Le Prisme (Sully Prudhomme)/Sonnet à Mademoiselle Renée Labélonye


SONNET


a mademoiselle renée labélonye.


Quand il est si facile, à dix-sept ans, de plaire,
D’être heureuse, ô Renée ! en se laissant chérir,
Sans nul autre labeur que celui de fleurir,
Avec un doux baiser maternel pour salaire ;

Quand ton front par l’esprit ingénu qui l’éclaire
Même sans rien savoir pouvait nous conquérir.
Tu l’as, dans son Avril, voulu déjà mûrir,
Et je salue en toi ce courage exemplaire !

Ah ! qu’imitant ton zèle ardemment studieux,
Toutes tes sœurs de France aux futurs hyménées
Puissent offrir ainsi des âmes bien ornées !

Que plus profondément elles séduisent mieux.
Deux fois dignes d’amour, pour compagnes données
Au cœur par la pensée autant que par les yeux !