Le Purgatoire — Souvenirs d’Allemagne/14

Librairie Edgar Malfère (p. 182-193).

à R. Christian-Frogé


CHAPITRE XIV

le sens de l’honneur et quelques autres vertus
(15 avril 1916).


Le camp de Vöhrenbach semblait d’abord devoir être une espèce de paradis. Peu à peu, il se transforma, et, moins d’un mois après mon arrivée, devenu camp de représailles, il nous permit de goûter par avance les tristesses du purgatoire. Mais, pour mieux nous montrer quel éden nous avions perdu, la kommandantur nous dosa les vexations successives avec une science tout à fait raffinée, où, d’ailleurs, la caisse du camp s’augmenta de bénéfices sérieux.

Un jour, vers la fin du mois de mars, une grande nouvelle courut de chambre en chambre : les Boches organisaient pour les prisonniers des promenades à la campagne. Aussi vous expliquerai-je d’abord que, pendant la Grande Guerre, les prisonniers n’ont pas connu le régime de 1870. Vous avez la mémoire encore pleine des libertés que Déroulède avait, quand il était captif sur parole aux mains des Prussiens. Pendant la grande guerre, on n’est pas prisonnier sur parole. Même si vous vouliez vous engager sur l’honneur à ne pas vous enfuir, le gouvernement allemand n’accepterait pas : lui-même ne se considère lié par aucun honneur, par aucun traité, par aucun scrupule, et vous ne pensez pas qu’il croira que vous êtes moins sot que lui. D’ailleurs le gouvernement français, qui n’avait pas fait grand’chose pour ses officiers prisonniers, s’était néanmoins ému de leur sort, et leur avait interdit de donner aucune parole d’honneur aux Boches. De cette façon on punissait l’Allemagne du peu de respect qu’elle avait étalé pour les chiffons de papier. En conséquence, tout comme de vulgaires condamnés de droit commun, les prisonniers étaient enfermés dans des camps plus ou moins vastes, et ils n’en sortaient jamais, hormis pour un transfert dans un autre bagne.

Cette sévérité eût été compréhensible, à la rigueur, si la guerre n’avait pas duré plus de six mois. Mais, quand elle menaça de s’éterniser, de bonnes âmes songèrent qu’au jour de la délivrance il ne sortirait peut-être plus des geôles que des loques effrayantes. Alors le gouvernement français autorisa ses officiers prisonniers à prendre part à des promenades collectives, sous réserve qu’ils ne promettraient de ne pas s’évader que pour la durée de chacune d’elles. Et c’est ainsi que la kommandantur fut amenée, à la fin du mois de mars de 1916, à organiser des sorties à l’extérieur.

Les choses ne se passèrent pas sans de longs pourparlers.

Sortirait qui voudrait. Chaque jour, vingt-cinq prisonniers franchiraient la porte du camp, après avoir apposé leur signature au bas d’une feuille de papier. Seraient-ils accompagnés ? Les prisonniers prétendaient ne pas l’être, puisqu’ils juraient de revenir. La kommandantur refusait, sous prétexte qu’elle avait charge de les garder et de les défendre contre les insultes de la population civile. Sans doute lui souvenait-il des brutalités de 1914. Elle proposa de désigner un officier allemand qui seul conduirait les promeneurs et les guiderait. On accepta, à condition que l’officier allemand serait sans armes. L’accord était conclu. Il y eut encore des tiraillements parce que la kommandantur exigeait que les Français s’engageassent, non seulement à ne pas s’enfuir, mais aussi à ne pas mettre à profit la promenade pour préparer une évasion : subtilité insidieuse, qui enchaînait à jamais tous les officiers qui auraient une fois signé le papier fatal, puisque le gouvernement allemand pourrait affirmer que les évadés avaient forfait à l’honneur en reconnaissant les abords et les environs du camp. C’est pourquoi les Français se divisèrent en deux groupes : ceux qui renonçaient à courir les risques des fourberies allemandes, et les autres, qui iraient en promenade.

