Le Premier Livre pastoral/Invocation propitiatoire à Calliope

Le Premier Livre pastoralLéon Vanier, libraire-éditeur (p. 33-35).

INVOCATION PROPITIATOIRE
À CALLIOPE

Des veilles, des travaux, un faible cœur s’étonne.
J.-B. Rousseau.

À la honte du monstre à Dodone accroché,
Sonnes-tu haut l’airain des trompes embouché’s.


Muse ! Reine du Pinde et princesse des Ris,
Si cette docte gent se complaît à mes clefs
Et qu’entendu pillard de tes sages pourpris,
J’emprisonne dans l’urne un beau miel assemblé :
Fasses que ceint du chêne aux mains mêmes d’Eglé,
Mon front harmonieux brille du double prix ;
Que mon plectre rapide à tes seules chevances
N’aille qu’actif au soin de toujours sonner mieux
Et que mon chant, surtout, mal modulé n’offense
L’Oréade au crin d’or, gardienne des hauts lieux !