Le Pyrrhonisme de l’histoire/Édition Garnier/18

Le Pyrrhonisme de l’histoireGarniertome 27 (p. 268-269).
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CHAPITRE XVIII.
de quelques contes.

Est-il quelqu’un qui ne doute un peu du pigeon qui apporta du ciel une bouteille d’huile à Clovis, et de l’ange qui apporta l’oriflamme ? Clovis ne mérita guère ces faveurs en faisant assassiner les princes ses voisins. Nous pensons que la majesté bienfaisante de nos rois n’a pas besoin de ces fables pour disposer le peuple à l’obéissance, et qu’on peut révérer et aimer son roi sans miracle.

On ne doit pas être plus crédule pour l’aventure de Florinde, dont le joyau fut fendu en deux par le marteau du roi visigoth d’Espagne don Roderic, que pour le viol de Lucrèce, qui embellit l’histoire romaine.

Rangeons tous les contes de Grégoire de Tours avec ceux d’Hérodote et des Mille et une Nuits. Envoyons les trois cent soixante mille Sarrasins que tua Charles Martel, et qui mirent ensuite le siége devant Narbonne, aux trois cent mille Sybarites tués par cent mille Crotoniates, dans un pays qui peut à peine nourrir trente mille âmes.