Les autres étaient une centaine. Immédiatement, la kantine, toujours prévoyante, mit en vente un stock de cannes à l’usage des excursionnistes : piolets, bâtons ferrés, joncs à pommeau de luxe, et de vulgaires bouts de bois vernis de treize sous qu’elle n’hésita point à taxer trois marks soixante-quinze. Et elle n’en vendit pas loin d’une centaine.

Vingt-cinq officiers devaient sortir. À une heure de l’après-midi, on les rassembla devant le poste de police, on fit l’appel nominatif pour s’assurer qu’aucune supercherie n’avait été commise, on les compta une fois, deux fois, trois fois, on les rangea par quatre, on les compta de nouveau. L’officier allemand désigné pour ce service et le médecin du camp étaient en tête de la colonne. Le chef de poste et des hommes de garde surveillaient la porte afin que nul officier supplémentaire ne se faufilât parmi les privilégiés, et la caravane s’éloigna lentement. De nos fenêtres, nous la suivîmes longtemps des yeux. Nous étions quelques-uns à penser que nous n’en verrions pas une autre le lendemain.

Ce fut en effet un magnifique scandale, le lendemain matin seulement, lorsque l’officier de jour, en nous comptant lors de l’appel du matin, dans la cour, s’aperçut qu’un officier lui manquait. S’était-il trompé ? Il nous compta une seconde fois. Nous étions rassemblés en trois groupes, chaque groupe sur cinq rangs de profondeur, en une sorte de carré sans quatrième côté. L’officier compta posément. Quelques sourires effleuraient des bouches.

Pâle, il demanda :

— Y a-t-il un malade ?

Personne ne répondit.

L’autre perdit contenance :

— Il n’y a pas un monzieur qui est resté dans sa chambre ? demanda-t-il de nouveau.

Pas un mot ne s’éleva de nos rangs.

Le pauvre leùtnant ne savait plus où se fourrer, il rougissait, il demeurait immobile, il nous regardait. Des murmures couraient. Alors il prit une décision, envoya chercher le contrôle nominatif du trésorier, et l’appel individuel eut lieu, dans l’ordre alphabétique des noms, chaque officier appelé sortant de la foule et se rangeant derrière les autorités du camp accourues à la nouvelle de la catastrophe. On avait prévenu le vieil oberst. Les cuisiniers étaient sur le seuil de la cuisine. Les Boches cachaient mal leur fureur. Nous jubilions. Soudain, le feldwebel nomma :

— Monzieur le lieutenant Grampel !

Nul ne se présenta.

— Monzieur le lieutenant Grampel ! répéta le feldwebel.

Aussi vainement que la première fois.

— Il est absent ? demanda le leùtnant de service.

— En permission, lança une voix.

Le coupable était trouvé. Le lieutenant Grampel, chasseur à pied de la division Driant, las déjà après quelques jours de captivité, avait pris la clef des champs. La cage était de fer et le gardien attentif, mais l’oiseau s’était envolé.

Sur ces entrefaites, Freiherr von Seckendorff, « commandeur de ce camp », arriva, suivi de son officier d’ordonnance qui s’intitulait lui-même, avec un inimitable accent qui transformait la phrase en une injure candide, « aide de ce camp ». Il s’annonça de loin. Gesticulant et vociférant, il gourmandait une sentinelle, Dieu sait pourquoi, comme si elle eût sa part de responsabilité dans la catastrophe. Le vieil oberst était démonté. Sa voix tremblait de rage mal contenue.

— Depuis quand est-il absent ? nous cria-t-il.

Il s’imaginait peut-être que nous trahirions notre heureux camarade.

— Depuis quand ?

Il insistait en brandissant sa canne.

