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I.

À cette époque nos vieux Vayvodes tenaient à leur cour des joueurs de luth. C'étaient là les bardes de nos temps chevaleresques, d'ordinaire sages, aveugles et pliant sous le poids des années. De longues barbes argentées brillaient comme des cuirasses sur leur poitrine ; ils portaient des lyres petites mais célèbres, enchâssées dans du corail, de l'argent ou de l'ambre.


II.

Ils tenaient en main de longs bâtons de bouleau poli, recourbés en forme de cros ses, avec lesquels, je m'en souviens encore, ils dirigeaient les chœurs des jeunes garçons et marquaient la mesure du chant. Dès qu'ils levaient la baguette blanche, la foudre grondait aussitôt dans le chœur ; le sceptre du vieillard venait-il à s'abaisser, soudain le chant tombait comme un ange à terre.


III.

C'est avec une pareille crosse à la main et une lyre à sa ceinture que le barde centenaire de Svityne s'arrêta à mon seuil. Je me rappelle encore les haillons bigarrés de son manteau, don charitable de la Providence, sur lequel l'aurore se fondait dans l'azur et brillaient diverses couleurs. Son pied nu dans son cothurne, argenté comme la coquille d'un pèlerin, reluit encore aujourd'hui devant mes yeux.


IV.

C'est ainsi qu'un pied en avant comme une grue voyageuse, le vieillard, appuyé sur sa crosse blanche, la figure transparente, ombr agée de cheveux blancs, et enveloppé dans son vieux manteau comme dans un nuage d'azur me présenta son message. Iris quand elle descend du ciel, traînant après sa tresse l'arc-en-ciel, les étoiles et les roses du matin, n'est pas aussi ravissante pour moi que le souvenir de ce vieillard.


V.

« Barde fidèle au cœur d'or, toi qui t'es dévoué avec une si sublime abnégation pour ton maître, puisses-tu avoir un tombeau sacré pour la charrue et pareil à un sépulcre enchanté. Revis par tes chants dans une longue série de siècles, jusqu'à ce que ces chants soient de nouveau oubliés. Par ton exemple inspire aux hommes l'amour, accorde de temps en temps ta lyre, et chante, ô barde fidèle !


VI.

Puissé-je encore me rappeler le charme dont tu possédais le secret, les notes suaves dont tu dilatais les cœurs, notes cadencées, justes et magiques comme les touches harmonie uses des orgues célestes ! Mais surtout pardonne-moi enfin l'horrible blessure que mon glaive impitoyable te fit au pied et qui, pour combler tes maux, te ravit ton plus beau charme, ta chanson voyageuse. »


VII.

Oui, tandis que le vieillard me présentait sa lettre, j'appuyai sur son pied la pointe de mon glaive et sentis qu'elle lui entrait dans les os ! lui il restait là immobile et, tant il était patient, sublime comme Dieu. Cloué par le glaive aux dalles qu'empourprait son sang, il se tenait calme dans les plis azurés de son manteau et me regardait comme on regarde un enfant.


VIII.

Et loin de retirer le glaive de la blessure, le faisant au contraire pénétrer plus profondément dans les os, je lisais des paroles qui, comme des tenailles infernales, me brûlaient le cerveau et m'arrachaient les entrailles. Cette lettre, gravée dans mon âme au front ispice de ses remords et de ses infamies, y imprima d'une manière indélébile ses terribles reproches, car son auteur, tout en m'aimant encore, me méprisait.


IX.

» Bourreau et tyran de ma patrie, hier encore mon souverain, écrivait le vieux Svityne, je me suis condamné volontairement à l'exil pour que ma mort ne fasse pas déborder la coupe de tes forfaits. Tu me chasses et moi, maître ingrat, je te laisse les cœurs et les étendards de tous tes guerriers. Seul je disparais sans laisser de traces et n'emporte rien avec moi que ma douleur.


X.

