Le Poème sans nom/141
CXLI
Ainsi donc, sur ta vanité,
La plus noble, puisque posthume.
Je crée, à l’avance, une brume
Effrayante d’opacité.
J’enfouis ton identité
De façon que nul ne l’exhume ;
Et tu seras (quelle amertume !)
Comme n’ayant jamais été.
Nul ne pourra te reconnaître.
Alors qu’aura péri ton être.
Dans trente ans, peut-être demain.
Tu ne seras plus, sous ce dôme
Qui sert de ciel au genre humain.
Qu’un symbole vague, un fantôme…