Le Prisme (Sully Prudhomme)/Traduit d’Horace

Œuvres de Sully Prudhomme, Poésies 1879-1888Alphonse Lemerre, éditeurPoésies 1879-1888 (p. 57).


TRADUIT D’HORACE

(liv. i, ode v)


A M. Gabriel Dehayuin.


 
Quel est, Pyrrha, le svelte et novice amoureux
Qui, baigné de parfums, sur un amas de roses,
Te presse, à la faveur de cet asile ombreux ?
Pour qui ce négligé qu’avec art tu composes ?
Ces blonds cheveux noués ? Ah ! que de fois ses pleurs
Accuseront les dieux de tes serments trompeurs !
Combien les âpres flots qu’un sombre autan soulève
Surprendront cet enfant qui n’y pense jamais !
L’or de ta voix l’abuse, il en jouit en paix.
Favorable toujours, toujours sienne il te rêve ;
Ignorant que la brise a de traîtres retours,
Il espère ! Malheur à ceux dont les amours
S’embarquent sur la foi de tes grâces candides !
Pour moi, sur le tableau votif il est gravé
Qu’au temple du puissant dieu de la mer, sauvé,
____J’ai suspendu mes vêtements humides.