» J'aurais volontiers livré à ton glaive ma tête fatiguée, cette tête qui eut encore souri sous le coup et que Dieu n'avait jamais effrayée par le spectacle de la mort, si tu avais eu quelque battement de cœur humain, si tu ne t'acharnais pas sur les cendres même de tes sujets, toi qui ne réponds que par le mépris au regard qui appelle la clémence et te venges sur les os de tes victimes comme un chien sur une pierre.


XI.

» Aujourd'hui, pendant mon sommeil, des anges aux cheveux d'or m'ont averti ; ton fantôme a apparu à mon chevet pareil à un flambeau qui brille au sein de vapeurs ténébreuses. Oui, toi-même tu m'as averti, et ce n'est que parce que tu es devenu un tel monstre aujourd'hui qu'on t'entend, qu'on te sent de loin quand tu viens à méditer la mort d'un homme.


XII.

» Ton esprit plus miséricordieux te sert d'espion ; c'est lui qui d'abord fouille ton cœur pourri ; puis quand tes dents grincent dans le sommeil de ton corps, il court et avertit les hommes, Oui, ton esprit sort de toi, parcourt le pays, secoue ta victime par les cheveux et gémit comme une femme. Et toi, fatigué de ces lamentations, tu te lèves sans te douter que tu as pleuré sur nous.


XIII.

» L'ange exterminateur a dû te transformer ; il t'a envoyé pour remplir une mission infernale, il a énervé ton peuple, pétrifié ton cœur et t'a ordonné de labourer les populations comme un champ. Ton souffle embrase l'air ; mais bientôt des âmes, sorties de leurs corps et vivantes encore, dresseront à tes yeux leurs figures radieuses et se précipiteront sur toi avec la rapidité du vent.


XIV.

» Abuse donc dans ces derniers jours de la force de ton glaive et de ta hache ; moi, je t'attends au jour du jugement suprême avec cette lettre dont j'emporterai les paroles dans la tombe. Je t'attends hors de ce monde, sur la rive contre laquelle une mer de feu vient briser ses vagues écumantes et rougies du sang que tu a versé ; je t'attends, te dis-je, et avec ces paroles j'apparaîtrai en accusateur.


XV.

» Tu n'entreverras plus ma figure ici bas, et cependant, vieille grue battue par l'orage, je ne prends pas mon essor loin de toi. Le secret de mon séjour n'est connu que de moi, de mon coursier et de mon vieux barde. L'éclair est plus facile à atteindre que le coursier et, quant à la fidélité de l'homme, si la vieillesse et un chant plein de charme sont incapables de t'émouvoir, fais encore un essai, ô roi, le vieillard est en tes mains ».


XVI.

Tel était le message vengeur du vieux Svityne. J'y entendais gémir la menace et la résistance de l'âme qui commence par une plainte et prend ensuite un corps. Je m'élançai comme un monstre ailé avec toute la furie, toute la rage de mon cœur. Eussé-je dû bouleverser de fond en combl e mon royaume, j'aurais tout sacrifié pour briser le vieillard et lui arracher son secret.


XVII.

Il s'affaissait, je m'en souviens, sous l'âge ; Zoriane était son nom. Tandis que par mon ordre on le conduisait au supplice du feu, plus tranquille qu'une brebis, il passait les doigts sur les cordes de sa lyre et marchait au bûcher avec un sourire enchanteur. Loin de me maudire, et au lieu de faire puissamment vibrer sa petite lyre, il la caressait, la figure toute rayonnante, comme si c'eût été une blanche colombe dont il voulait calmer l'effroi.


XVIII.

Sur son bûcher, comme assis au doux murmure d'un ruisseau, il semblait vouloir dire, et par son geste et par son sourire : « ne t'effraie pas, ô ma petite lyre, la mort n'est pas un tourment, ne redoute point le meurtrier du corps. Rassure-toi, ma mignonne rassure-toi, ma sœur, ma fillette chérie. À quoi nous servirait donc notre sagesse si elle ne nous apprenait à mourir ?