Comme nous nous contentions de ricaner entre nous, pressés en désordre autour du vieillard exaspéré, il perdit dans sa colère le peu de français dont il disposait, et c’est en allemand qu’il nous couvrit d’invectives, prenant à témoin son bon vieux Gott de la fourberie de ces Français, pour finir par nous jeter cette insulte :

— Vous n’êtes pas des gens d’honneur.

Il croyait, étant de race félonne, que l’évasion s’était produite pendant la promenade, grâce à la complicité d’un officier qui aurait signé son engagement et cédé sa place ensuite au lieutenant Grampel, lequel n’avait rien signé. Il avait tant de confiance dans la discipline de ses hommes et l’organisation de son service de garde, qu’il ne pouvait pas admettre d’abord que le lieutenant Grampel fût sorti en surnombre, au moment du départ de la caravane, au nez et à la barbe de toute l’administration du camp réunie. Et, après nous avoir copieusement et bassement injuriés, il conclut :

— Il n’y aura plus de promenades.

La conclusion était naturelle. Nous l’attendions. Les promenades furent en effet supprimées, mais la kantine ne remboursa point les joncs, piolets et bâtons ferrés désormais sans emploi. C’était autant de gagné pour elle.

Cet incident, par la façon dont il s’acheva, prouve le peu de prix que les Allemands accordent à une parole d’honneur et la facilité avec laquelle ils imposent aux prisonniers des affronts plus cuisants que des gifles. Je citerai un autre exemple de cette lâcheté. Il m’est personnel. Chronologiquement, il n’a pas sa place ici, mais je ne pousserai pas plus loin la publication détaillée de mon journal de captivité. Désormais, je ne veux plus rapporter que les faits saillants d’où j’ai tiré des impressions vives et de précieux enseignements.

Dans le courant du moins de juin, nous étions en régime de représailles. Les douches se trouvaient supprimées. Malade, j’en avais besoin. Mais les ordres du ministère de la Guerre de Berlin étaient formels : l’infirmerie ne devait pas me soigner. Néanmoins, à la suite d’une réclamation que j’avais présentée au délégué de l’ambassade d’Espagne, lors de sa récente visite, la kommandantur avait décidé de m’envoyer, deux fois par semaine, à l’établissement de bains communal de Vöhrenbach. Elle exigeait de moi la promesse écrite et signée, chaque fois renouvelée, que je ne tenterais pas de fuir depuis le moment où je quitterais le camp jusqu’au moment où j’y rentrerais. En échange, elle me ferait accompagner par un soldat sans armes, guide plutôt que gardien. Le colonel B***, prisonnier de Verdun, qui était le plus ancien de nous tous et par conséquent notre seul chef, m’avait accordé l’autorisation de signer la promesse qu’on me demandait. J’acceptais les formalités fixées naguère pour les promenades.

Un soldat sans armes, en effet, me conduisit à l’établissement de bains, qui était situé à l’autre extrémité du village, assez loin du camp. Il y pénétra en même temps que moi, et il s’installa, d’un air tranquille, dans la salle d’attente, où traînaient des journaux, tandis que je m’enfermais dans ma cabine.

Quelle stupeur, quand j’en rouvris la porte ! Un soldat, un autre, était là, à deux pas, baïonnette au canon et cartouchières gonflées. Un coup de matraque sur le crâne ne m’eût pas assommé plus efficacement. Je n’avais rien à dire à cet homme, qui exécutait un ordre. Je rentrai au camp, les jambes faibles et le cœur chaviré.

