Le Poème sans nomBibliothèque-Charpentier (p. 75).
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LIII


Non, Marianne, non tu n’as pas spéculé !
Rien d’impur ne grouillait dans ta blanche cervelle,
Lorsque tu t’es offerte à moi, toute nouvelle,
Et quand je te cueillis comme une fleur de blé.

Par nul souci marchand ton esprit n’est troublé.
Ô fille sans détour de la bonne Cybèle,
Je te sens dans mes mains comme une colombelle,
Avec une chair chaste, un cœur immaculé.

Comme la fleur, comme l’oiseau, ta petite âme
Fleurit, vole au-dessus de toute boue infâme,
Et, même en y tombant, ne pourrait s’y tacher.

Marianne, tu ne savais rien de la vie
Ni des traits vénéneux que décoche l’Archer :
À moi tu t’es donnée ainsi qu’on se confie.