XIX.

» On t'a accueillie gracieusement dans les châteaux et les chaumières, tant que tu as été ma compagne de voyage. Montre donc aujourd'hui ta reconnaissance et ne pleure pas devant tes bourreaux, car ils seraient capables de se réjouir de t'avoir ravi ta mélodie. Va, par la suite des temps, quand mille arcs-en-ciel viendront à briller au-dessus de ces contrées, nous ressusciterons tous deux. Nous ressusciterons avec tout un cortège de bardes aux luths d'or, dont la voix rivalisera avec celle des anges.


XX.

« Prends donc patience, ma petite lyre ! Dors ! bénis soient les éclairs lumineux et flamboyants de ce bûcher ! » Ici enlacé dans les anneaux dorés du feu il disparut. Mon âme sentit alors son maître. L'affreuse contraction de ma bouche, béante comm e un abîme, la sécheresse de ma gorge ardente, le manque d'air dans ma poitrine étouffée, m'apprirent que j'appartenais déjà à l'enfer.


XXI.

Haletant, je m'élançai sur mon coursier, tout gris encore des cendres, qui venaient de consumer le maître du chant. Le délire s'était emparé de moi, et une foule de mes satellites couverts d'or, d'ambre, de cuivre, d'acier et d'ailes, portant sur eux de nombreux instruments de torture, des clous, des massues, des lances et, pareils à une troupe d'archanges, se précipitèrent à ma suite dans les vagues de la Vistule, prêts à exterminer le monde entier sur leur passage, et tous montés sur des chevaux plus fougueux que l'aquilon.


XXIII.

Et je volais en avant de leur phalange. La tête cachée dans un vieux casque de plomb rouillé comme dans un capuchon, tant je ressentais intérieurement de honte d'avoir la figure plus livide que le vert de gris, le regard plus rouge que le feu du nuage qui porte la foudre, j'accourus sur les bords de la Vistule dans un château que je trouvai déjà tout ensanglanté, car il venait d'ensevelir ses cadavres mutilés. C'était le château de Svityne. Mon esprit m'y avait précédé et se baignait dans des flots de sang.


XXIII.

À cet aspect je fus épouvanté, car j'avais perdu le souvenir des ordres que j'avais donnés la veille. Les bourreaux, saisis de terreur, restaient là devant moi comme de pâles fantômes. « Qui donc, hurlai-je, a osé devancer ici mes volontés, qui a pénétré ici plus avide que moi du sang de Svityne ? répondez, qui a réalisé à l'égal de Dieu mes idées ?


XXIV.

Je dois sans doute l'attribuer à mon esprit, car la terre ne porte plus de pareils meurtriers. Qui ne se fût laissé attendrir p ar les âmes de ces enfants, à la vue de cette île remplie de bouleaux, d'ifs et de rossignols, de murailles de cèdre, que la voix n'a qu'à frapper pour qu'aussitôt, remplies d'échos de gémissements et de cris, elle réponde à chaque étage par la voix de Svityne, comme la boîte d'un vieil orgue en ruines.


XXV.

Moi seul qui n'ai pas d'autres sentiments que celui de la rage, je suis tombé ici au point du jour, sans que rien ne m'arrête, ni le calme de ces salles, ni l'odeur de ces cèdres, ni le chant de famille que répètent les plafonds, ni la stérilité d'une misérable vengeance, ni Satan ici bas ni Dieu dans les cieux. Oh dans ces cieux, il n'y a que le vide ! égal de Dieu je méjugerai moi-même ! »


XXVI.

À ces mots j'enfonçai ma lance dans la muraille : que cette nuit, dis-je à mes satellites, soit consacrée au festin, pour moi comme pour vous, exécuteurs de mes c rimes. Un jour de pénitence lui succédera. Ici tout le château répondit comme une forge ardente. Entouré de la bande scélérate, je pris place au banquet, comme un cadavre ressuscité et coloré par l'ivresse.


