages.

Mais ce qu’il y a de plus remarquable à Betsiamis, c’est le musée d’Histoire Naturelle, formé aux trois quarts de la faune et de la flore canadiennes ; ce musée comprend une variété extrême de sujets et de spécimens préparés par les Oblats eux-mêmes avec un art parfait, choisis et classés avec cette patience minutieuse qui caractérise le travail des religieux, et augmentés tous les jours au point que, dans quelques années d’ici, le musée des Oblats de Betsiamis sera peut-être le plus complet en son genre qu’il y ait dans toute l’Amérique du Nord.




C’est à partir de 1844 que les Pères Oblats ont commencé à desservir toute la côte nord du Saint-Laurent, depuis Tadoussac jusqu’au Blanc Sablon, à l’extrémité orientale de la province. Ils avaient alors leur quartier général à la Grande-Baie, dans le Saguenay. Ils ne trouvèrent, en arrivant dans les différents postes échelonnés le long du littoral, que les descendants des anciens Montagnais qui, les premiers, avaient reçu les Français à leur arrivée au Canada. Ils les avaient reçus d’abord à Tadoussac, puis à Stadacona, appelé plus tard Québec. Tadoussac et Stadacona, de même que Canada, Hochelaga, Ottawa, Batiscan etc., ce sont là tous des noms montagnais.

Les Oblats, à l’exemple de leurs devanciers, les Jésuites, ont parcouru la côte tous les ans, depuis l’époque indiquée plus haut, afin de porter l’évangile aux sauvages, et, souvent, ils ont pénétré bien loin, bien loin dans l’intérieur des forêts pour y suivre les pauvres enfants des bois, vivant de leur vie, partageant leurs souffrances, endurant les mêmes privations, la même misère qu’eux, et, plus d’une fois, tombant victimes de leur inépuisable dévouement, quand ils ne revenaient pas de leurs longues courses avec une santé délabrée, une constitution épuisée qui ne leur permettait plus de poursuivre leurs périlleux et féconds labeurs.

II

Après que le gouvernement eût cessé de donner à la Compagnie de la Baie d’Hudson le bail des Postes du Roi, quelques familles canadiennes vinrent planter leur tente le long de la côte et formèrent les premiers établissements de Moulin-Baude, des Bergeronnes, de Bon-Désir, des Escoumins, de Mille-Vaches, de Portneuf, etc. Les missionnaires Oblats, ne pouvant suffire à desservir cette population qui augmentait de jour en jour, cédèrent partiellement la place à de nouveaux ouvriers évangéliques ; c’est de là que date le commencement des missions fixes, dont quelques-unes reçurent plus tard des curés résidents.

Pour empêcher que les sauvages ne fussent submergés par la population blanche qui envahissait la côte, les Oblats formèrent une « réduction » à Betsiamis où ils amenèrent les familles éparses de Tadoussac, des Escoumins, de Portneuf, etc., et ils se fixèrent au milieu d’elles. Cela eut lieu en 1853. L’endroit où s’élève aujourd’hui le petit village montagnais de Betsiamis n’était alors qu’une forêt, et ce sont les missionnaires eux-mêmes qui abattirent les premiers arbres qui ont servi à la construction de leur chapelle. Depuis, quelques jolies maisonnettes se sont élevées auprès de la chapelle, et, l’été, aux approches de la mi-août, on voit se dresser subitement tout autour de ce petit village à peine ébauché, dans le plus singulier et le plus pittoresque apprêt, un nombre infini de cabanes d’écorce où s’abritent, pendant quelques jours seulement, les chasseurs qui viennent assister à la mission.

* * *

La rivière Betsiamis est une des grandes voies qui mènent de la rive nord du Saint-Laurent aux pays de chasse de l’intérieur. On peut la remonter en canot jusqu’au portage de « l’Aviron », ainsi nommé parce qu’il n’y a qu’un espace de la longueur à peu près d’un aviron qui sépare en cet endroit la Betsiamis de la rivière Valin, laquelle conduit à la rivière Saguenay.

