Le Poème sans nomBibliothèque-Charpentier (p. 222).
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CLXXIX


Je t’en offrais souvent de ces rouges œillets…
Je n’en donnerai plus, désormais, à personne ;
Et, quand je les contemple, à présent, je frissonne
De tristesse, songeant au temps où j’en cueillais

Des douzaines pour toi qui t’en émerveillais,
Faisant l’enfant et sautillant comme pinsonne…
D’un juillet battant neuf la première heure sonne ;
Et je me ressouviens de quatre autres juillets.

Si pleins de nous et dont le cours fut si rapide !
Ah ! ce juillet nouveau, de ta présence vide,
Combien, déjà, subitement, je m’en sens las !

D’où sortent ces regrets ? D’où vient cette souffrance,
Devant ces œillets-ci, que je ne cueille pas ?…
T’aimé-je donc encor ? Te hais-je ? Incohérence !…