Le Poème sans nomBibliothèque-Charpentier (p. 171).
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Des poètes ont dit : sait-on tout ce qui dort
Dans les choses ? Sait-on comment tout s’y réveille ?
L’éventail va me confirmer cette merveille.
Les poètes jamais peuvent-ils avoir tort ?

Tel petit fait, qu’en ma mémoire j’ai cru mort,
De cette chose en moire, à quelque fleur pareille,
S’échappe, en bourdonnant, soudain, comme une abeille…
Et de ce rien je me ressouviens sans effort.

Une foule de petits faits de cette espèce,
Que l’oubli recouvrait de sa poussière épaisse,
Ressuscitent au vent de l’éventail galant.

De tous ces petits faits, oui, l’éventail me parle.
Et, d’abord, il m’évoque un soir où, somnolant,
Tu m’as (oh ! par erreur !), ma chère, appelé Charle !