Quelques lieues plus bas que Betsiamis, la presqu’île de Manicouagan, resserrée entre la rivière qui porte son nom et la rivière aux Outardes, s’avance dans le fleuve avec une ceinture de fer magnétique autour de ses rivages.

Le canton Laflèche, qui avoisine celui de Manicouagan, ne renferme aucune habitation ; puis vient celui de De Monts, où coule la fameuse rivière Godbout, si fréquentée depuis quelques années par les amateurs de la pêche au saumon. En descendant encore le fleuve, on arrive, après avoir suivi une longue lisière de côte absolument déserte, aux cantons LeNeuf et Arnaud qui ne sont ni mesurés ni habités, puis au canton Letellier, compris entre la baie des Sept-Îles à l’ouest et la rivière Moisic à l’est.

Enfin, à la suite du canton Letellier, vient celui de Moisic, le dernier du territoire saguenayen dans le bas du fleuve. Moisic, qui n’était guère connu que des navigateurs, il y a une trentaine d’années, acquit tout à coup un nom célèbre par la découverte qui s’y fit du sable magnétique dont ses rives sont chargées. Il se forma promptement une compagnie pour l’exploitation de cette nouvelle source de richesses, regardée comme inépuisable. À cette compagnie, qui manquait de capitaux suffisants, succéda M. Molson, banquier de Montréal, qui dépensa à cette exploitation des sommes considérables, et fut enfin obligé de s’en dessaisir à son tour entre les mains d’une nouvelle compagnie qui, après avoir continué les travaux pendant près de deux ans et fait construire à Québec une usine pour la fabrique de l’acier avec le fer de Moisic, périclita comme ses devanciers, et depuis lors, c’est-à-dire depuis 1874, il n’a plus été question de nouvelles tentatives. Du reste, elles sont devenues à peu près impossibles, par suite des conditions actuelles du transport et de celles du marché au fer dans toutes les parties du monde.

III

Retournons maintenant à la rivière Saguenay et suivons-en les deux rives, bordées de cantons plus ou moins habités, jusqu’au lac Saint-Jean dont nous parcourrons également la ceinture de cantons en pleine colonisation ; puis nous reviendrons sur nos pas pour faire en détail la description géographique de tout l’espace qui s’étend entre l’embouchure de la rivière Saguenay et l’extrémité occidentale du lac Saint-Jean, dernière limite des établissements dans cette partie de la province.

* * *

La rive sud ouest de la rivière Saguenay, jusqu’à la baie Ha ! Ha !, est à peine arpentée, quoique les noms d’un bon nombre de cantons y figurent : encore moins est-elle habitée. On n’y voit guère d’établissements que le long des cours d’eau qui conduisent au Saguenay, et dont les rivages offrent çà et là quelques lambeaux de terre cultivable. Il faut faire cependant une exception en faveur de l’Anse Saint-Jean, paroisse qui a pris le nom de la baie même autour de laquelle elle s’est étendue, et qui compte aujourd’hui plus de mille habitants.

Les cantons qui bordent le Saguenay du côté ouest, jusqu’à la baie Ha ! Ha !, sont ceux de Saguenay, de Dumas, de Saint-Jean, d’Hébert et d’Otis ; puis, en arrière, viennent les cantons Sagard, Ducreux, Périgny, Brébeuf et Lallemant, Ferland et Boileau ; ces derniers ne sont guère encore que projetés, et c’est à peine si quelques lignes latérales ont été tirées pour les séparer les uns des autres.

Le canton Saguenay est assez fertile : aussi toutes les familles qui y résident cultivent la terre. On y récolte le foin et quelques grains. La mer enlève le sol végétal très rapidement de ce côté de la rivière, ce qui diminue d’autant l’étendue de terre cultivable. La plupart des familles du canton Saguenay viennent de la Malbaie ; elles y formaient en 1864 une population de cent trente-quatre âmes.

