Le Poème sans nomBibliothèque-Charpentier (p. 255).
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CCII


À présent que je t’ai passée à mon tarais
Et que j’ai dit sur toi ma cruelle pensée,
Tu ne dois plus nourrir cette idée insensée
Que, n’étant plus amants, nous demeurons amis.

Ne pouvant plus avoir sur rien le même avis,
Nous ne marcherons plus sur la même chaussée…
Espère : ta beauté n’est pas toute effacée ;
Bien des hommes encor par toi seront ravis.

Parmi ces compagnons d’un tout moderne Ulysse
Il s’en rencontrera pour chanter ton délice ;
Et ceux-là dans leurs vers à ton gré te loûront.

Faisant à ton oreille un plaisant tintamarre,
Mais, s’il voient, une nuit, se rembrunir ton front,
Ne leur dis pas, pensant à moi : « Rien, je compare ! »