Le Roman d’un enfant/16
XVI
Les papillons, ces pauvres papillons de plus en plus démodés de nos jours, ont joué un rôle de longue haleine dans ma vie d’enfant, je suis confus de l’avouer ; et, avec eux, les mouches, les scarabées, les demoiselles, toutes les bestioles des fleurs et de l’herbe. Bien que cela me fît de la peine de les tuer, j’en composais des collections, et on me voyait constamment la papillonnette en main. Ceux qui volaient dans ma cour, à part quelques égarés venus de la campagne, n’étaient pas très beaux, il est vrai ; mais j’avais le jardin et les bois de la Limoise qui, tout l’été, constituaient pour moi des territoires de chasse pleins de surprises et de merveilles.
Pourtant les caricatures de Topffer sur ce sujet me donnaient à réfléchir, et quand Lucette, me rencontrant avec quelque papillon au chapeau, m’appelait de son air incomparablement narquois : « Monsieur Cryptogame », cela m’humiliait beaucoup.