Sur la rive est ou nord nous trouvons au contraire les cantons Albert, La Brosse, Saint-Germain et Harvey, qui ont été entièrement arpentés ; celui-ci fait face en partie à la baie Ha ! Ha ! et renferme la paroisse de Saint-Fulgence, communément appelée l’Anse-au-Foin, dont la population était de six cent trente âmes en 1879. Le canton Albert, où certains plateaux offrent d’excellentes terres aux cultivateurs, est habité presque tout entier ; il est en communication directe avec Tadoussac, l’hiver et l’été, par un chemin qui porte son nom ; il contient aussi la paroisse de Sainte-Marguerite, située à l’embouchure de la rivière de ce nom et où l’on compte une population d’à peu près deux cent cinquante âmes.




C’est le canton Albert qui a reçu les premiers colons qui se soient fixés dans le Saguenay. Vers 1848, deux familles, l’une du Château-Richer et l’autre des Éboulements, vinrent se placer à l’entrée de la rivière Sainte-Marguerite et s’occupèrent de pêche, de chasse et un peu de culture. Puis, les enfants s’y étaient établis, et, en 1864, on y comptait une dizaine de familles qui ne portaient guère que les noms de Gravel et de Gauthier.

Entre l’embouchure du Saguenay et la baie Ha ! Ha ! on peut compter environ cent cinquante mille acres de terre arable. L’Anse Saint-Jean, on l’a vu, est l’établissement le plus considérable de cette partie du territoire saguenayen ; d’autres endroits, tels que le Tableau, les Îles Saint-Louis et l’embouchure du petit Saguenay contiennent encore quelques familles isolées qui fournissent un appoint de cent et quelques âmes de plus, mais là s’arrête tout l’effort de la colonisation dans ce pays sauvage d’où la nature semble vouloir repousser l’homme.

C’est à la baie Ha ! Ha !, appelée aussi « Grande Baie », que les terres du haut Saguenay commencent à être cultivables. Tout autour de la baie, et jusqu’à Chicoutimi, qui est à une distance de douze milles en ligne droite, le sol, formé d’une riche alluvion déposée par les eaux qui couvraient jadis toute cette étendue, est occupé, de sorte qu’il n’y reste plus de place à la colonisation.

Au nord de la rivière Saguenay, dans l’espace compris entre le canton Harvey et le lac Saint-Jean, se trouvent les cantons Tremblay, Falardeau, Simard, Bourget, Taché et Delisle. C’est à ce dernier canton que s’arrête la colonisation de ce côté. Le nord du lac Saint-Jean n’a pas été arpenté encore, quoiqu’il soit d’une fertilité remarquable ; le manque de communications a empêché les colons de s’y porter, autant que le manque de moyens et l’ignorance complète où l’on a été jusqu’à tout récemment de cette partie du pays. Les cantons Simard et Bourget sont entièrement concédés ; il n’y reste plus de terres à prendre. La moitié sud du canton Delisle, celle qui borde le Saguenay, ainsi que le centre du canton Taché, sont également en état de culture.

Sur la rive sud du Saguenay, à partir du canton Otis et en allant vers l’ouest, se trouvent les cantons Bagot et Chicoutimi, qui sont entièrement colonisés, populeux même, surtout le dernier qui contient le chef-lieu, en même temps le centre d’affaires de toute la région du Saguenay et la tête de navigation de la rivière. Puis, nous nous trouvons en présence de la presqu’île de Chicoutimi, formée au nord par la rivière Saguenay, à l’ouest par le lac Saint-Jean, à l’est et au sud par la Belle-Rivière, la rivière des Aulnaies, le lac Kenogamichiche et le lac Kenogami, enfin, à l’est, par la rivière Chicoutimi.

(Le lecteur verra que nous ne faisons qu’indiquer ici sommairement les délimitations, et que nous sommes obligés pour cela d’introduire des noms d’endroits, de rivières et de lacs qui lui sont peut-être inconnus, mais nous nous réservons de faire en détail, dans les chapitres qui vont suivre, la description géographique et topographique de toute la région du Saguenay et du Lac Saint-Jean, à mesure que nous en découvrirons successivement le tableau sous ses yeux.)

