Le Printemps jeune et bénévole

Mercure de France (p. 25-26).

IX


Le printemps jeune et bénévole
Qui vêt le jardin de beauté
Élucide nos voix et nos paroles
Et les trempe dans sa limpidité.

La brise et tes lèvres des feuilles
Babillent, et lentement effeuillent
En nous les syllabes de leur clarté.

Mais le meilleur de nous se gare
Et fuit les mots matériels ;
Un simple et doux élan muet
Mieux que tout verbe amarre


Notre bonheur à son vrai ciel :
Celui de ton âme, à deux genoux,
Tout simplement, devant la mienne,
Et de mon âme, à deux genoux,
Très doucement, devant la tienne.