Je rendis compte au colonel B*** de l’offense qu’on nous avait faite à tous en ma personne, puis j’allai protester à la kommandantur. Je n’y trouvai que l’officier censeur. Naturellement il feignit de ne pas comprendre. L’honnête homme ! Il n’était au courant de rien. Il ne savait même pas que je devais sortir ce matin-là. Son innocence était si manifeste que ce fut lui pourtant qui me rendit le papier de ma promesse, car il l’avait devant les yeux, sur sa table de travail. Il bafouilla des excuses, accusa le chef de poste qui, n’ayant peut-être pas reçu la consigne nécessaire, avait cru devoir expédier cet autre soldat en armes. Comme si les Allemands avaient l’habitude de prendre si peu de précautions, et comme si le chef de poste n’avait pas refermé lui-même la grille sur mon guide et sur moi ! Mais je n’étais pas dupe, et, tout assuré d’autre part que j’étais de la vanité de ma protestation, je dis à l’officier censeur que désormais je ne sortirais plus et que je me plaindrais à l’ambassade d’Espagne. Je ne me dissimule pas qu’il dut rire de mes prétentions, derrière mon dos.

À Verdun, des médecins français avaient été pris dans leur poste de secours avec leur personnel et leurs blessés. On les interna eux aussi au camp de Vöhrenbach, comme de vulgaires combattants, ce qui était une atteinte de plus à la Convention de Genève. Je me rappelle certain docteur assez âgé, aux digestions délicates, qui mangeait en face de moi au réfectoire. Il ne cessait de nous énumérer et de nous réciter les articles de la fameuse Convention que les Allemands violaient sans vergogne en le traitant ainsi qu’un prisonnier ordinaire. Il consentait à loger et à prendre ses repas avec nous, si besoin était ; mais il voulait circuler librement dans tout le camp et même, au moins, dans le village, le jour et la nuit, sans gardien et sans rien promettre. Il protestait chaque matin auprès du censeur, auprès de l’officier de service, auprès de « l’aide de ce camp », et auprès du Freiherr von Seckendorff. Il rédigeait réclamations sur réclamations, qu’il portait consciencieusement à la kommandantur ; et la kommandantur, qui ne lui cachait même plus combien cette douce obstination l’amusait, jetait au panier non moins consciencieusement les plaintes du médecin. Ses confrères et lui subirent le régime commun jusqu’au jour où il plut au gouvernement impérial et royal de les renvoyer à Lyon, en échange de quelques-uns des siens.

Ces anecdotes minimes, je ne songe pas à les comparer au crime des traités belges déchirés en août 1914. Néanmoins, je ne les juge pas sans intérêt. Il est certain que l’Allemand est fourbe de naissance, traître par tempérament, et vil de toutes les manières. Il faut que ces anecdotes de rien, que tant de prisonniers rapporteront de captivité, soient connues. Ce n’est point par hasard, ce n’est point par un besoin immédiat et temporaire, ce n’est point par nécessité militaire et parce que la fin justifie les moyens, que l’Allemagne a trahi la parole qu’elle avait donnée à la Belgique. C’est parce que chez elle la duplicité, la ruse, le mensonge et l’ignominie vont de pair avec l’appétit et la violence. Avant 1914, cachant son hypocrisie autant que sa brutalité, l’Allemagne était enchaînée. La guerre, tant attendue, l’a libérée de toute contrainte et lui a ôté son masque. Nous l’avons vue telle qu’elle était et telle qu’elle est. Et qu’on ne vienne pas nous chanter que cette Allemagne bestiale et sournoise est l’œuvre d’un kaiser, d’une dynastie ou d’une caste. Nous, prisonniers meurtris par les Allemands à chaque heure de notre captivité, nous savons que le plus modeste des paysans de Saxe, que le plus humble des ouvriers de Bavière et que le plus petit des employés de commerce du Hanovre sont, au même titre que le plus grand des hobereaux prussiens, des hommes méchants et sans honneur, jaloux et sans humanité, et qu’ils ont tous une âme de tortionnaires, s’ils ont une âme. Je m’exprime ici sans passion, je le jure. J’ai longtemps attendu avant de livrer au public mes impressions de captif. Je les ai longuement portées. Depuis plus de sept ans, je suis sorti des prisons allemandes. Mais, aujourd’hui, 15 mars 1924, en relisant les notes que j’écrivais en 1916, je ne trouve pas un mot à y effacer. Les Allemands ont trompé le monde. Ils le trompent encore. Et je le dis à ceux qui m’écoutent : méfiez-vous d’eux toujours, quel que soit le nouveau masque qu’ils se posent sur le visage.