XXVII.

L'orgie avait commencé. Le service de Svityne, cruches, coupes et flambeaux, couvrait la table. Des spectres, c'étaient les génies du crime, nous présentaient à boire ; drapés dans des manteaux ensanglantés, le teint à la fois verdâtre et empourpré comme celui des vampires, ils se dressaient à nos côtés sous des formes distinctes et disparaissaient dès qu'on les regardait en face.


XXVIII.

Soudain, un page haletant se précipitant dans la salle et d'une parole rapide : « Seigneur, un signe épouvantable vient d'apparaître ; une verge flamboyante brûle dans les cieux ! » Je pâlis ; puis, croyant que c'était un fantôme qui m'annonçait ce funeste présage, j'arrachai ma lance de la muraille et j'en perçai la poitrine de l'enfant.


XXIX.

Alors je m'élançai sur le balcon d'où la vue dominait toute la contrée et tout le ciel qui scintillait d'une myriade d'étoiles enchaînées à une seule et immense constellation. Celle-ci, pareille à un glaive dégainé, avait une grande escarboucle incrustée dans la poignée ; le joyau resplendissait et changeait de couleur comme un œil dans la figure invisible d'un esprit.


XXX.

Le regard fixé sur cette étoile, je me mis à lutter avec elle comme avec un démon ; je lui versai tout le poison de mon cœur, je l'abreuvai de tout le venin de mon âme. Parfois elle en pâlissait et moi après elle ; enfin je tombai sur un genou, haletant, épuisé, le corps traversé de ses rayons aigus, ainsi que tombe maint guerrier percé d'une lance meurtrière dans un tou rnoi.


XXXI.

Je venais d'apercevoir en elle un signe plus éclatant ; on eût dit un sourcillement de paupière, un éclair parti de l'œil d'un génie. À ce signe, je sentis qu'une puissance terrible, occulte, brisait à jamais mon âme. Tournant la tête vers mes gens et leur montrant le dragon fulgurant qui tordait sa queue scintillante autour de la voûte céleste, je leur dis : « Vous voyez cette comète, eh bien elle m'apporte la mort ! »


XXXII.

Une pâleur mortelle, une agitation fiévreuse, envahirent tout mon être. « Oui, m'écriai-je d'une voix caverneuse, j'ai enfin vaincu la nature, voilà les marques de la puissance de mon esprit sur elle. Les étoiles ont envoyé leur sœur aux frontières de leur monde pour savoir si je vivais encore, si le manteau royal couvrait encore mes épaules. J'ai rempli ma mission de roi, d'homme et d'exterminateur. Le ciel a enfin conçu de m'épouvante sur le sort de la terre et l'heure de ma mort ap proche.


XXXIII.

Allez ; vous n'êtes plus des sujets de ma royale fureur mais des soldats aguerris. J'ai racheté cette nation par les flots de son sang et au-dessus de ces flots j'ai élevé son esprit qui désormais méprisera la mort. Maint villageois charmera sa veillée par le récit mélodieux de mes faits et sera fier en se rappelant avec quel courage ses aïeux allaient à la mort quand leur souverain les y envoyait.


XXXIV.

Quant à moi je ne suis que le glaive de Dieu et je vais expier ma mission. L'abîme s'ouvrira devant moi, la foudre déchirera ma large poitrine. Comme une meute de chiens détachés de leur laisse, toutes les fureurs, tous les désirs s'allumeront en moi avec l'ardeur d'un soleil ; ma figure projettera dans les airs une ombre monstrueuse ; l'amour de l'humanité purifiée dans le sang et l'ange du malheur planeront sur ma tombe.


XXXV.

