Le Printemps (Amable Tastu)

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Poésies complètesDidier et Cie (p. 116-117).

LE PRINTEMPS


Imitation des Stances de Clémence Isaure


 
Bela sazo, joëntat de l’aunada,
Tornar fazetz lo dolse joc d’amors,
Et per ondrar fiseles Trobadors
Avetz de flors la testa coronnada.

De la Vergès humils regina des angels,
Disen, cantan la pietat amorosa,
Quan dab sospirs amars engoisso dolorosa
Vie morir en la crots lo gran Prince dels cels.

Ciutat de mos anjols, o tan genta Tholosa,
Als fis aymans uffris senhal d’onor ;
Sios à jamas digna de son lausor,
Nobla coma totjorn, et totjorn poderosa !

Soen à tort l’ergulhos en el pensa
Qu’ondrad sera testeras del aymadors ;
Mès jo say ben que lo joën Trobadors
Oblidaran la fama de Clamensa.

Tal en los cams la rosa primavera
Floris gentils quan torna lo gay temps,
Mes del vent de la nueg brancejado rabenis,
Moric, et per totjorn s’esfassa de la terra.








Viens, charmante saison, jeunesse de l’année,
Viens animer encor le luth des Troubadours,
Des fleurs que tu fais naître accours environnée,
Elles seront le prix de nos chansons d’amours.

Voici venir le jour où la Reine des anges,
Seule, au pied de la croix, répandit tant de pleurs,
Qu’elle"entende aujourd’hui l’hymne de nos louanges
Redire aux saints autels ses sublimes douleurs.

Cité de mes aïeux, Toulouse tant chérie,
Sois à jamais l’orgueil, l’amour de tes enfants ;

Qu’ils trouvent dans les murs de leur belle patrie
Le sujet et le prix de leurs nobles accents !

Poètes orgueilleux, caressez l’espérance
De laisser après vous un renom immortel ;
Le mien s’éteindra vite ; et le nom de Clémence
Ne sera point connu du jeune Ménestrel.

La rose du matin le soir jonche la terre ;
Avec indifférence on la voit se flétrir ;
Et le vent de la nuit, de son aile légère,
Disperse dans les airs son dernier souvenir.