Le Poème sans nom/126
CXXVI
Dans ce jardin, sous ces berceaux charmants,
Près du parterre où triomphe la rose,
Sur ces gazons qu’attentif, il arrose,
Cet homme a vu bien des couples d’amants.
Il entendit leurs soupirs, leurs serments ;
Et sur l’amour, cette étrange névrose.
Ce journalier, soit en vers, soit en prose,
Eût pu glaner d’excellents documents.
Mais nous n’aurons de lui pas un volume.
« Je tiens, » dit-il, « le tuyau, non la plume :
C’est la bonne eau, non l’encre, que je sens.
Dame ! il y a partout des gens honnêtes…
Certains métiers, pourtant, sont salissants.
Moi, dans le mien, j’ai toujours les mains nettes. »