IV

La presqu’île de Chicoutimi est un vaste espace se rapprochant assez, par la forme, d’un parrallélogramme, qui s’étend entre le 48e degré, 14’, 38” et le 48e, 34’de latitude nord, et entre le 70e degré, 34’, et le 71e, 29’de longitude ouest, méridien de Greenwich. Elle a douze lieues de longueur, environ, sur une largeur variant de trois lieues et demie à quatre lieues, et renferme, de l’est à l’ouest, une partie du canton Chicoutimi, ceux de Jonquière, Kenogami, Labarre et Signaï.

Le canton Jonquière est presque entièrement habité,


PONT CONSTRUIT À GRAND’MÈRE, SUR LE SAINT-MAURICE,
PAR LA COMPAGNIE DU « GRAND NORD».

tandis que deux rangs seulement du canton Kenogami,

son voisin, sont occupés par les colons. Ces deux rangs forment la partie sud du canton ; toute la partie nord constitue une région accidentée qui renferme, paraît-il, une quantité considérable de fer titanique.

Dans le canton Labarre, les deux-tiers des terres sont établis, et celui de Signaï est colonisé dans toute son étendue. Le sol, dans une grande partie de ce canton, est composé d’argile ; c’est une terre d’alluvion boisée de merisier, d’épinette, de sapin, de bouleau, de pain, d’orme, de frêne et de cèdre. Le climat y est rendu avantageux par le voisinage du lac Saint-Jean, dont les eaux tempérées paralysent, par leur influence sur l’air, les premières gelées d’automne.




Revenons maintenant à l’est de la presqu’île de Chicoutimi et suivons, en gagnant l’ouest, la série des cantons qui s’échelonnent sur une même ligne jusqu’au nord-ouest du lac Saint-Jean. Nous avons d’abord le canton Laterrière, qui est entièrement habité ou à peu près ; puis ceux de Lartigue et de Plessis, où il n’y a guère que quelques établissements, à cause de la nature inculte et montagneuse de leur sol. Vient ensuite le canton Mésy, dont une moitié environ est colonisée ; enfin, le canton Caron, aux trois quarts établi, dont une partie confine au littoral sud-est du lac Saint-Jean.

Les cantons, dont les noms vont suivre, forment tous la lisière sud et ouest du Lac. Les voici dans leur ordre : au sud du Lac sont les cantons Métabetchouane, Charlevoix et Roberval ; le tiers du premier, les deux tiers du second et du troisième sont établis. Derrière les cantons Métabetchouane et Charlevoix ont été ouverts, il y a une douzaine d’années, deux cantons nouveaux, en l’honneur des deux premiers missionnaires qui sont allés au Saguenay : ce sont ceux de De Quen et de Dablon. Dans le premier, le tiers des terres est déjà en voie de culture ; dans le second, environ le cinquième. Le sol y est d’une qualité médiocre.

À l’ouest du Lac sont les cantons Ouiatchouane, Chamouchouane, Demeules et Dufferin. Ce dernier a été arpenté en 1879 et ne contient pas encore d’habitants. Dans les cantons Ouiatchouane et Demeules, le tiers des terres est en culture, tandis qu’il y en a une bonne moitié dans le canton Chamouchouane. Enfin, au nord-ouest du Lac, se trouvent les cantons Parent, Normandin et Albanel. Le premier, dont les deux-cinquièmes sont en culture, confine au lac Saint-Jean lui-même, tandis que les deux derniers sont à quelques milles dans l’intérieur.

Le canton Normandin, en voie de colonisation rapide, a été ouvert, en 1880, dans des conditions particulières que nous exposerons plus loin en détail. Il renferme les plus belles terres que l’on puisse désirer. Quant au canton Albanel, mentionnons seulement, dans le présent chapitre, qu’il porte le nom du premier missionnaire jésuite qui se rendit à la mer de Hudson par le lac Saint-Jean.