Oui, mon âme va subir son jugement. Mais vous, vous vivrez plus tranquilles que les enfants innocents, qu'un blanc troupeau d'agneaux. Tous mes crimes ont découlé d'un seul grand principe et c'est sur moi seul qu'en retombe le fardeau. Le souvenir n'en restera que dans les sépulcres et dans la longue complainte d'un mendiant voyageur. Les ronces croîtront sur ma tombe ; un autre, un ange saura gagner l'amour de vos cœurs.


XXXVI.

Mais après bien de siècles ».... Je veux achever quand soudain une douleur sans nom me brise les os ; des myriades d'étincelles jaillissent de mon capuchon de plomb ; le cuivre et l'acier fondent sur moi. En vain je me raidis pour conserver ma fière stature de roi ; j'éclate dans le feu comme de l'argile ; un noir nuage voile ma vue et toute mon âme se concentre dans un seul atome.

XXXVII.

Tout était fini. Une immense éclipse et un morne silence avaient succédé à cette scène. Dieu appesantit pour la dernière fois sa main sur moi et, sous cette puissante pression, mon âme se fendit de mille fissures à travers lesquelles mon regard pénétrait dans ma conscience. Comme un ver qui se tord dans le feu, tant que le souffle de cette âme criminelle agita mes lèvres, elle resta au fond de mon corps souillé jusqu'à ce que Dieu lui eût ouvert les portes de l'éternité.


XXXVIII.

Telle fut là fin de mon existence, que longtemps les rapsodes chantèrent dans le pays. Vieux bardes ! Vous n'avez su deviner ni le mobile de mes actions ni en quoi j'étais supérieur aux Hérodes romains. Au-dessus de moi planait une idée sublime, éclatante ; une infinité de marches sanglantes me conduisaient directement au seuil du temple où s'atteint tout grand but. J'y marchais, comme un guerrier sans peur, à travers des monceaux de cadavres.


XXXIX.

La vie vibrait dans chaque corde de mon âme, on sentait la force dans chacun de mes faits. Mieux eût valu pour moi être dans un tombeau que sur une pareille voie ; mieux la lame au poing qu'avec une telle pensée dans la tête. Tôt ou tard une pluie de foudres s'abattra sur l'aigle qui regardait le soleil en face, le cou tendu vers l'avenir. Que dis-je, elles éclatent sans cesse sur ma tête.


XL.

Et cependant c'est par moi que ma nation est devenue grande, c'est moi qui lui ai donné son nom et ouvert son avenir ; poussée par ma rame sanglante, elle flotte encore sur l'Océan humain, cette Pologne, antique nef de toutes les souffrances. Une autre vague l'a souvent détournée de son chemin, et souvent son génie sacré s'est épuisé pour ne produire que des fruits terrestres, sans odeur, sans vitalité hélas ! mais ce que moi, j'ai exprimé d'elle avec son sang, c'est là ce qui l'a toujours fait sortir victorieuse de ses luttes sans fin.


XLI.

Dors maintenant, ô ma forme primitive, en jetant au loin une clarté douteuse comme celle d'une nouvelle lune ! Spectre maudit pour le sang que tu as répandu, dors dans ta chemise d'acier, dans ton casque de plomb ! L'anathème repose sur toi comme sur les colonnes de basalte élevées par le génie du temps, perdues dans le désert, enveloppées de nuages, de ténèbres, et visitées seulement par la foudre.


XLII.

Ô forme maudite ! je t'ai foulée aux pieds, et rayonnant de l'esprit divin je m'avançais vers l'avenir. Les mers fuiront leur rivage, les montagnes s'écrouleront en poussière, une pluie de comètes s'abattra sur le monde terrifié, le jour où j'aurai accompli au moral, ce que j'ai accompli dans l'ordre terrestre. Car, que suis-je sinon un Esprit ébauché à la lueur de la première Aurore des temps, aux regards duquel Dieu a soulevé ses voiles et pour qui des milliers d'années ne durent pas plus qu'un moment.


FIN.



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