Les Allemands ne croient pas à l’honneur, qui est une religion pour ceux qui n’en ont pas d’autre. Ils n’ont pas le respect des choses religieuses. Le peuple qui a tiré sur la cathédrale de Reims et sur tant d’églises est un peuple sans foi ni Dieu. Cependant, ce crime est si monstrueux, qu’on pourrait supposer qu’ils avaient perdu le sens commun quand ils l’accomplissaient. Et peut-être, dans l’humble vie quotidienne, sont-ils les fidèles agenouillés que l’on sait d’un Dieu qu’ils vénèrent et redoutent ? Il n’en est rien. Sans rappeler ici l’attitude saugrenue des gros dignitaires de l’église allemande pendant la guerre, on a le droit d’affirmer que protestants du Nord et catholiques du Sud se rejoignent au même point. Certes, tous font étalage d’une foi solide. Ainsi, par exemple, dans les camps allemands on honore les prêtres français qui sont si mal honorés en France. Quel que soit leur grade ou leur emploi, on les incorpore au milieu des officiers, et, s’ils n’étaient que brancardiers de deuxième classe au front, on leur verse la solde d’un sous-lieutenant. Tellement l’Allemagne veut signifier qu’elle a pour les représentants du culte un zèle que n’ont même pas ses ennemis. Mais là se borne sa charité chrétienne, qui prend la figure d’un opportunisme très politique.

Il y avait à Vöhrenbach plusieurs prêtres français. L’un d’eux était capitaine d’infanterie et l’autre sous-lieutenant, dont les Boches apitoyés enrageaient ; car comment peut-on être assez barbare pour forcer des hommes de Dieu à tenir un fusil ou un sabre ? Ils ne songeaient pas en effet que leur cause ne devait rien avoir de sacré, en dépit de leurs déclamations tapageuses, pour qu’un prêtre fît œuvre pie en les combattant. Ils acceptaient cependant deux autres ecclésiastiques, qui portaient le brassard des infirmiers. Or, le dimanche, on transformait en chapelle un coin du réfectoire afin que nous eussions notre messe : les Allemands ont de ces soucis déconcertants. Mais aucun de nos quatre prêtres n’était autorisé à la dire pour nous. Le curé de Vöhrenbach se dérangeait, nous bâclait le saint mystère en cinq secs, et nous offusquait les yeux d’une chasuble d’un bleu de Prusse outrageant. Visiblement, la corvée lui déplaisait. Bientôt, il cessa de venir, par bonté d’âme. Il fallut tolérer les services d’un prisonnier. La kommandantur y consentit enfin, mais, de l’Introïbo jusqu’à l’Ite, missa est, un officier allemand, capable de comprendre le sermon du prêtre et nos cantiques militaires, assistait à la cérémonie, et, le plus souvent, cette mission était confiée au médecin du camp, le doktor Rueck, qui était juif.

L’abbé T*** était sous-lieutenant. Belle et grande figure, noble caractère. Un jour, au cours d’une conversation familière avec des camarades, il employa l’adjectif « boche » à propos de je ne sais quoi. Depuis 1914, le mot est passé dans la langue, mais il blessait profondément nos ennemis, et il nous était interdit de le prononcer. Or, le doktor Rueck avait entendu l’abbé T***. Il courut à la kommandantur. Sans aucune considération religieuse ou sentimentale, le Freiherr von Seckendorff, catholique fervent, infligea au coupable six jours d’arrêts de rigueur et lui défendit de dire la messe pendant deux semaines. Qu’on décide après cela de la valeur des grimaces allemandes !