Le Rhin français/18
XVIII
Œil pour œil ! Dent pour dent !
Par quelles exigences répondre à cette concupiscence effrontée ? Dirons-nous : « œil pour œil » dent pour dent » ?
Retournerons-nous le : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fît » en « Rends à autrui tout le mal qu’il voulait te faire » ?
Pour les indemnités aux États attaqués, pillés, meurtris, assassinés par elle, aucun doute. On traitera les malandrins comme ils prétendaient traiter les autres ; leur dû s’augmentera du prix de leurs extorsions ; prix effrayants parce qu’effrayantes ont été leurs malversations et qu’aux vols à main armée ils ont ajouté les otages et non-otages fusillés, les femmes violées, les enfants massacrés, toutes les vilenies d’une bande apte à toutes les scélératesses, à toutes les pratiques du sauvage, hormis, pour l’instant, à l’anthropophagie.
Quant aux revendications territoriales, ni Russie, ni Serbie, ni Belgique, ni l’Angleterre, ni la France ne montreront la boulimie furieuse de l’Allemagne, la France surtout, qu’ils pensaient écorcher vive, elle avec toutes ses colonies.
On ne leur demandera pas la dixième, la vingtième partie de ce qu’ils avaient la prétention de nous « subtiliser ». L’Alsace-Lorraine récupérée et les pays de la rive gauche du Rhin sont peu de choses au prix du quart, du tiers, de la moitié de la terre de France, même de la France entière, et de ses empires coloniaux.
En reprenant notre bien, l’Alsace-Lorraine, en annexant la Bavière Rhénane et Prusse Rhénane, nous faisons œuvre morale. Il est juste que l’escarpe qui court sur vous, la nuit, le couteau à virole en avant, soit renversé d’un formidable coup de poing entre les deux yeux ; il est nécessaire qu’on lui enlève son « eustache ».
En nous étendant jusqu’au fleuve dit héroïque, nous ne nous emparons pas de tout le couteau ; nous en émoussons la pointe. Voici comment.